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Peut-on réduire le langage à un simple outil ?

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Par   •  11 Août 2021  •  Cours  •  1 096 Mots (5 Pages)  •  341 Vues

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LE LANGAGE : PEUT-ON RÉDUIRE LE LANGAGE À UN SIMPLE OUTIL ?

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Les définitions les plus simples sont parfois les plus trompeuses. Telles celles qui définissent le

langage comme outil de communication, ou comme moyen d’expression. Ces définitions

semblent triviales ou anodines, elles sont chargées de présupposés. S’il est vrai que le langage

articulé est le vecteur privilégié des communications humaines, le définir comme outil de

communication conduit à des schématisations dangereuses.

1. Langage et communication

Il est naturel, dans un premier temps, d’intégrer le langage humain, – qu’on peut aussi appeler

langage articulé –, dans la catégorie générale des communications. Il y a communication dès

lors qu’un émetteur quelconque transmet une information ou un message à un récepteur. Le

message est transmis grâce à un support matériel (sons de la voix, gestes, livre, photographie,

cinéma) ; il est déchiffré par le récepteur à l’aide d’un code, le code étant l’ensemble des signes

et des règles que possèdent en commun les sujets qui communiquent. Nous admettrons donc

qu’il existe d’autres modes de communication que le langage articulé ; ainsi le code de la route,

les rites de politesses, les expressions corporelles… La plupart des animaux utilisent des

signaux visuels, sonores ou olfactifs pour communiquer entre eux.

2. Le schème techniciste de la communication

Ce schéma général – émetteur, récepteur, canal, code, message…– semble anodin. Pourtant,

que de présupposés ne contient-il pas ! Notons déjà son origine technicienne : il semble copié

sur la situation modèle d’une communication téléphonique. Un instrument code et décode des

signaux électriques ; des interlocuteurs ouvrent ou ferment la liaison à l’aide de phrases

convenues ; un message passe par le long des fils ; du « bruit » peut venir parasiter la

communication…

Il est paradoxal que ce soit une situation si artificielle et particulière qui serve à décrire une

situation si universelle et ancestrale. Pourquoi convient-il de s’en méfier ?

L’émetteur et le récepteur : le schéma oppose, de part et d’autre du canal, deux interlocuteurs,

conscients de leurs pensées, déjà prêts à communiquer, déjà propriétaires de choses à dire. Le

langage ne serait que la médiation entre ces subjectivités préexistantes. Or, si je peux me

considérer comme sujet autonome, ayant des choses à dire, avant telle ou telle communication

particulière, est-ce que je peux considérer l’homme lui-même comme sujet communicant avant

la communication langagière ? Un être humain peut-il être un individu en-dehors de la parole,

antérieurement aux actes sociaux de langage ? N’est-ce pas plutôt par l’appropriation du

langage que l’enfant apprend à devenir sujet à part entière, interlocuteur pensant et voulant ? Si

tel est le cas, il serait réducteur de faire du langage un simple outil de médiation ; le langage

serait plutôt le milieu de naissance de la subjectivité consciente.

Le système de codage : peut-on dire que l’émetteur code en parlant, et que le récepteur décode

en écoutant le message qui passe de l’un à l’autre ? Certes, l’appareil téléphonique est fait pour

coder et décoder des signaux acoustiques et des signaux électriques ; aussi imagine-t-on

facilement dans le dialogue humain, par analogie, une pensée codée ici et décodée là. Mais c’est

présupposer un message antérieur au langage, un texte original qui existerait en-dehors de

l’acte de parole et que la parole devrait coder, et l’écoute décoder. Or, y a-t-il une pensée avant

les mots ?

Parler, est-ce crypter ou décrypter des pensées sous-jacentes ? Que serait ce « texte » infralinguistique ? L’expérience que nous avons de la réflexion silencieuse est encore une

expérience linguistique : dans nos pensées intimes, nous nous parlons à nous-mêmes.

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