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Puis-je juger ma propre culture?

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Par   •  17 Février 2017  •  Dissertation  •  2 357 Mots (10 Pages)  •  2 559 Vues

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PUIS JE JUGER MA PROPRE CULTURE ?

ROMAIN MAYER TS3

Puis-je juger ma propre culture ? Quand, lors d’une rencontre internationale, je me présente comme français, européen, j’assume mon identité culturelle. Mais suis-je pour autant obligé d’être le porte- drapeau d’un modèle de vie, de valeurs et de comportements ? Est-ce à dire que je peux m’éloigner de mon éducation, remettre en question ma civilisation, douter de la société où j’ai grandi, de son histoire ? Moi en tant que personne singulière, suis-je autorisé à évaluer les normes dans lesquelles j’ai été socialisé, en ai-je le droit et suis-je compétent pour le faire, ou bien, mon point de vue est-il disqualifié car inévitablement faussé par mon appartenance au système qu’il s’agit de juger.

Juger, c’est donner son opinion, en ce sens, cela peut être un bon jugement ou un mauvais jugement. Or juger sa propre culture est quelque chose de difficile, en effet cela demande au même individu d'être à la fois dedans et dehors, c'est-à-dire d'être à la fois lui-même et un autre. Juger sa propre culture, c'est être capable d'acquérir une distance réflexive à l'égard de celle-ci, distance que l'on obtient très difficilement dans la mesure où c'est cette même culture qui nous a appris à réfléchir. Mais avant de savoir si l’on peut ou non juger sa propre culture, ne devons-nous pas nous interroger sur le fait d’avoir le droit, la légitimité ? Juger notre propre culture n’impose t’il pas déjà l’existence de plusieurs cultures ? Juger une culture à laquelle j’appartiens est compréhensible car on la connait bien, mais le fait justement d’y appartenir n’influence t-il pas mon jugement ? Dès lors, ne faudrait-il plus appartenir à cette culture pour la juger ? Existerait t’il un critère absolu universel pour juger une culture ?

Intéressons-nous d’abord à la légitimité et à la possibilité de juger notre culture.

Il faut premièrement définir la notion de culture.

Une culture peut être définie comme un faisceau de pratiques que partagent un ensemble d’individus. Mais comment décider si un ensemble de pratiques peut être considérée comme une culture ? Si l’on considère un peuple cannibale, il faudrait alors admettre des pratiques cannibales ce que notre culture ne peut se permettre. Mais réfléchir comme cela relève de l’ethnocentrisme dont nous parlerons plus tard. Il faut donc alors trouver un critère neutre pour qualifier cet ensemble de pratiques comme une culture. Nous pouvons aisément choisir la raison comme critère. En effet, tout être d’une société partage un ensemble de norme dictées par la raison. Cette dernière est non négociable : elle est sensible et non pas forcément explicite et comprise par tout individu. Alors une culture se qualifierait par un ensemble de normes prévalant aux pratiques ; des normes universelles. Un peuple cannibale ne peut donc pas, selon ce critère, posséder une culture. Il faut aussi relever un fait qui peut paraître axiomatique : vouloir juger sa propre culture demande la considération de plusieurs cultures. Il existe donc d’autres critères plus sélectifs qui permet de distinguer des cultures entre elles. Mais, même si on peut considérer que l’espèce humaine n’admet qu’une culture, nous considérerons ici qu’il existe une pluralité de culture.

Pour pouvoir juger n’importe quel fait ou geste, il faut tout d’abord connaître ce que l’on juge. En effet, juger c’est donner une valeur de jugement c’est à dire qualifier, ici une culture, de tel ou tel adjectif, donner son avis sur les traditions ou les pratiques d’une population. Mais alors comment connaître ces pratiques ? Il apparaît d’emblée que cette connaissance intervient sur la durée. En effet la connaissance dont on parle ici n’est pas seulement une connaissance superficielle que pourrait posséder n’importe qu’elle individu mais plutôt une compréhension. Savoir que la culture musulmane prohibe la consommation de porc ne permet pas de juger. En effet, un individu lambda pourrait facilement dévier vers les remarques racistes ou les moqueries car il faut comprendre les raisons de cette interdiction. L’interdiction vient, à l’origine, d’une protection pour la santé des consommateurs, le porc étant propice aux infections. Sachant cette réalité, on conviendra que l’on peut alors légitimement qualifier cette pratique (que ce soit positivement ou négativement) car on la connaît et on la comprend. Mais comment alors comprendre l’intégralité des pratiques d’une culture ? La documentation ne permettrait pas de comprendre l’implicite qu’implique tel ou tel pratique. Il faudrait alors appartenir à une culture pour pouvoir la comprendre et donc la juger. Appartenir à la culture, c’est alors être élevé selon ses valeurs, ses normes, être éduqué selon une certaine démarche et pouvoir reconnaître n’importe quel individu ayant les mêmes pratiques.

Puisque la légitimité présuppose la connaissance et donc l’appartenance, intéressons-nous aux avantages qu’apporte à notre discussion l’appartenance à une culture. Nous avons vu que nous sommes légitimes à juger notre culture. Il est évident que faire l’éloge de nos pratiques serait au minimum inutile et au maximum prétentieux. L’intérêt existerait alors dans la critique. L’appartenance à la culture suppose une cohabitation entre les individus, chacun partageant les mêmes valeurs. Nous comprenons donc les actions de notre famille ou même d’un étranger et vice versa. Alors nous pouvons ressentir les effets de nos actions directement sur nous-mêmes. Car depuis le début nous analysons nos actions sans tenir réellement compte de leur répercussions. De plus, nous avons vu plus haut qu’il est impossible de juger sans comprendre donc il n’est pas possible de juger les répercussions des actions d’une culture sans en faire partie. Prenons deux individus α et β appartenant à une même culture A. Soit Δa une action représentative de A. α impose cette action à β. Ce dernier n’apprécie pas l’action. Comprenant néanmoins celle ci, il va pouvoir la juger. Il va la qualifier de mauvaise, d’inutile ou autre. En prononçant ce jugement β va remettre en question Δa, et donc, parallèlement, il va juger la culture A. Outre l’intérêt de clarification, cette exemple permet de comprendre que, avant même de remettre en cause ou pas la capacité à juger sa culture, montre au moins la légitimité de cette question et son intérêt philosophique. En effet, quelle serait l’utilité de se poser cette question si nous étions d’emblée illégitimes à porter un jugement ?

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