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Comment Nietzsche oppose-t-il les anciens aux hommes de son temps? Où se situent les croyances par rapport à la vérité ?

Commentaire de texte : Comment Nietzsche oppose-t-il les anciens aux hommes de son temps? Où se situent les croyances par rapport à la vérité ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Octobre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 860 Mots (8 Pages)  •  367 Vues

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Dans le paragraphe §152 du Gai Savoir de Nietzsche, il est question de la vérité. Il y évoque les différences de perception, de sentiment de la vérité, entre la Grèce antique et la société occidentale dans laquelle il vit: la vie s’est au fil du temps teintée d’autres “couleurs”.

Il semble affirmer tout au long de cet extrait que la vérité peut être protéiforme, les formes qu’elle prend seraient relatives à des croyances religieuses ou mystiques. Comment Nietzsche oppose-t-il les anciens aux hommes de son temps? Où se situent les croyances par rapport à la vérité ?

Nous retiendrons la problématique suivante: La vérité doit-elle être affaire de perception et se laisser déformer par les croyances ou bien est-il délétère que de recouvrir la vérité d’un voile?

Nietzsche constate et affirme dans un premier temps que la perception que l’on a des choses a changé, la vision que les contemporains de Nietzsche avaient de la vérité est si différente de celles des “anciens” qu’ils ne comprennent plus tout à fait la leur (lignes 1 à 3). Ensuite, Nietzsche développe des exemples illustrant sa thèse (lignes 3 à 11), il s’emploie à nous instruire sur “la vérité” telle qu’elle aurait été ressentie par les anciens pour aboutir sur des questions rhétoriques sur les grands sentiments humains à l’ombre de ses croyances, des questions de métaphysique (lignes 11 à 16). Enfin, Nietzsche conclut en affirmant que cette déformation de la réalité est perpétuelle, mais c’est bien par les mythes des anciens, par leur illusion, que cette déformation est la plus splendide (lignes 16 à 18).

Nous analyserons ce texte en respectant sa forme et son mouvement.

Nietzsche commence d’emblée par affirmer dans une exclamative que “l’éclairage et les couleurs de toutes choses ont changé!”. Cette mention du changement est explicitée après: les contemporains de ce disciple de Schopenhauer ne comprennent plus les anciens, les grecs: “nous ne comprenons plus tout à fait [...]les hommes anciens”. Les “hommes anciens” comme il les appelle ici font référence à ceux de la période grecque antique, plus précisément antérieure à l’époque classique de Socrate, qui est pourtant celle des fondements de la philosophie occidentale.

Nietzsche mentionne ensuite à quel point ces Anciens faisaient preuve d’imagination: leur vie était un rêve éveillé car la vérité se teintait toujours d’illusion; la vie “s’éclairait d’autres lumières”. Nietzsche développe des exemples illustrant sa thèse: “le jour et la veille” (état d’éveil) s’apparentaient selon lui chez les anciens à une vérité illusoire induite par un état de rêve éveillé.

Le philosophe allemand renvoie au fait que les grecs avaient recours aux mythes souvent explicatifs qui pourraient, aux yeux d’une personne du XIXème siècle s’apparenter à de l’illusion, à du rêve éveillé. Il évoque que “le jour et la veille” sont perçus différemment, car les grecs édulcorent le monde de leurs mythes, c’est en cela que Nietzsche dit qu’ils “croyaient aux rêves”; même éveillés, la perception de la vérité par les grecs était déformée par des illusions, des mythes s’apparentant au rêve.

Par exemple, les grecs expliquaient par le mythe de la boîte de Pandore - punition infligée par Zeus aux Hommes pour s’être dotés du feu par la faute de Prométhée- l’existence des maux terrestres: trahison, pauvreté, méchanceté, maladie, guerre etc. Les grecs trouvaient ainsi une explication illusoire confortante à l’existence de ces plaies: elles ont une raison d’exister, elles sont “normales” et ils ne peuvent rien y faire et n’ont rien à changer, c’est une volonté divine.

Cette beauté accordée par Nietzsche à cette tendance de l’homme à l’imagination pourrait également être illustrée par la croyance en le mythe du chasseur Cyparisse, qui, chagriné d’avoir tué accidentellement la biche de son ami Apollon, se métamorphosa en Cyprès, qui devinrent tous des arbres “veilleurs de morts”, consacrés à Hades. Imputrescible et noble, il devint le bois de prédilection des grecs pour les cercueils des héros, la charpente des temples ou encore les flèches d’Eros. Le mythe grec, qui pourrait s’apparenter à un rêve illusoire, explique ici les propriétés de l’arbre: son bois résiste et ne flanche pas, comme le chagrin de Cyparisse et lui donne une raison d’orner les nécropoles.

L’idée de la mort est d’ailleurs celle qui suit celle du rêve: tout comme elle l’est par les ‘rêves éveillés’ , la vie s’éclaire d’autres lumières par le prisme de “la mort et de sa signification”. Cette réflexion de Nietzsche sur la mort en dit long sur son rapport avec elle. La mort a de tout temps été plus souvent perçue, interprétée et ressentie que raisonnée, comprise, expliquée rationnellement et source de réponse. Par exemple la mort chez les grecs constituait un voyage, une descente aux Enfers composés de trois strates: un étage neutre, où Hadès a installé son palais Le champs d’Asphodèle, où les âmes de ceux n’ayant agi ni pour le bien ni pour le mal séjournaient; dans l’étage le plus profond, le Tartare, les âmes des criminels erraient dans la tourmente; tandis que les Champs Elysées constituent le niveau le plus agréable du monde des morts, récompensant les âmes de ceux ayant agit pour le bien. La vie avait alors un autre sens que le sens judéochrétien: il faut agir pour le bien, pour n’être ni dans le champs d’Asphodèle, ni dans le Tartare.

La mort est un thème qui a beaucoup intéressé Nietzsche en ce sens qu’il l’a abordé dans le Gai Savoir mais également dans plusieurs œuvres (Ainsi parlait Zarathoustra, Crépuscule des Idoles, La Naissance de la tragédie).

Pour les anciens comme Epicure, la mort ne nous concerne en rien. Il faut se familiariser avec l’idée que la mort n’est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la

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