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Désire-t-on toujours en vain?

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Par   •  12 Novembre 2017  •  Dissertation  •  2 150 Mots (9 Pages)  •  869 Vues

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Dissertation philosophique

Sujet : Désire-t-on toujours en vain ?

Introduction

Le désir se présente d’abord à nous simplement comme une expérience : il est éprouvé avant d’être pensé. Mais ce sentiment, nous invite à conférer une valeur, voire un sens, au monde qui nous entoure. Quand nous désirons, notre horizon de pensée et surtout d’action semble, en effet, se limiter à ce qui, pour nous, est désirable. Par le désir nous sommes orientés vers des buts, attirés par des objets, mis en mouvement par des attentes.

C’est là précisément que vient s’intercaler notre sujet, qui interroge le rapport du désir et de son objet. Car si l’on est amenés à désirer en vain, c’est que le désir ne peut, pour différentes raisons obtenir ce qu’il veut. Soit parce que son objet est hors de portée, soit parce qu’il le reconstruit entièrement en ayant recours à l’imagination. De fait c’est une expérience assez commune que de se rendre compte que le désir qui nous anime ne peut aboutir.

Toutefois, est-ce toujours le cas ? En effet, on peut se demander si le mouvement du désir vers son objet, ne masque pas un élan plus profond qui consisterait à désirer le désir lui-même. L’objet serait volontairement en décalage par rapport à la réalité, pour éviter que le désir ne s’éteigne et disparaisse.

Mais s’il est vrai que l’homme est un être de désirs, alors nous pourrions envisager la possibilité que le désir ne se soumette pas au réel et renonce à son objet mais le crée, contre d’ailleurs toute option raisonnable. Le problème que nous pouvons énoncer est donc bien celui de savoir le rôle exact que joue le désir dans l’action. Le désir doit-il abdiquer devant le monde ou le précéder ?

Développement

Première partie

Ce qui caractérise le désir, c’est son illimitation. C’est un mouvement permanent, qui me porte vers des objets divers qui agissent comme un aiguillon. La possession de ces objets est toujours la promesse d’une satisfaction et même d’une jouissance. C’est clairement le plaisir qui est visé et qui nous conduit à nous remettre sans cesse à l’ouvrage. Mais en même temps, nous prenons conscience que ce que nous imaginons à propos de l’objet du désir ne correspond que rarement à la réalité. Ce décalage conduit à une déception, qui relance immédiatement le désir, car nous espérons toujours trouver ailleurs ce que nous n’avons pas trouvé ici. Ainsi en est-il par exemple du désir amoureux, qui oscille en permanence de la déception à l’exaltation lorsqu’après avoir été déçu, une nouvelle promesse se dessine.

Le paradoxe du désir semble rendre improbable la découverte de son essence : le désir ne désire que sa propre fin, sa mort comme désir. Tel est le sens du rapport traditionnel établi entre désir et plaisir : le plaisir marque l’accomplissement du désir, mais aussi son terme. Par l’obtention de l’objet, la satisfaction annule le mouvement du désir, qui se nourrit des images qu’il projette sur l’objet désiré.

Le moment de la satisfaction est donc aussi le moment de vérité : le sujet prend conscience de la réalité de la chose qu’il voulait posséder. Par-là, il se rend compte si, véritablement, cela « valait la peine ». Car le désir est indissociable d’une souffrance. Toute l’énergie d’un individu est tendue vers un seul but auquel il subordonne tous les autres. Ainsi le sujet désirant devient-il un formidable « lecteur de signes » : il organise son expérience selon deux directions, ce qui est favorable à son désir et ce qui lui est nuisible. Tout le reste – à savoir, néanmoins, l’essentiel de ce qui lui arrive – lui est indifférent. Encourageant ce qui favorise son désir et combattant ce qui lui résiste, sa conduite est entièrement déterminée par un seul objectif.

Dans ce cadre « existentiel », le moment de la satisfaction est d’abord un moment d’arrêt. Le désir s’achève dans la possession de l’objet. Mais pourquoi celle-ci coïncide-t-elle si souvent avec une déception ? Est-ce parce que la chose désirée s’avère toujours moins attrayante que ne le supposait le sujet désirant ? Cette hypothèse est d’autant plus fondée que, comme l’a par exemple montré Stendhal, dans De l’amour, le processus de cristallisation est une véritable construction mentale qui consiste dans l’idéalisation de la chose désirée et son corrélat inévitable qui est la déception lorsqu’on se rend compte que la femme que l’on aimait jusqu’à la déraison est dépourvue de toutes les qualités qu’on lui avait attribuées. Cette déception peut d’ailleurs être à la hauteur de l’espoir qu’elle avait soulevé et parfois conduire aux pires extrémités comme le montre le destin tragique de Julien Sorel, héros du roman Le Rouge et le Noir. On voit donc, selon cette perspective, en quoi consiste la vanité du désir qui semble bien être la marque de la misère de l’homme.

Transition logique

Toutefois, on peut se demander si l’objet du désir ne serait pas un simple prétexte, qui masquerait le principal but du désir qui ne serait pas la satisfaction, mais la continuation du désir ?

Dans cette seconde hypothèse, le paradoxe du désir se transforme en véritable contradiction. Le désir ne se fonde pas sur l’espoir d’être satisfait, mais sur celui de se perpétuer indéfiniment. C’est le sens de l’image platonicienne du « tonneau des Danaïdes » (Gorgias), qu’on s’efforce de remplir alors qu’il est percé. L’une des caractéristiques du désir est, en effet, d’osciller sans cesse entre divers objets. Il se contredit car il ne sait pas ce qu’il veut, se portant toujours vers de nouveaux objets. Ainsi, chaque satisfaction se trouve annulée par l’émergence d’un nouveau désir, tout comme chaque quantité d’eau versée dans le tonneau percé échoue à le remplir.

Deuxième partie

Le désir doit être compris comme un effort, un mouvement qui ne cesse qu’à la mort et qui institue dans la nature humaine une dynamique décisive. Il apparaît que l’objet désiré n’est pas la cause du désir, mais sa simple occasion.

Alors c’est bien le désir qui est cause de lui-même, qui se veut lui-même dans un cercle sans fin. C’est ce que Saint-Augustin fait remarquer dans les confessions, lorsque, s’adressant à Dieu, il évoque la période qui a précédé sa conversion et qui l’a conduit à faire l’expérience de l’aliénation amoureuse : « Je vins à Carthage et de tous côtés j'entendais bouillonner la chaudière des amours infâmes. Je n'aimais pas encore mais j'aimais l'amour […]. Aimant l'amour, je cherchais un objet à mon amour ; je haïssais la sécurité, la voie sans pièges, parce qu'au fond de moi j'avais faim. Et mon âme était malade ; rongée d'ulcères, elle se jetait hors d'elle-même, misérablement avide de se gratter contre le sensible. » Le désir ne serait donc qu’un élan sans objet, purement égoïste, qui m’entraîne vers l’avant dans un mouvement aveugle et sans fin. Au point que nous pouvons le ressentir comme épuisant, tant nous lui somme assujettis.

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