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Phédon, Platon.

Commentaire de texte : Phédon, Platon.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Février 2017  •  Commentaire de texte  •  1 848 Mots (8 Pages)  •  3 206 Vues

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Explication de texte : PLATON, Phédon, 79 c-d

(Introduction)

        Nos cinq sens nous permettent de percevoir le monde qui nous entoure. Sans la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher et le goût, nous n'aurions de représentations mentales qu'imaginaires, à supposer même que cela soit possible. Nous sommes dans l'incapacité de décrire à quoi une vie sans sensation pourrait ressembler. Pourtant, Platon, dans son dialogue le Phédon (qui retrace les dernières heures de la vie de Socrate), ne semble pas embarrassé par ce problème. En effet, il consacre un long passage à la nature de l'âme et il la dit « errante » lorsqu'elle s'attache à connaître les choses par ses sens [NDR : je viens de présenter le thème du texte]. Pour lui, l'âme est pure tandis que le corps et ses sensations la conduisent à se corrompre. Autrement dit, le corps n'est pas ce qui permet à l'âme de se faire une idée du monde mais c'est ce qui la souille, alors qu'elle ne demande qu'à se recentrer sur ce qui lui ressemble [NDR : c'est maintenant la thèse qui a été indiquée]. Comment Platon peut-il soutenir une telle vision des choses, d'un corps perturbateur et d'une âme si étrangère à ce dernier ? C'est ce que nous allons à présent examiner [NDR : la problématique est sous la forme qu'un questionnement indirect]. Le passage qui nous intéresse se présente comme une discussion entre Socrate et un interlocuteur (Cébès). En suivant cet échange [NDR : enfin, j'annonce le plan], nous verrons d'abord comment le corps chez Platon est identifié à ce qui nous donne des sensations et, en cela, nous entraîne dans un flot de changements incessants qui provoquent en l'âme le vertige (ligne 1 à 8). Puis, il sera question de la nature de l'âme et de ce à quoi elle s'associe à la pensée (lignes 9 à 17) : "la proximité de ces êtres" étant ce qui fait "[qu']elle reste toujours semblablement même qu'elle-même" (lignes 14-15).

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        L'extrait du Phédon qui nous occupe s'ouvre par la réaffirmation d'une idée qui avait été précédemment établie dans le dialogue : à savoir que "toutes les fois que l'âme a recours au corps [...] elle est traînée dans la direction de ce qui jamais ne reste même que soi". (lignes 2 à 5). Platon estime que le corps est ce qui par essence est en perpétuel mouvement. Nous allons voir dans un premier temps ce qui le conduit à se former une telle conception.

        Ce qui est dit en premier lieu, c'est que l'âme se sert du corps comme d'un moyen pour "examiner quelque chose" (ligne 2). Cela signifie que l'âme est liée au corps et qu'elle peut en disposer pour chercher à comprendre d'autres éléments qu'elle-même. Platon envisage le corps comme quelque chose qui est réceptif à son environnement. C'est de lui que viennent les sensations. Les sens du corps sont frappés de l'extérieur et transmettent à l'âme la trace de ce qui les a impactés. L'âme se trouve confrontée alors à quelque chose de différent d'elle-même et c'est le corps qui l'y conduit.

        Par ailleurs, Platon nous dit que le corps entraîne l'âme "dans la direction de ce qui jamais ne reste même que soi" (ligne 5). Non seulement, l'âme est mise en contact avec quelque chose d'autre qu'elle-même, mais en plus ce quelque chose n'est jamais identique. Platon veut dire que ce qui se transmet par les sens est variable, instable, de la même façon que le corps se déplace, évolue, vieillit. Le corps est affecté par son milieu, par exemple, il se réchauffe s'il est exposé à la chaleur. Il est donc en mouvement ; en ce sens, il n'est jamais le même.

        Ainsi, l'âme est "en proie à l'errance" (ligne 6) parce que le corps l'expose à des réalités qui, comme lui, sont changeantes. En cela, elle est sujette "au trouble" (ligne 6) et se comporte comme si elle était dépossédée d'elle-même, à l'instar d'un homme en état d'ivresse qui perd la conscience de ses actes. L'âme perd son équilibre, sa stabilité, via le corps car elle est impactée à son contact par du différent qui, de plus, est changeant.

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        Dans cette première partie d'échange entre Socrate et son interlocuteur, Platon établit que le corps est par nature en contact avec ce qui se meut continuellement. Il ne serait pas en mesure de communiquer à l'âme des sensations si lui-même n'était pas sensible. Dans le second moment du texte, c'est de la nature de l'âme dont il est question et nous allons étudier la façon dont Platon la définit.

        Platon oppose la connaissance qui vient des sens avec la connaissance qui vient de l'âme, de l'intelligence. C'est ce qu'il établit dès le début de la troisième réplique lorsqu'il indique "quand, au contraire, c'est l'âme elle-même, et seulement par elle-même, qui conduit son examen". L'âme peut donc faire l'expérience des choses par le corps mais elle peut également d'elle-même les découvrir. Platon nous dit qu'elle s'élance "là-bas". Cette expression indique que l'âme rompt avec le monde auquel elle a accès par le corps. Elle dépasse donc ce lieu pour se transporter vers ce qui est à l'opposé du sensible, c'est-à-dire le lieu de l'intelligible.

         L'intelligible, c'est ce qui caractérise l'âme car elle est en elle-même un intellect. En effet, elle ne sent pas, elle pense. Elle ne se disperse pas au dehors d'elle-même. C'est pourquoi l'âme est associée à "ce qui est pur et qui est toujours, qui est immortel et toujours semblable à soi" (lignes 10-11), tandis que le corps est assimilé au changeant. L'âme ne se tourne pas d'elle même vers l'extérieur, quand elle cherche à connaître une chose, au contraire, c'est dans son intérieur qu'elle se réfugie. Autrement dit, ce sont ses propres contenus qui l'occupent et qui lui permettent d'appréhender ce qui est tout en restant identique à soi

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