La morale est-elle universelle ?
Dissertation : La morale est-elle universelle ?. Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar azfazfaf • 17 Janvier 2023 • Dissertation • 1 122 Mots (5 Pages) • 275 Vues
La morale, découlant du latin “mores”, renvoie à l’idée de mœurs, à l’idée d’une manière habituelle de se comporter en fonction de critères que l'homme a défini comme bien ou mal. En ce sens, la morale prescrit des devoirs et des interdits à l’être humain.
Cependant, malgré cet ensemble de règles de conduite, cette voie, nous agissons tous d’une manière différente, puisque nous sommes guidés par nos propres convictions, nos propres raisons jusqu'à un certain point.
Ainsi, si ces motifs dépendent de l'individu ou de la culture, existe-t-il une morale pouvant être universelle ?
Pour savoir si, en d’autres termes, il y a une morale qui vaut en tout temps et en tout lieu, nous ferons la distinction entre nature et culture en nous penchant, tout d’abord, avec l’aide du texte de Malebranche, La recherche de la vérité, sur l’universalité de la raison naturelle qui potentiellement conduirait l’homme à un devoir moral commun à tous, ainsi que sur sa définition. Puis, nous aborderons la raison particulière du passionné, de celui qui a ses raisons et traiterons de la possibilité de l'homme de choisir sa propre morale. Ce n'est qu'une fois ces aspects éclaircis que nous examinerons les limites qui se posent en admettant une morale universelle.
En sachant que la raison réside en tout homme et nous distingue de l’animal de par la capacité de réflexion qu’elle nous donne, comme l’explique Isocrate dans Sur l’échange, avançant que, grâce au logos, qui représente l’exercice de cette même raison, l’homme s’est “affranchi de la vie sauvage”, a délaissé les simples sensations et perceptions primaires pour la délibération, il convient de rappeler que la morale résulte de la raison.
C’est une loi naturelle, applicable à l’ensemble de l’humanité. Il est alors légitime de définir cette notion ; qu'est-ce que la morale ? Si pour certains elle se caractérise par le respect de nombreux principes à différentes échelles, peut-être pourrait-on préférablement qualifier la morale comme des décisions prises presque instinctivement en excluant toute intervention extérieure qui ont un haut degré d'importance et qui lierait toute âme humaine. A ce titre, l'homme se verrait attribuer un devoir universel, une évidence morale, illustré par Malebranche quand il dit “qu’il faut préférer son ami à son chien”, une phrase résumant parfaitement le comportement que l’homme doit adapter, autrement dit, ici, par exemple, sauver un humain plutôt qu’un chien en cas de choix. Ce devoir triompherait même, sur certains points, comme privilégier la vie humaine avant tout, et pour Malebranche, de la barrière qu’est la culture, de par, encore une fois, son omniprésence dans tous les esprits. Il prend un autre exemple, celui du Chinois, en affirmant être assuré que même si sa culture est diamétralement opposé à la sienne, les mêmes vérités sont présentes dans son esprit : “Si la raison que je consulte n’était pas la même qui répond aux Chinois, il est évident que je ne pourrais pas être aussi assuré que je le suis, que les Chinois voient les mêmes vérités que je vois”.
Nous avons ainsi supposé que la morale découlait de la raison et qu'elle serait un ordre donné à tout homme, en reprenant Malebranche. Étudions désormais les limites de cette supposition en abordant la possibilité d'une désobéissance à la morale.
Néanmoins, une grande part de ces pseudo absolus reste tout de même relative et il est nécessaire de nuancer son affirmation. En effet, ces conventions évoquées plus tôt sont diverses selon les régions, aussi elles peuvent, comme l’exprime Lévi-Strauss dans Race et Histoire, être totalements hors de nos normes et donc rejetées, puisque considérées comme “barbares” : “on préfère rejeter (...) tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit”. C’est ici l’éducation, la culture, et donc le “personnel”, le “particulier” qui entre en jeu. Pourtant, ces traditions existent bien. Et dans certains cas, ce qu'on appelle raison universelle peut être en désaccord avec la raison personnelle ou les mœurs culturelles. Si quand “l’ami” est préféré “au chien”, affirmation normale pour nous, Européens, écouter sa passion revient à accomplir son devoir; quand un homme en mange un autre, action cette fois nous semblant inhumaine, ou quand un autre “préfère la vie de son cheval à celle de son cocher” d’après une nouvelle fois les mots de Malebranche, ce dernier écoute “ses raisons”, sa passion, ses sentiments et ainsi ne fait pas comme “tous” devraient faire, privilégiant ce qui lui a été inculqué ou ce qu’il estime à la “souveraine raison”.
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