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Méchant malheureux

Dissertation : Méchant malheureux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Mai 2021  •  Dissertation  •  1 520 Mots (7 Pages)  •  684 Vues

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En 1997 une affaire criminelle défraie la chronique : Les frères Jourdain sont jugés pour avoir violé et assassiné quatre lycéennes. Les avocats de ces deux criminels n’auront pas manqué de décrire les conditions lamentables de vie qui était celles des frères Jourdain dès leur enfance : une maison située aux abords d’une casse, un père qui aurait commis l’inceste. Certainement ces conditions malheureuses avaient influencé ces deux hommes et l’ont ne pouvait imputer à leur méchanceté ces crimes. Dans le même temps et dans la mouvance de ce procès on a vu des manifestations demandant le rétablissement de la peine de mort : des crimes aussi horribles ne pouvaient être expiés que par la mort des coupables. Et même si ceux-ci avaient eu une enfance désastreuse, un certain nombre de personnes du sens commun estimaient que de pareils meurtres avaient été commis librement, et donc cette méchanceté devait être puni par une peine proportionnée aux crimes commis. Ces positions contradictoires sur la manière de comprendre les crimes des frères Jourdain nous amènent à nous demander si dans ce genre d’affaire les coupables agissent parce qu’ils sont malheureux ou bien parce qu’ils ont posé un acte découlant d’une décision libre. En d’autres termes, nous nous demanderons plus précisément si l’on est méchant uniquement parce que l’on est malheureux.

Si l'on veut essayer de répondre avec justesse au problème qui vient d'être présenté, il est tout d'abord nécessaire de définir exactement ce qu'est la méchanceté. On dit d'une personne qu'elle est méchante lorsqu'elle fait du mal ou qu'elle veut en faire en toute connaissance de cause et librement. Cette personne a en effet la liberté de choisir entre faire le mal ou faire le bien, elle choisit de faire le mal. En un mot, une personne est méchante parce qu'elle a décidé de l'être en toute liberté.

Prenons un exemple : en octobre 1918, trois responsables du parti bolchevique demandent que des mesures soient prises pour limiter les “ excès de zèle d'une organisation (la Tcheka) truffée de criminels et de sadiques, d'éléments dégénérés du lumpenprolétariat ”. Ce qui était parfaitement justifié. Réponse du Comité Central du parti bolchevique en décembre 1918 sur proposition de Lénine : interdiction de publier des “ articles calomnieux sur les institutions, notamment sur la Tcheka, qui accomplit son travail dans des conditions particulièrement difficiles ”. Et Lénine d'affirmer “ un bon communiste est également un bon tchékiste ”. Lénine, au vu de sa place prépondérante, aurait pu avaliser la juste proposition de Boukharine, Olminski et Petrovski. Il a préféré choisir de soutenir les agissements criminels de la Tcheka en toute connaissance de cause.

On fera cependant remarquer que bien souvent la méchanceté de quelqu'un provient moins d'un acte posé librement que d'une action qui est l'expression de quelqu'un qui est dans le malheur. En effet, telle mère de famille dans la misère, n'écoutant que son instinct maternel, a été voler des biftecks dans un super marché pour nourrir ses enfants. Si elle avait eu de quoi acheter cette nourriture, elle ne l'aurait pas volée. Mais qu'entend on au juste, par malheur ? Le terme “ malheur ” a deux sens : il s'agit soit d'un. événement brusque qui affecte péniblement, cruellement quelqu'un, soit d'un état, d'une condition pénible, triste, qui s'étale sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Voici un exemple pour chacun de ces deux sens : on peut dire que les passagers du Titanic se sont brusquement trouvés plongés dans le malheur la nuit où le paquebot a sombré. A côté de cela, on peut dire que le peuple polonais ou le peuple russe ont vécu dans le malheur au moins durant l'occupation allemande lors de la dernière guerre. Ceci posé, il paraît difficile d'expliquer la méchanceté par le malheur, comme un nombre non négligeable de nos contemporains le font, pour les deux raisons suivantes que nous allons brièvement expliciter.

Tout d'abord, on remarque qu'une bonne part des gens qui vivent dans le malheur ou dans des circonstances difficiles, n'en deviennent pas pour autant méchants. Il serait injuste de dire que tous les membres de populations éprouvées par le malheur sont méchants. Cela reviendrait à affirmer que tous les gens qui appartiennent au tiers-monde et qui trop souvent meurent lentement de faim sont des gens méchants. Il en va de même pour les personnes qui sont momentanément éprouvées par des accidents ou des catastrophes. On peut même ajouter que les circonstances difficiles sont parfois les témoins d’exemples de dévouement, voire d’héroïsme qui ne se seraient pas produite dans la grisaille quotidienne.

Inversement si on considère que le malheur est un état particulier qui se distingue, à juste titre, d'états que l'on peut qualifier de normaux ou d'heureux, on observe qu'un certain nombre de gens qui vivent dans des conditions normales ou même qui ont tout pour être heureux, commettent souvent des actes de méchanceté quand ils ne sont pas franchement malhonnêtes, voire criminels.

Ainsi, affirmer qu'on est méchant uniquement parce que l'on est malheureux, c'est se tromper. Cependant, des circonstances difficiles ne jouent elles aucun rôle dans les actes de méchanceté ou dans les intentions de nuire ?

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