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La vérité blesse-t-elle ?.

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Par   •  29 Décembre 2018  •  Dissertation  •  3 346 Mots (14 Pages)  •  2 044 Vues

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DISSERTATION PHILOSOPHIQUE SUR LA VERITE

Sujet : La vérité blesse-t-elle ?

        La vérité, au cœur des débats depuis de nombreux siècles, est une aspiration commune à tous : cependant dès-lors qu’il s’agit de définir cette notion complexe apparaît bon nombre de difficultés et d’apories. Le sujet qui nous est proposé est la suivant : la vérité blesse-t-elle ? Tandis que la réalité est par définition indépendante de l’homme, la vérité est toujours de l’ordre du discours ou encore de la représentation (La philosophie de A à Z, page 461). La vérité étant une notion de l’esprit et non du concret, le verbe « blesser » sera de manière logique entendu en son sens moral, c’est-à-dire porter un coup pénible à quelqu’un, le toucher dans son orgueil et blesser son amour-propre en l’affectant douloureusement et profondément. D’un côté, il est nécessaire de se questionner sur le caractère blessant de la vérité, qui peut provoquer la douleur et faire mal à autrui. Cependant, de l’autre, elle peut être considérée avec du recul comme nécessaire et libératrice pour l’être humain. La vérité offense-t-elle, crée-t-elle des tensions, est-elle néfaste, ou au contraire n’est-elle pas plutôt la meilleure des guérisons en nous permettant d’avancer et de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons ? Dans un premier temps, nous évoquerons la thèse la plus logique qui se veut d’une vérité offensante et vexante. Ensuite, nous prendrons du recul sur la notion en abordant les bienfaits de la vérité et son pouvoir libérateur. Nous finirons par expliquer dans une troisième partie le rapport entre l’homme et la vérité ainsi que sa nécessité pour appréhender notre monde.

        La vérité peut blesser et affecter directement ou indirectement, autant lorsqu’on la recherche de manière active que lorsqu’on y est soumis de manière passive.

        Premièrement, la vérité nous fait prendre conscience de nous-même et cela peut parfois être difficile à affronter. En effet, elle vient bouleverser notre conception souvent biaisée du monde réel et l’accepter est une étape complexe pour l’être humain, d’autant plus que la blessure qu’elle occasionne à cet égard peut être considérable. Ainsi, la vérité peut mener à la révolte de certains, blessés d’avoir été remis en question par cette dernière. Prenons pour exemple le célèbre dialogue socratique de Platon en 399 avant J-C : l’Apologie de Socrate. Dans son discours, Socrate justifie sa manière d’éduquer et d’aborder les discussions avec les autres. Ce dernier explique que, tel un taon sur un cheval « appesanti », il essaye d’interpeller les citoyens dans leur conscience, afin d’éveiller chez eux la réflexion (sur leur conception de la vérité et leur savoir) ; eux qui, hélas, sont dogmatiques dans leur manière de concevoir le monde et, endormis sur leurs acquis, pensent détenir la vérité. Ainsi, Socrate a donc été conduit plus d’une fois à mettre à mal la réputation d’hommes d’esprits fameux, et a en cela blessé leur amour-propre. Ces personnes sont ensuite venues, vexés d’avoir été mis face à leurs incohérences et leur ignorance, reprocher à Socrate de corrompre la jeunesse. Il métaphorise cela avec la « tape » que recevrait un taon sur un cheval. Ainsi, si ces personnes se sont retournées contre Socrate jusqu’à le condamner à mort, c’est bien qu’elles ont été blessées par ses discours plus cohérents les uns que les autres et, comme il tend à l’affirmer lui-même lorsqu’il parle de son démon, remplis de vérités. Le philosophe les a donc touchés au plus profond d’eux-mêmes, ce qui a provoqué leur haine et ainsi sa condamnation à mort. Il est donc clair que vivre bercé par l’illusion est bien plus agréable : ce n’est donc pas toujours simple d’accepter ses défauts et ses faiblesses : la vérité oblige de se remettre en cause et cet aspect peut être blessant pour notre ego en mettant à mal notre fierté.

