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Marius Victorinus / Candide

Commentaire de texte : Marius Victorinus / Candide. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Décembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 233 Mots (9 Pages)  •  301 Vues

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COMMENTAIRE DE TEXTE

Adèle Mousseau L2

MARIUS VICTORINUS

        Le concile de Nicée considère Dieu comme une entité au dessus de toutes choses, génératrice de tout ce qui est, et le Christ comme l’incarnation de celui-ci. Dieu existe alors sous une forme en dehors de l’humanité, de l’existence de la nature et de l’univers. Une grande querelle se forme entre le christianisme et un autre courant religieux, considéré comme une hérésie, nommé l’arianisme, qui considère alors le Christ comme une créature de Dieu, alors au même niveau d’existence que les autres créatures de Dieu, comme les Hommes, ou les animaux.  

        Dans cet extrait de A Candide, Marius Victorinus pose sa réflexion sur le statut alors problématique et contradictoire de notre interprétation de ce qu’est Dieu. En effet, nous pensons que Dieu est, qu’il est au dessus de tout, transcendant à l’univers et à tout ce qui est, et alors générateur de cet ensemble.

De manière plus approfondie, cet extrait ne semble seulement théologique, ne relève pas forcément d’une simple querelle religieuse. Le fait que Dieu soit engendrant de celui qu’on appelle le Christ ramène à une question qui est alors une des bases de la philosophie qui est celle de l’existence. Qu’est-ce que l’existence ? Qu’est-ce qui existe réellement ? Comment pouvons savoir ce qui existe réellement ? Quelle est la puissance fondatrice de cette mystérieuse existence ?

La thèse de Marius Victorinus est finalement celle du statut de Dieu comme celui d’une puissance. Dieu est la puissance de l’existence, l’existentialité de l’existence, et le premier étant, n’est pas lui-même : il n’est pas, il est en puissance. Le premier étant, alors l’étant universel est le Fils, Jésus Christ qui n’est pas, comme on pourrait le comprendre, son Fils à proprement parler, mais bien Dieu, en totalité. Alors que le Père est en puissance, le Fils est en acte, le premier étant, en existence.

        Le cheminement de la réflexion de Marius Victorinus dans cet extrait se déroule en trois mouvements. Le premier débute à partir de la première ligne «(...)Que pensons-nous de Dieu ? (...) » et se finit à la ligne 6 « (…) Il est au dessus de tout (...) ». Dans ce mouvement, Marius Victorinus évoque notre perception de Dieu qui est celle d’un étant, et non d’un non-étant, malgré le fait qu’il soit alors générateur de ces étants, supérieur et transcendant. Il nous faut, pour appréhender correctement cet extrait, définir certains termes : ici, pour l’auteur, l’étant est ce qui a l’expérience de l’existence, ce qui existe concrètement et qui a une place dans l’espace et dans le temps.

Le deuxième mouvement débute à la ligne 6 « (…) si donc Dieu n’est pas non-étant (…) » et se termine à la ligne 10 « (…) issu en sa totalité de la totalité de la puissance. (...) ». C’est dans ce mouvement que Marius Victorinus va évoquer Dieu comme puissance de l’étant, le premier étant totalement parfait.

Le troisième et dernier mouvement débute en plein milieu d’une phrase, à la ligne 10 « (…) il s’ensuit que Dieu est (….) »à la ligne 17 « (…) l’on en soi (….) ». Marius Victorinus conclut donc que Dieu est la puissance de l’étant, donc le pré-étant, et alors le Christ est le premier étant, l’étant universel.

        Premièrement, Marius Victorinus pose les bases de son raisonnement grâce à une question, qui va régir une bonne partie de l’extrait « Que pensons- nous que Dieu est ? ». La réponse à cette question peut paraître simple : nous pensons que Dieu est le créateur de toute chose, et l’avant toute chose, il est transcendant, et il n’y a rien avant lui, tout est après lui. Il est « au dessus de tous, des étants comme des non-étants », même les non-étants, donc ce qui n’est pas, qui n’a de place ni dans le temps ni dans l’espace. Il n’y a rien non plus avant lui, il est non seulement avant et au dessus de toute chose, mais aussi créateur de toute chose, de toute chose qui a une existence et qui n’en a pas.

