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La conscience de soi fonde-t-elle la responsabilité?

Dissertation : La conscience de soi fonde-t-elle la responsabilité?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mai 2017  •  Dissertation  •  6 586 Mots (27 Pages)  •  1 367 Vues

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La conscience de soi fonde-t-elle la responsabilité ?

Dans ce sujet on a deux solutions, l’une qui est de commencer par une analyse de la conscience de soi ou de commencer par celle de la responsabilité. Le terme de responsabilité renvoie tout d’abord à celui de réponse : être responsable c’est avoir la faculté de répondre et donc a minima de parler. Cette simple considération suffit à tenir pour irresponsable les choses inanimées, les animaux, les enfants, au sens étymologique du terme, l’enfant est le non parlant (in-fans = non-parlant) et les individus comme les fous incapable de tenir un discours cohérent et donc de parler au sens strict du terme, s’il est vrai que logos en grec signifiait à la fois la parole et la raison c’est-à-dire la faculté de comprendre ce que l’on dit. Ce premier constat n’est pas sans intérêt puisqu’il conduit d’emblée à rallier causalité et responsabilité. Plutarque raconte dans La Vie de Periclès, que Periclès et Protagoras le sophiste ont passé une journée entière à discuter sur le point de savoir qui était responsable de la mort d’Epitime de Pharsale, le javelot qui l’avait transpercé, le lanceur qui participait au pentathlon, ou bien les commissaires organisateurs du pentathlon. Si l’anecdote est vraie, elle suffit à attester la différence entre être la cause et être responsable ne vas pas nécessairement de soi. Indéniablement, le javelot est la cause de cette mort mais c’est seulement pour le médecin qu’il en est le responsable. Pour le juge, le responsable sera certainement le lanceur et au delà, pour l’autorité politique il s’agira des commissaires. En vertu de ce qui a été dit plus haut, nous pouvons d’emblée écarter le point de vue du médecin et considérer que son emploi du mot « responsabilité » est purement métaphorique puisque le javelot ne sait pas parler. L’action humaine ne saurait donc être interprétée comme un simple événement naturel, ni la responsabilité réduite à la simple causalité.

Si réponse il y’a, c’est qu’il y’a eu tout d’abord question. Etre responsable est donc la capacité de répondre à une question qui nous a été préalablement adressé. Toutefois, il ne saurait s’agir ici d’une question de n’importe quel ordre. Qu’on me demande la date de la bataille de Marignan ne me rend pas responsable de quoi que ce soit. Ça n’est pas la question entant que telle qui créée la responsabilité. La question qui me rend responsable ne réclame pas une simple explication mais quelque chose comme une justification. Répondre, dans ce contexte, c’est ce justifier cad à la fois rendre compte à celui qui questionne et rendre des comptes. La question (celle qui rend responsable) doit être posée par quelqu’un qui en a l’autorité ou le droit, qu’il s’agisse d’un supérieur hiérarchique ou du juge devant lequel on parait dans le cadre d’une mise en examen. Responsabilité ne veut donc pas seulement dire faculté mais aussi devoir de répondre. être responsable c’est être tenu de répondre ce qui présuppose d’en avoir la faculté. On ne peut pas exiger de quelqu’un qu’il répondre s’il ne le peut pas. On peut pouvoir répondre sans en avoir le devoir mais l’inverse n’est pas vrai. Le français exprime cela grâce à la double construction du verbe répondre : répondre à quelqu’un, de quelque chose (dans ce contexte).

De quoi répond-on ? La réponse demandée porte sur les faits et gestes de celui qui est interrogé. Pourquoi à t-il fait ceci et non pas cela ? Il doit être capable de s’expliquer, mieux que Meursault dans L’Étranger de Camus « j’ai dit rapidement en mêlant un peu les mots et en me rendant compte de mon ridicule, que c’était à cause du soleil ».

Cependant il parait clair que la faculté de s’expliquer devant autrui présuppose celle de s’expliquer tout court ce que l’on a fait. C’est à dire que ça présuppose la faculté de se l’expliquer à soi même. Autrement dit, rendre compte à quelqu’un de la façon dont on a agit présuppose de se rendre compte ce que l’on fait. On franchit par la même un second niveau, un enfant peut très bien savoir parfaitement parler sans avoir encore la faculté de se rendre compte de tout ce qu’il fait. Il est donc impossible d’être responsable au for (forum : place publique ou l’on parle cad tribunal) extérieur si on ne l’est pas d’abord au for intérieur. Sans tribunal intérieur pas de tribunal extérieur possible, pas de faculté de rendre des comptes à qui que ce soit.

Il faut donc admettre que la notion de responsabilité introduit dans le sujet une dualité qui en fait à la fois le juge et l’accusé ou du moins le prévenu. C’est à moi même que je suis tenu de rendre des comptes avant de le devoir à quelque autorité que ce soit. Or, cette idée ne va pas du tout de soi, si comme on l’a dit plus haut seul celui qui a en l’autorité est en droit de demander des comptes à quelqu’un, comment le même individu pourrait-il être son propre obligé ? Rousseau « nul n’est tenu aux engagements avec lui même ». Problème redoutable auquel il serait prématuré de prétendre répondre à ce moment de la réflexion, en revanche, la jonction peut maintenant s’opérer entre la notion de responsabilité et celle de conscience de soi car celle ci est précisément un rapport à soi qui introduit dans le sujet la dualité du « je » et du « moi ». Je vois et j’ai conscience que je vois ou j’ai conscience de moi voyant, j’agis et j’ai conscience de moi même agissant. La perception sensible et l’acte me renvoyant à moi même par une réflexion de la conscience et attestant que cette perception et ce acte ne sont rien d’autre que des modes de ma propre substance, des manières d’être de moi même. Bref, mon acte c’est moi même non certes comme mon essence mais comme quelque chose de moi même que je ne saurais renier sans me nier moi même.

Reste qu’il ne suffit pas de se reconnaitre soi même dans sa façon d’agir pour s’en justifier et se faire le devoir d’en répondre vis à vis de soi même. Avoir conscience d’agir c’est certes se rendre compte que l’on agit mais en un sens seulement, au sens ou l’on sait comment et pourquoi on agit mais on au sens ou par la même on s’en justifierait vis à vis de soi même. Ce qui fait problème est donc bien le passage de la conscience de soi à la responsabilité morale, laquelle fonde la responsabilité juridique., civile ou pénale. Les données de ce problème sont claires, pour rendre la responsabilité morale pensable à partir de la conscience de soi, il faudrait qu’entre le « je » et le « moi » il puisse y avoir non seulement dualité mais hiérarchie.

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