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Peut-on se désintéresser de la politique ?

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Par   •  7 Février 2021  •  Dissertation  •  1 770 Mots (8 Pages)  •  701 Vues

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Dissertation : Peut-on se désintéresser de la politique ?

L’abstention est de plus en plus présente dans les démocraties légitimes à travers le monde actuellement. En France, lors des élections présidentielles de 2017, 22,23% des électeurs se sont abstenus au premier tour, et 25,44% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes lors du second. Cela pose donc un problème : les électeurs ont-ils réellement le pouvoir, c’est-à-dire l’autorité et la capacité, de s’abstenir de voter, de ne pas participer à la politique, qui est l’art d’organiser la cité selon des lois, dans le but d’accorder le un et le multiple. Cette absence d’intérêt, soit ce désintérêt, de la politique est de plus en plus grandissant et doit être réglé et adressé le plus rapidement possible car il rejette le principe du vote, base de la démocratie. On peut donc se demander si on peut se désintéresser de la politique ? Un désintérêt politique des individus peut-il menacer le bon fonctionnement du corps politique dans les démocraties modernes? En effet, dans les démocraties modernes, on remarque que ce désintérêt menace la légitimité du corps politique, qui représente de moins en moins l’entièreté du peuple. Mais ce désintérêt ne montrerait-t-il pas une perte de confiance envers les régimes et les dirigeants? Effectivement, on peut alors penser qu’il y a une contradiction : la base de la politique et de la démocratie sont l’intérêt et la participation pour qu’elles fonctionnent, mais le phénomène que l’on observe dans les dernières années est l’inverse.

Il est difficile de se désintéresser ou d’ignorer la politique sans qu’il n’y ait de conséquences pour la société civile. Rappelons que les humains sont des sujets moraux, comme les animaux, et de droits, ce que les animaux ne sont pas. Les humains d’une société civile et d’un corps politique sont donc soumis à des lois, car ils ont les facultés de les comprendre, et de décider s’ils veulent les respecter ou non.

Or, c’est la politique qui détermine les lois; s’y désintéresser ou l’ignorer laisserait donc la voie libre aux autres individus pour contrôler les libertés et droits de l’individu décidant de l’ignorer. L’individu ne peut alors pas empêcher le corps politique d’aller à l’encontre de ce que l’individu estime comme liberté essentielle, il est donc à la merci du corps politique. Selon Rousseau, cette situation - soit être soumis à la volonté d’un autre - est la pire chose qui puisse arriver.

Dans une démocratie, le souverain, celui qui décide des lois, est le peuple, et le peuple est aussi le sujet. Cela veut donc dire que pour que la politique et le corps politique fonctionnent, il faut que le peuple participe, or s’il y a un fort désintérêt de la politique, le peuple ne participe pas et le corps politique ne fonctionne pas.

Selon Rousseau, le contrat social est l’acte par lequel le peuple est un peuple. Le contrat social est donc ce qui fonde toute société légitime. Pour former une société politique, il faut articuler ensemble et unité. C’est tout le défi de la société politique. Pour ce faire, le contrat social est extrêmement important. La société repose sur l’association et le consentement de tous les individus. Or, un désintérêt de la politique désobéit à ce principe : tous les individus ne s’associent pas et ne consentent pas tous à avoir les mêmes lois régissant la société. Dans ce cas-ci, le contrat social ne peut donc servir la volonté générale, soit la volonté commune et individuelle, il est alors cassé, ce qui prouve d’ailleurs la faiblesse de ce contrat. Les individus tombent alors d’un État civil à un État de nature, un État où la société ne peut donc pas avancer. La faiblesse du contrat social de Rousseau amènerait donc à un désintérêt de la politique : l’avenir de la société politique est donc incertain, et le risque de retomber à l’État de nature est très haut. Or, selon Aristote, dans le livre I, de La Politique, l’Homme est destiné à exister dans le cadre d’une société régulée par des lois. Les lois sont décidées par le corps politique, mais un désintérêt de la politique signifierait qu’il n’y a plus de lois, car plus de corps politique, les hommes rejetteraient alors leurs destins. Donc, s’il y a un désintérêt général, l’Homme tombe dans un État de nature, où c’est la loi du plus fort qui domine la société. La société politique est donc, et doit, être l’inverse de l’état de nature de Rousseau, elle doit être régie par des lois fondée sur le principe de l’isonomie, c’est-à-dire que tous les individus sont égaux devant la loi : ils sont tous concernés. Les individus se désintéressant de la politique dans une démocratie sont donc concernés par des lois isonomiques, alors qu’ils n’y participent pas. Cela revient à ce qui a été dit auparavant : les individus sont soumis à la volonté d’autre, la pire chose pour Rousseau.

Un désintérêt général laisse donc à n’importe qui le pouvoir d’organiser la cité : cela mène à l’installation d’une monarchie, d’une oligarchie, d’une dictature ou du totalitarisme. Tous ces régimes sont, selon Aristote, des régimes déréglés et illégitimes : l’individu ou les individus au pouvoir cherchent leur propre bien au lieu du bien de la majorité, et, lors de protestations, ils utilisent donc fortement la force afin de faire respecter la loi en place. Dans un régime ou quelques individus cherchent leur bien sans chercher le bien de la majorité, cela mène à ce

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