        Mais l’auteur soulève alors un problème, un paradoxe dans notre façon de voir Dieu : « Pourtant nous croyons que Dieu est étant, et non pas non-étant ». En effet, lorsque nous parlons de l’entité qu’est Dieu, nous utilisons le verbe « être » : nous croyons que Dieu est. Par exemple, lorsque nous disons « Dieu est bon pour Israël » (Psaume 73:1), nous insinuons alors que Dieu est, nous le considérons alors comme étant et non pas comme non-étant. Or, Marius Victorinus explique ensuite que Dieu créé l’étant, il le produit par « génération ineffable ». Par génération ineffable, il faut entendre une formation qui n’est exprimable tant elle est puissante et abstraite. « Il produit l’existence, le Noûs  et la vie », en générant l’étant, il génère alors tout ce qui s’en suit c’est-à-dire l’existence, caractéristique de l’étant, le Noûs, ici un terme qui signifie intelligence, et la vie. Mais, il n’est pas ces choses, il ne peut être ces choses car il en est le générateur. Or, si une chose est générée, créée , c’est qu’elle n’a pas pu avoir d’existence avant, elle est la première existence. Alors, Dieu ne peut être étant, puis qu’il a produit l’étant. Il n’est pas les choses qu’il produit, alors il est autre : « non qu’il soit ces choses, au contraire, il est au dessus de tout. ».

        C’est de cette manière que l’auteur va alors porter sa réflexion : nous considérons que Dieu est, à la manière d’un étant, mais il est au dessus de toutes les étants, et créateurs de ceux-ci, alors quel est son statut? À quoi peut-on l’assimiler s’il n’est pas ?

        C’est à partir de ce mouvement du texte qu’est déduit la question de l’essence et de l’existence. Si Dieu n’est pas étant, alors qu’est-il ? Nous pouvons alors, par opposition à cette idée, dire qu’il est non-étant : s’il n’est pas étant, alors il doit être non-étant. Mais il ne peut pas être non- étant : nous savons Dieu, quoi qu’il soit, est là, il est au dessus de tout, il est. S’il n’est pas alors qu’est-ce qu’au dessus de nous ? Qui nous régit ? Qui nous génère ? Qui génère l’existence dont nous faisons entièrement partie ? Alors, Dieu n’est pas non-étant, mais n’est pas non plus étant. « Il est ce qui est au dessus du véritablement on » : qu’est-ce que le véritablement on ? Ce véritablement on, est un étant qui serait alors véritable, donc parfait. Puisque deux termes sont utilisés, « étant » et « véritable étant », il est insinué qu’il y a, entre les étants et Dieu, une autre entité, quel que soit son statut, qui a plus d’existence que les autres, ou alors une existence qui serait autre, plus pure, plus parfaite, alors intensément plus proche de Dieu, la première génération du Dieu.  Si Dieu est au dessus de tout, il est la puissance de l’étant et du véritable étant : « s’il est la puissance de l’on même ». C’est cette puissance qui engendre d’abord le véritable étant, puissance qui, comme Marius Victorinus l’a expliqué ci-dessus, ne provient pas d’un étant, si d’un non-étant, alors c’est Dieu qui est cette puissance, il n’est rien d’autre qu’une puissance. « to on issu en sa totalité de la totalité de la puissance » : to on exprime alors l’Etant, le premier, l’universel étant. L’Etant, celui généré en un « mouvement inexprimable » de la puissance qu’est Dieu, est entièrement celle-ci. L’Etant est Dieu, mais d’une manière existante. La totalité de l’entité de Dieu est en l’Etant, qui est lui-même entièrement Dieu. Dieu et l’Etant sont alors consubstanciel, ils sont tous deux la même entité, sans aucune altérité. Cette idée renvoie vers cette fameuse question qui est base de la métaphysique.

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