        Ensuite, la vérité peut aussi blesser lorsqu’on la recherche (ou qu’on l’a recherché) et qu’on la découvre, car elle peut souvent différer de l’illusion que l’on s’était faite d’elle avant d’y parvenir. En effet, dès lors qu’un être humain se place à la poursuite de la vérité, il s’en fait tout de suite une idée subjective qu’il espère valider. Effectivement, le philosophe et théologien français Nicolas MALEBRANCHE reprend cette idée dans son ouvrage de métaphysique cartésienne De la Recherche de la Vérité paru en 1674 où il écrit que : « Ce ne sont pas nos sens qui nous trompent, mais c'est notre volonté qui nous trompe par des jugements précipités ». Selon lui, c’est notre volonté d’avoir raison qui nous plonge dans l’illusion, ce qui peut ensuite provoquer une grande déception et une blessure tout aussi désagréable. Dès lors, la subjectivité, loin de se confondre avec la vérité, ne semble finalement qu’une illusion ou une erreur pour celui qui recherche le vrai. Ainsi, selon cette idée, quiconque considère ses croyances comme la vérité est dans l’illusion, et celle-ci peut être individuelle comme collective, notamment pour les croyances sociales officielles. Effectivement, beaucoup confondent croyances et vérité scientifique, résultant d’un raisonnement logique s’appuyant sur des preuves et des déductions, encadrées par les trois principes fondamentaux de l’Organon dictés par ARISTOTE.  En effet, Galilée fût condamné à mort après avoir a remis en question les croyances de la religion catholique, et a en cela ulcéré ses condamnateurs avec une vérité scientifique, apres que ceux-ci se soient fait une idée faussée de l’astronomie et qui, bercés par leur illusion qu’ils croyaient vraie, furent blessés d’être réveillés par une vérité qui mit a mal leur conception. Cette idée rejoint d’ailleurs notre précédent paragraphe, mais sous un autre angle, car on ne parle plus ici de prendre conscience de soi-même, mais de l’illusion faussée d’une réalité que l’on ce serait faite, qui serait ainsi brisée par la vérité.

        Enfin, la vérité peut aussi nous blesser indirectement car la volonté d’acquérir cette dernière est une étape complexe pour l’Homme et l’échec de ce dernier peut parfois lui faire très mal. C’est pourquoi le fait la recherche de la vérité peut parfois déboucher sur une aporie, et donc ne pas réussir à accéder à la vérité peut aussi nous blesser. Utilisons une histoire à priori véridique et concrète pour exemplifier cette idée. Le paradoxe du menteur, ou paradoxe d’Epiménide, énonce la phrase suivante : « un homme disait qu’il était en train de mentir : ce que l’homme disait est-il vrai ou faux ? » Cet énoncé est à la fois vrai et faux, donc contradictoire, ce qui est absolument intolérable en logique pure. Désespéré de ne pas trouver la solution à ce paradoxe, un célèbre poète du IIIème siècle av. JC nommé Philétas finit par mourir d’insomnie, obsédé et absorbé par cette énigme. Il écrivit : « Je suis Philétas de Cos / C’est le [paradoxe du] Menteur qui m'a fait mourir / Et les mauvaises nuits qu’il m'a causé. » (Source : George Stock, Stoïcism page 36, 1906, qui a traduit l’épitaphe du poète). Il fût tellement blessé par l’idée de ne pas atteindre la vérité et anxieux de voir sa blessure accroître qu’il fût profondément troublé au point de ne plus pouvoir dormir, ce qui causera sa mort. Ainsi, la vérité, lorsqu’elle n’est pas atteinte, peut toucher douloureusement l’être qui la recherche obstinément.

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