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Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?

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Par   •  28 Octobre 2018  •  Dissertation  •  2 338 Mots (10 Pages)  •  949 Vues

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L’on s’accorde pour dire que désirer, c’est aspirer consciemment à quelque chose dont la possession ou la réalisation comble un besoin de l'âme, de l'esprit ou du corps. En effet, le désir c’est l’action de désirer, la tendance spontanée et consciente chez l’Homme vers une fin avec une représentation de cette fin et il y a dans le mot « nécessaire » une notion d’obligation, de fatalité. Ainsi, le sujet « Désirer, est-ce nécessairement souffrir ? » semble nous amener à nous demander si le fait de désirer nous conduit fatalement à la souffrance. Cette question nous invite, de prime abord, à penser que oui, le désir et la souffrance sont fatalement associés. Cependant, il réside dans cette question un paradoxe. En effet, comment le fait de désirer peut-il nous conduire fatalement à la souffrance si l’Homme est le maitre de ses désirs ? Cela signifierait qu’il s’impose à lui-même une telle souffrance puisque cette souffrance ne peut être causée par un être extérieur étant donné que le désir est une chose intérieure. Néanmoins, il semblerait que l’Homme soit un être condamné à désirer et, de surcroit, un être qui aspire constamment à la plénitude. Alors, si Platon définit le désir comme « ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque » dans Le Banquet ; force est de constater qu’il réside une contradiction chez l’Homme torturé entre le désir et son aspiration à la plénitude qui semblent, par essence, incompatibles. L’intérêt de cette question réside dans son aspect psychanalytique puisqu’il s’agit de savoir si le fait de désirer conduit toujours vers la souffrance alors qu’en réalité la plénitude, le bonheur et le plaisir sont ce à quoi aspire l’homme. L’enjeu est à la fois anthropologique et étymologique puisqu’il s’agit de se pencher sur la dialectique du désir et d’en sortir une conclusion en prenant compte du facteur humain.

Ainsi, nous verrons que le désir par définition conduit à la souffrance de soi ou d’autrui voir à la perte du sujet éprouvant ce désir, puis que si désirer peut engendrer une souffrance cette dernière n’est pas nécessaire sauf si on le décide et que finalement, il faut redéfinir le désir afin de livrer une réponse à cette question qui se doit d’être nuancée.

De prime abord, on observe que désirer c’est fatalement souffrir ou faire souffrir ou à défaut que cela conduit à la perte du sujet éprouvant ce désir.

En effet, si l’on s’attache à l’étymologie du mot « désir » l’on se rend rapidement compte que dans le désir la finalité recherchée est fatalement celle de l’assouvissement de celui-ci. Ce mot vient du verbe latin desiderare lui-même formé de sidus, sideris désignant l’astre, l’étoile, la planète ou la constellation. Ainsi, au sens littéral de-siderare signifie « cesser de contempler » l’étoile ou l’astre et donc l’objet de son désir. Alors, la sémantique du mot même induit que le désir ce n’est pas uniquement contempler, mais également consommer. Un être qui désire est donc condamné à vouloir assouvir le désir qu’il éprouve. Du surcroit, le désir, par essence est un manque. Un être désirant est donc un être à qui il manque quelque chose (ou quelqu’un) ; il éprouvera par conséquent toujours de la souffrance puisqu’il ressent un manque. Finalement, cette mécanique est bien expliquée par le mythe d’Éros et de Thanatos. En imaginant Éros en force de vie, nous poussant à accomplir nos désirs et Thanatos en incarnation d’un désir de mort. Le désir serait donc à la fois une pulsion de vie et une pulsion de mort.

D’autre part, le concept de désir est lié à la passion, ce qui conduit donc nécessairement à la souffrance. En effet, le mot « passion » a d’abord une connotation religieuse, il vient de « la passion du Christ » également nommée « souffrance du Christ » qui désigne les souffrances et supplices qui précédèrent et accompagnèrent la mort de Jésus-Christ. On distingue ainsi plusieurs types de désirs passionnels, tout d’abord le désir de désirer. En effet, ce désir est incarné par la figure du Dom Juan chez Racine et conduit à la fois à la souffrance et à la perte. D’une part, il conduit à la souffrance de l’objet du désir qui ne peut être gracié de l’amour qu’il souhaite puisque que l’être désirant ne désire pas tant l’autre être que le fait de désirer lui-même. D’autre part, il conduit à la perte du désirant puisque Dom Juan fini par être tué par le spectre dans le cinquième acte de la pièce. Un autre désir passionnel est le désir amoureux. Celui-ci conduit également à la fois à la souffrance et à la perte. C’est ce qu’illustre Le Banquet de Platon au travers du discours d’Aristophane. Celui-ci explique par la mythologie que notre nature était autrefois différente : il y avait trois catégories d'êtres humains, le mâle, la femelle, et l'androgyne. Chaque être humain était fait de quatre mains, quatre jambes et deux visages sur une tête unique, quatre oreilles, deux sexes, etc. Désireux de prendre la place des dieux, ils tentèrent de monter jusqu'au ciel pour les y combattre. Zeus trouva un moyen de les affaiblir sans les tuer, ne voulant pas anéantir la race comme il avait pu le faire avec les Titans : il les coupa en deux. Cependant chaque morceau, regrettant sa moitié, tentait de s'unir à elle : ils s'enlaçaient en désirant se confondre et mouraient de faim et d'inaction. Ce mythe illustre le mythe d’Éros et Thanatos : leur désir de ne refaire qu’un s’exprimait au détriment de tous leurs autres désirs et besoins et les condamnait à la mort. L’aspect fatal et tortueux de ce désir peut-être illustré par Le Cid de Corneille. Dans cet ouvrage, Don Rodrigue est déchiré entre l’amour et le devoir. En effet, son père, Don Diègue a été tué par Don Gomès, le père de sa promise, suite a un duel engagé par le premier pour son venger d’un soufflant donné par le dernier. Son père demande alors à Don Rodrigue de le venger. Ce dernier est donc condamné par le devoir et empli de souffrance, sachant que sa vengeance condamnera forcément sa bien-aimée à renoncer à lui.

Ainsi, par la sémantique même du désir et de la passion, on observe que le désir est fatalement lié à la notion de souffrance, de manque, d’absence.

Cependant, si désir et souffrance sont liés, il semblerait que le désir n’engendre pas nécessairement le sentiment de souffrance.

En effet, il est possible de se protéger de la souffrance en opérant une classification des désirs. En se penchant de nouveau sur la sémantique du mot « désir »

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