LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Faut-il lutter contre la dette ?

Lettre type : Faut-il lutter contre la dette ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2020  •  Lettre type  •  1 538 Mots (7 Pages)  •  596 Vues

Page 1 sur 7

Faut-il lutter contre la dette ?

        “Le plus gros avantage de la richesse, c'est qu'elle permet de faire des dettes.”  selon Oscar Wilde. Ainsi, un Etat qui se porte bien est un Etat avec un fort endettement. De  plus, comme l'a démontré Graeber, le concept de dette est à l'aune de différents faits sociaux comme le troc, le mariage, l'esclavage, la loi, la religion, la guerre et surtout l'Etat.

        La dette publique désigne de ce fait le passif de l'ensemble des administrations publiques au sens des comptes nationaux : les administrations publiques centrales, les administrations publiques locales et les administrations de sécurité sociale.

        Au cours de son histoire, l'État français a souvent eu recours à la dette pour faire face à des dépenses fortes, comme les guerres. La dette a fluctué, passant par exemple par une valeur presque nulle (par rapport au PIB) en 1540 ou en 1820, et atteignant jusqu’à environ 290 % du PIB en 1944. Après les périodes de forte augmentation, la part de la dette dans le PIB a été rapidement réduite, principalement en raison d’une forte hausse de l’inflation,  et d’une croissance forte du PIB.

        Mais, Depuis 1980, la France a connu diverses périodes de creux économiques, dont une période de crise économique sévère, en 1993, avec une récession économique, qui s’est logiquement accompagnée d’une forte hausse de la dette. La crise de la dette ayant débuté en 2008 dans la zone euro suscite de vives inquiétudes. Devant les attaques spéculatives subies notamment par la Grèce contre se dette, la conduisant à faire face à des taux d'intérêt exorbitants, la plupart des pays européens se sont engagés dans une stratégie de réduction de leur dette publique afin de se mettre à l'abri d'une telle crise de la dette.

        On peut alors tout bonnement se demander si un telle stratégie est adaptée en temps de crise et s'il faut chercher à tout prix à réduire la dette. Pour Gavid Graeber, la réponse est simple :  « La façon la plus simple de désobéir à la finance, c’est de refuser de payer les dettes ».  On retrouve ici,  l’éternel affrontement entre libéraux et keynésiens. Les libéraux prônant l’équilibre budgétaire et un état minimal dont notamment Hayek qui critique l'intervention de l'Etat.  Du côté des keynésiens, on voit l’endettement public comme un passage obligé pour renouer avec la croissance et lutter contre les crises.

        Ainsi, si la dette peut porter le développement, elle risque aussi de devenir un obstacle majeur au développement. Elle doit donc répondre à certaines exigences.

I / L'endettement est une opportunité pour le développement même si une dette excessive finit par ralentir la croissance. 

A) La dette constitue un moteur de croissance non négligeable 

  • Pour Keynes, une hausse de la quantité de monnaie peut avoir un effet direct sur l’économie et le volume de production. En effet, si les agents économiques ont plus d’argent en leur possession, ils vont le dépenser ou l’investir, ce qui entraînera une hausse de la production (c’est-à-dire du PIB) et une baisse du chômage. Cela est notamment vrai en cas de crise économique et de sous-emploi des facteurs de production (chômage, usines fermées…). Dans ce cas, comme une partie de l’appareil productif est inemployé, une stimulation de la demande venant de l’augmentation de la quantité de monnaie peut plus efficacement dynamiser l’activité économique.

  • Dette multiplicateur d'investissement (Kalecki) : les entreprises et l'Etat utilisent la dette pour réaliser des investissements. De plus selon Kalecki, « les capitalistes gagnent ce qu'ils dépensent », C'est pourquoi, la dette (à court terme est un réel moteur de l'économie car elle permet particulièrement aux entreprises de réaliser des profits (recherche de rentabilité).

La dette est le commencement de toutes les périodes de croissance.

-        L'endettement peut porter la croissance en raison de l'effet de levier de l'endettement (Wicksell) : Une entreprise utilise l'endettement pour augmenter sa capacité d'investissement. Les bénéfices obtenus grâce à l'endettement deviennent ainsi plus importants que la valeur de l'endettement. Cette technique concerne également l'effet sur la rentabilité des capitaux propres investis

  • Loi de Wagner : « Plus la société se civilise, plus l'État est dispendieux. ». Il explique ainsi que la part des dépenses publiques dans le  PIB augmente avec le niveau de vie. L’augmentation des dépenses publiques s’explique par le fait que plus l’économie se développe, plus l’État doit investir en infrastructures publiques. De plus, plus le niveau de vie de la population augmente, plus celle-ci accroît sa consommation de biens dits supérieurs, comme les loisirs, la culture, l’éducation, la santé…  Ces investissements source de croissance future et de bien-être de la population sont réalisables grâce à la dette.

