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Peut on dire "à chacun sa vérité ?"

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Par   •  14 Avril 2020  •  Dissertation  •  2 078 Mots (9 Pages)  •  2 801 Vues

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DISSERTATION

Peut-on dire : « à chacun sa vérité » ?

« Cet arbre est grand » dit l’un. « Non, cet arbre est petit. Il en existe de plus grands », dit l’autre. Ces deux personnes tiennent ici deux discours qui se veulent vrais, mais selon deux points de vue différents. Chacun pense avoir raison et détenir la vérité. Peut on alors dire : « à chacun sa vérité » ?

La question présuppose qu’on peut dire qu’il y a une vérité pour chacun ou bien encore que toute personne peut avoir une vérité propre, et donc singulière. Quand on dit la vérité, on essaye pourtant d’être objectif. La vérité s'oppose donc à la croyance et plus particulièrement à l'opinion, qui impliquent un engagement de l'individu lui-même, qui fait part de ses sentiments, de ses convictions, de ce qu'il perçoit, qui fait preuve de subjectivité. Si la vérité veut être objective, cela sous-entend une démarche logique et rationnelle, l'illusion et l'erreur deviennent des obstacles : l'illusion est cette erreur involontaire qui nous amène à vivre dans les apparences, et l'erreur ne retranscrit pas le réel. Il est important de noter que « chacun » a un sens ambigu, car il concerne tout être humain à l’intérieur d’un groupe, mais désigne également l'être humain individuel, la personne. De plus, l'adjectif possessif « sa » conforte bien cette idée de quelque chose de personnel, de propre à l'individu, qui lui appartient. Il est également utile de souligner la présence du « peut-on », qui nous invite ici à nous demander si nous avons la capacité ou même le droit de dire, c'est-à-dire de porter un jugement ou d'affirmer : « à chacun sa vérité ». Cette question de droit peut être mise en corrélation avec « chacun » : ces deux termes représentent un ensemble d’êtres humains, ce qui permet de dégager un caractère universel de la vérité, le même caractère que l'on retrouve dans la loi : discours s’adressant à tous. Cette particularité permet ainsi de souligner le lien entre le droit et la vérité, qui se doit de mettre tout le monde d'accord. Dans quelle mesure a-t-on le droit d’affirmer que tout être humain peut avoir sa propre vision de la réalité, et produire les jugements de son choix ? Dans quelle mesure la vérité peut-elle dépendre de l’individu qui la prononce ou qui la pense ?

Dans une première partie nous allons voir comment on peut parler d’une vérité propre, individuelle, qui appartient à un sujet ; avant de voir qu’il y a certaines règles de pensée à respecter si on veut produire une vérité valable pour le plus grand nombre. Enfin, il s’agira de voir que la recherche en commun d’une vérité non pas propre à chacun mais valable pour tous est un enjeu important pour la vie en commun des hommes.

Dans sa vie quotidienne, l'homme semble avoir besoin du concept de vérité, mais le grand nombre d'individus et leurs différences produit une multitude de vérités propres à chacun, selon les différents points de vue.

Les relativistes, pour qui « l'homme est la mesure de toute chose », détiennent tous la vérité. Pour eux, la vérité dépend de l'individu qui la prononce. La vérité est ainsi recherchée dans la personne en particulier. Ainsi dès qu’un individu prononcera un discours, quand il portera un jugement, il rendra compte de la réalité est par conséquent son jugement sera vrai. Mais de par sa position relativiste, il est capable de prononcer deux discours contradictoires mais également vrais. Ainsi lorsqu'un relativiste dira par exemple que le nuage dans le ciel est blanc mais également qu'il n'est pas blanc, il a une vérité qui lui est propre. Chaque personne pourra dire que le nuage dans le ciel est blanc ou pas. Comme les deux affirmations sont vraies, chacune des personnes détiendra la vérité, qu’elle choisisse la première ou la deuxième affirmation. Chaque individu aura fait un choix différent mais toujours vrai donc chacun a sa vérité.

Les individus, de par leur mode de vie, ou leurs habitudes, ont leur propre opinion. Ainsi, une personne à qui on dit depuis qu'elle est toute petite que les légumes sont bons pour la santé, croira toute sa vie que c'est vrai et ne voudra pas croire quelqu'un qui lui dira le contraire. Elle a donc sa propre vérité. De même pour une autre personne à qui on dit depuis toujours que les légumes ne sont pas bons pour la santé, pensera qu'on lui ment si une personne lui dit le contraire. On peut donc dire que chacune de ces deux personnes a une vérité qui lui est propre. Elle dépend ici de valeurs qu'on a inculquées à ces personnes. La croyance est une autre façon pour chacun d'avoir une vérité personnelle. Chaque individu a des valeurs qui lui sont propres, et qui tiennent lieu de vérité. Pour le bouddhiste, les enseignements de Bouddha contiendront une certaine forme de vérité ; tandis que pour un protestant, la vérité se trouve dans l’Evangile. On a ici l'exemple de deux personnes différentes qui possèdent toute deux une vérité propre.

L'être humain a donc la possibilité de détenir sa propre vérité, mais celle-ci ne peut exister si l'on ne respecte pas certaines règles. Peut-on penser une vérité propre à chaque individu ou ne doit-on pas tendre vers un caractère universel de la vérité ?

Pour tenir un discours vrai, la subjectivité semble devoir laisser place à l'objectivité. Le jugement subjectif est partiel, c'est un engagement du sujet qui met en jeu ses sentiments et ses convictions. Les relativistes, qui privilégient l'individu et le discours qu'il prononce, utilisent sans cesse le jugement subjectif pour persuader un auditoire : « je vous dis que c'est bon, que c'est agréable… voilà pourquoi vous devez le croire ». Cependant la vérité ne peut être révélée qu'avec un jugement objectif, au moyen de la raison et des règles logiques. Ainsi, même si le relativiste détient une part de vérité et permet à chacun d'affirmer sa vérité, tenir deux discours contradictoires également vrais est une contradiction logique qui ne peut laisser place à la vérité. Aristote nous le prouve avec le principe de non-contradiction qui dit « qu'il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport » (Métaphysique gamma).

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