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Autrui est-il celui que je veux être ?

Dissertation : Autrui est-il celui que je veux être ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Février 2020  •  Dissertation  •  2 831 Mots (12 Pages)  •  595 Vues

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Dissertation philo : Autrui est-il celui que je veux être ?

Ce sujet nous invite à réfléchir à notre rapport à autrui. Autrui est-il celui que je veux être ? Ou bien au contraire, autrui serait-il celui qui m’empêcherait d’être celui que je veux être ? Le sujet présuppose qu’autrui est celui que je veux être, c’est-à-dire que je m’identifierais à lui, en ferait mon semblable, jusqu’à arriver au sentiment de coexistence. J’existerais entièrement grâce et par l’intermédiaire d’autrui. Or, ce présupposé est paradoxal, comment être celui qui, par définition, n’est pas moi ? En effet, autrui, c’est d’abord l’autre, le différent. Cependant, la définition d’autrui se n’arrête pas là. L’altérité ne suffit pas à caractériser autrui, car s’il est autre que moi, il est aussi et en même temps mon semblable. Il est un alter-ego, un autre moi et un autre que moi. Éprouverai-je donc la volonté d’être celui qu’autrui est ? La volonté est ce par quoi un caractère exprime sa force d’affirmation, lorsqu’on manifeste de la persévérance dans nos choix, de la fermeté dans nos décisions. Mais en réalité, cela ne dépendrait-il que de ma propre volonté? Pouvons-nous réellement être celui qu’autrui est, alors que, par définition, autrui est le radicalement autre? Dans ce cas, je pourrais alors voir mon rapport à autrui de façon différente. Est-il vraiment relié à notre volonté d’être celui que l’autre est, ou bien est-il au contraire éloigné de cela, en ayant une vision plus éthique de mon rapport à autrui ?

Nous pourrions alors tout d’abord supposer que je ne veuille pas être autrui, il n’est pas celui que je veux être, que je veux devenir, puisque au contraire, il peut être celui à qui je m’oppose et donc constituer un ennemi. Mais est-ce réellement une question de volonté? Ou bien est-ce simplement impossible ? Nous pourrions alors supposer que je ne puisse pas être autrui, que je le veuille ou non. En effet, je ne peux qu’affirmer et connaitre ma propre existence, et non pas celle des autres. Mais alors, quel est mon rapport à autrui ? Comment dois-je me comporter avec lui ? Nous pourrions alors répondre qu’autrui renvoie à ma responsabilité éthique, j’ai des devoirs moraux envers lui, je devrais vouloir être bienveillant envers lui ainsi que lui accorder un certain respect afin de moi-même devenir un sujet moral.

Nous pouvons commencer par présupposer que nous ne voulons pas être autrui, chacun souhaite garder sa liberté individuelle, et cela se fait si l’on est détaché d’autrui puisque celui-ci peut être considéré comme un ennemi.

Autrui peut tout d’abord chercher à me nuire ou s’opposer à moi en imposant sa différence, il peut alors être vu comme mon ennemi. En effet, les relations qu’entretiennent les hommes , par leurs divergences, peuvent entrainer des conflits. C’est parce-qu’autrui est différent de moi que je ne comprends pas forcément son étrangeté, et lorsque celle-ci s’impose à moi sans que je ne cherche à la comprendre, elle peut engendrer l’hostilité et la violence. On peut alors dire que sans aucune loi, sans la protection d’un État, autrui constitue un ennemi car chacun va chercher à exercer sa force sur les autres. Hobbes, dans “Léviathan”, explique que les hommes, par nature, veulent la liberté et le pouvoir exercé sur les autres. Cela veut dire que je veux à la fois être libre et m’imposer aux autres. Pour Hobbes, “l’homme est un loup pour l’homme”, les hommes ne peuvent pas s’entendre car ils sont trop méfiants et dominateurs pour cela. À l’état de nature, les hommes se comportent comme des loups, gouvernés par leur instinct de conservation, ils ne suivent aucune règle, et possèdent des droits naturels (se nourrir, se défendre…) ainsi qu’une liberté naturelle. De plus, à l’état de nature, tous les hommes sont égaux, ce qui veut dire q’ils possèdent les même désirs, les mêmes droits et les mêmes moyens. C’est pourquoi cette égalité naturelle se transforme en rivalité. De ce fait, lorsqu’il n’y a personne pour le contrôler, l’homme est en danger permanent, tout en étant un danger potentiel pour les autres, c’est la loi du plus fort qui est appliquée. Ainsi, autrui n’est pas celui que je veux être puisqu’au contraire, il constitue un ennemi. Sans lois, autrui est celui que je dévore, que je piétine, je souhaite exercer ma force sur lui.

S’ajoute à cela le fait qu’autrui soit mon ennemi car il m’empêche d’être libre, il empiète sur ma liberté. Sartre reprend l’idée de Hobbes, selon lui, ma liberté est constamment menacée par la présence d’autrui, par son regard qui me ravale au niveau des choses ou même qui me néantise, i.e. qui me néglige comme si je n’existais pas, qui m’élimine de son monde intentionnel. Il existe effectivement une dépendance aliénante à l’égard d’autrui qui se produit uniquement si mes rapports avec autrui sont viciés. Par conséquent, je me vois et me juge comme je crois que les autres me voient et me jugent ce qui me rend malheureux : “ma chute originelle, c’est l’existence de l’autre”. De même, dans “Huis Clos”, Sartre écrit : “L’enfer c’est les autres”. Cela signifie que je suis prisonnier du regard des autres, ma liberté est aliénée dès qu’elle dépend des autres, de leurs opinions, et sentiments. Je crois être libre alors que les autres m’enferment dans une image toute faite. Or, a liberté est considérée comme essence de tout homme. En effet, Sartre explicite dans “L’existentialisme est un humanisme” que nous sommes destinés à être libres. La seule chose qui peut nous définir à l’avance, de laquelle on peut être sûrs, c’est notre liberté, et on ne peut pas y échapper. Notre destin, soit ce qui détermine d’avance où, quand, et comment les choses doivent arriver, c’est d’être libres. Ainsi, celui qui m’empêchera d’être libre, qui empiètera sur ma liberté, sera forcément un ennemi, puisqu’autrui ne peut toucher à ce qui me détermine. Autrui est alors aussi un ennemi car il m’empêche d’être libre. Par conséquent, au lieu d’être celui que je veux être, au contraire, il m’empêche d’être celui que je veux être, celui que je suis destiné à être.

Nous avons vu qu’autrui peut former un ennemi pour moi, puisque la sociabilité entre les hommes n’est ni naturelle ni immédiate. Autrui est d’abord celui qui veut défendre ses propres intérêts même si cela porte atteinte à ma liberté. Or, je suis destiné à être libre, la liberté est ce qui me définit. Autrui n’est donc pas celui que je veux être, puisque, entravant ma liberté, il m’empêche d’être celui que

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