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Désirer, est-ce nécessairement souffrir?

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Par   •  28 Octobre 2015  •  Dissertation  •  3 985 Mots (16 Pages)  •  1 515 Vues

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Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?

        Le propre de la société de consommation c’est de stimuler des désirs chez les personnes. Bien que ces désirs ne soient pas vitaux, ils peuvent être ressentis comme tel. On parlera alors de besoin artificiel. La société de consommation repose sur un mythe : c’est que le bonheur se trouve dans la réplétion matérielle et la sérénité dans le bénéfice du capital. En créant de la souffrance chez l’individu, la société de consommation stimule le consommateur à en vouloir toujours plus.                                                                                                                     Le sujet nous invite à réfléchir sur la notion de désir en se demandant si cette notion de désir renvoie systématiquement au manque, à l’absence, au vide : lorsque nous désirons, nous ne sommes pas ceux que nous voudrions être, que nous voudrions avoir. L’homme, entendu comme sujet, ne vit pas dans la plénitude, il aperçoit le vide en lui-même. On dira donc que le sujet est fendu par le désir.                                                                                                                                                                En quoi l’insatisfaction perpétuelle du désir engendre-t-elle une forme de souffrance dans notre intériorité ? Le désir n’est-il pas au contraire une force qui étreint la vie et qui lui donne un sens, de telle manière que grâce au désir, nous nous donnions des objectifs à atteindre ? Le désir est-il une souffrance perpétuelle qui nous empêche d’atteindre le bonheur ou bien au contraire, est-il une force qui donne sens à notre existence ?                                                                                                                  Dans un premier temps, nous verrons que l’homme peut, par sa raison, faire du tri parmi ses désirs, en vue d’atteindre la plénitude qui se prolonge (bonheur entendu comme ataraxie). Dans un second temps, nous verrons que l’homme ne peut prétendre au bonheur parce qu’il ne peut supprimer ses désirs. Il se contente de les refouler. L’homme est donc condamné à souffrir perpétuellement. Dans un dernier temps, nous verrons que bien long d’être quelque chose de négatif, le désir est au contraire une force qui donne sens à notre existence, il faut chercher à atteindre la joie qui succède à une tension. « Malheur à celui qui n’a plus à désirer »

        

        Thèse A : L’homme peut par sa raison faire du tri parmi ses désirs en vue d’atteindre la plénitude qui se prolonge (ataraxie).                                                                                                                                                    Si le désir peut être défini comme une forme de souffrance, c’est parce que lorsqu’il désire, l’homme éprouve le vide, l’absence, le non-être, ou encore le manque. Le désir crée donc un trou dans notre intériorité, le sujet ne vit pas dans la plénitude. De plus, le propre du désir est d’être insatiable : dès qu’un désir est satisfait, un autre renaît. Pour représenter ce côté insatiable du désir, on peut citer les Danaïdes dans la mythologie grecque : les filles de Danaos, après leur arrivée aux enfers, furent condamnées pour avoir décapité leurs maris pendant leurs nuits de noces, à remplir éternellement d’eau un tonneau percé. Ce tonneau sans fond symbolise donc le désir parce qu’il ne cesse de se renouveler.                                                         La sagesse d’Epicure est une sagesse pratique qu’on appelle «Médecine de l’âme» : l’homme doit faire appel à sa raison pour savoir comment se conduire dans sa vie. En effet, le désir trouble sans cesse l’âme. Epicure se propose donc de soigner cette âme troublée en vue d’atteindre le bonheur. Dans ce passage de la lettre à Ménécée, il fait une distinction entre les désirs naturels et nécessaires (besoins vitaux) et les désirs vains, superflus. Si la raison doit faire un tri parmi ces désirs, c’est parce que certains d’entre eux nous font souffrir perpétuellement. Cette philosophie pratique doit nous permettre d’éviter la souffrance et le trouble (ataraxie). La philosophie d’Epicure est un hédonisme : doctrine philosophique selon laquelle la recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir constitue l’objectif de l’existence humaine. Par la raison, l’homme peut évaluer la portée de ses désirs. Si le but de la philosophie d’Epicure est le plaisir, il affirme pourtant que tout déplaisir n’est pas à fuir et que tout plaisir n’est pas à satisfaire. En effet, certains de nos désirs à court terme peuvent nous mener à plus de déplaisir sur le long terme. Inversement, tout déplaisir n’est pas à fuir, lorsqu’il mène vers plus de plaisir. Epicure fait donc une médecine préventive et curative du désir. «C’est par une sage considération de l’avantage et du désagrément qu’il procure que chaque plaisir doit être apprécié» : soit nous évaluons en amont la portée de nos désirs, soit en aval, après la satisfaction.                                                                                               Dans son texte, Epictète nous dit que le propre du désir c’est de chercher à obtenir l’objectif désiré, et inversement, lorsque nous avons de l’aversion pour une chose, on cherche à ne pas tomber sur l’objet de notre aversion. A force de désirer ce que nous ne pouvant pas avoir de nous-même, nous amenons la souffrance et le malheur dans notre intériorité. Epictète nous demande de faire, grâce à la raison, une séparation entre ce qui dépend de nous et les choses qui ne dépendent pas de nous. En recherchant les biens, l’argent, la santé, et la réputation, on est sans cesse malheureux si on ne les a pas. Celui qui obtient ce qui ne dépend pas de lui peut du jour au lendemain tout perdre. Pour Epictète, certaines choses sont en notre pouvoir, d’autres non. Il prend donc une philosophie de renoncement, il refuse de faire dépendre son bonheur de toutes les choses qui ne sont pas en son pouvoir. Ce qui est en notre pouvoir, ce sont nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinations, et nos aversions : ce sont nos actions. En effet, nous sommes maitres de nos désirs, de notre pensée. Dans la philosophie d’Epictète, il faut donc accepter le fatum, la fatalité. Lui-même ayant été esclave, il a accepté cette situation qui ne dépendait pas de lui, et a cherché à être heureux dans cette situation.                                                                                     Mais si les sagesses pratiques prônent la suppression des désirs, en vue d’atteindre le bonheur, on peut se demander s’il est possible de faire une croix sur nos désirs superflus. L’action par laquelle nous rejetons un désir ne le fait pas disparaître : l’homme se contente de refouler ses désirs.

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