B) Mais la dette n'est pas toujours au service du développement 

  • Volume de la dette trop importante : La dette du gouvernement ne cesse d'augmenter (2ème plus grande dépense) et cette hausse peut avoir plusieurs conséquences négatives → impossibilité d'effectuer les versements du service de la dette (défaut de paiement de l'Etat) dus aux créanciers l'État doit alors redouter d'être privé d'accéder au financement nécessaire à la poursuite des dépenses publiques, ou de devoir payer des taux d'intérêts élevés, si les créanciers craignent de ne pas être remboursés comme prévu. On parle alors d'effet boule de neige de la dette.

  • Théorie quantitative de la monnaie (Friedman) : d'après cette théorie c'est l'augmentation de la masse monétaire qui est la cause unique de la hausse des prix : « L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu'elle est et qu'elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production. Ainsi, le fait de s'endetter reflète bien cette situation, et entraîne une spirale inflationniste.
  • Certains pays se retrouvent avec une dette insoutenable : les recettes fiscales ne servent qu'au remboursement des intérêts de la dette. Une restructuration est nécessaire pour que tout endettement futur puisse financer des projets favorisant le développement.

II / D'où la nécessité de conditions pour orienter la dette vers le développement 

A) Lutter contre la dette n'est pas une bonne solution 

  • Une lutte contre la dette contre-productive : si le niveau d'endettement est relativement élevé en France aujourd'hui, on peut se demander si le moment est bien choisi pour réduire la dette publique. En effet, mener dans un contexte de crise une politique d'austérité peut conduire à un cercle vicieux. Une politique restrictive va déprimer la croissance et ainsi empêcher la reprise ce qui va conduire à une dégradation du solde budgétaire ce qui va accroître les primes de risque souverain et ainsi les taux d'intérêt et donc la charge de la dette dans le budget.

  •  Un Etat, comme une entreprise ou un ménage, peut s’endetter et rembourser ses dettes tant qu’il trouve des agents économiques disposés à lui accorder de nouveaux prêts. Un Etat peut continuer à s’endetter bien plus longtemps et pour des montants bien plus importants qu’un ménage ou une entreprise car il dispose d’un pouvoir exceptionnel de nature à rassurer ses créanciers, qui est un attribut essentiel de la souveraineté, celui de lever les impôts et d’en augmenter le taux.
  • Mais ce pouvoir d’augmenter et de lever l’impôt n’est cependant pas sans limite (laffer)

[pic 1]

  •  Comme l’a fait observer A. Laffer, un impôt au taux de 100 % ne rapporte rien, la matière imposable disparaissant, et il existe donc un niveau d’imposition au-delà duquel une hausse des taux entraîne une baisse des recettes publiques. Donc le fait de lutter contre la dette en augmentant d'une manière trop importante les impôts se révèle inefficace et contre-productif.

  • Selon Krugman, l'économie mondiale est dans une situation de trappe à liquidité. Et lorsqu'une économie est dans cette situation, la théorie économique classique ne s'applique pas de la même façon qu'en situation de boom économique : le déficit budgétaire ne fait pas augmenter les taux d'intérêt, imprimer de la monnaie n'est pas inflationniste et couper les dépenses publiques a un impact destructeur sur l'emploi et la croissance.

B)  Une dette utile et stratégique servant au développement 

  • Une dette structurelle : l’État n'est pas un agent privé et sa logique s'inscrit dans une perspective de long terme. Il n'est donc pas anormal qu’il s'endette de façon structurelle pour financer des investissements en capital physique, en capital humain, ou technologique. L'important est que la dette soit « soutenable ». Ce sont des investissements porteurs de croissance

→ En revanche, si l'endettement sert à financer les dépenses de fonctionnement de l'Etat, un fort endettement est plus problématique et traduit un manque de recettes pour financer le financement de l'action de la puissance publique.

...

Télécharger au format  txt (9.6 Kb)   pdf (102.3 Kb)   docx (591.8 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com