Russie et désinformation

Guerre et liberté de la presse en Russie

Introduction

A l'occasion de la journée mondiale de la presse, l'ONG Reporter Sans Frontières a publié un rapport catastrophique, le 3 mai dernier, sur la situation des journalistes russes pour lesquels informer devient synonyme de résister.

En effet, depuis l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022, la quasi-totalité des médias indépendants ont été interdits, bloqués ou déclarés “agents de l’étranger”. Tous les autres sont soumis à la censure militaire.

La guerre en Ukraine a renforcé le manque de transparence et la manipulation des informations, notamment du côté russe, où conflit ukrainien rime avec censure et propagande.

Dans quel contexte politique les journalistes russes évoluent-ils ?

Depuis le début de la pandémie, le président Vladimir Poutine semble de plus en plus isolé du monde extérieur. Seul un cercle très restreint a désormais accès à sa personne.

Le Parlement est devenu la chambre d’enregistrement des décisions prises par le Kremlin.

Le discours officiel de Poutine, immédiatement repris par une propagande omniprésente, est principalement fondé sur des récits de "griefs historiques" russes et des théories du complot, évoquant avec nostalgie la puissance de l’ex-URSS.

Dans quel cadre légal évoluent les journalistes russes ?

Aucun journaliste n’est à l’abri d’une procédure judiciaire potentiellement grave, sur la base de lois répressives souvent votées rapidement. Avec la guerre en Ukraine, de nombreuses lois relatives à la liberté d'expression ont été adoptées récemment entrent dorénavant dans le code pénal.

Le Parlement a adopté à la hâte des amendements punissant de peines de prison les journalistes. Le gouvernement a ainsi adopté début mars un amendement prévoyant jusqu’à quinze ans de prison pour une personne publiant de "fausses informations à l’encontre de l’armée Russe".

Parmi les entraves à l'exercice de la liberté d'informer sur le sol russe, on note :

-        l'interdiction de prononcer le mot guerre,

-        l'impossibilité de publier des enquêtes indépendantes ou de communiquer sur les bilans.

-        l’interdiction de filmer certaines zones restreintes "pour ne pas révéler de positions stratégiques"

-        la diffusion obligatoire de certaines images qui sont mises en scène pour la propagande.

Quel est le paysage médiatique russe actuellement ?

• Toutes les chaînes de télévision indépendante privées sont interdites d'antenne, à l'exception des chaînes câblées de divertissement.
• La version en russe d’Euronews a été suspendue.
• Les grands titres de la presse écrite, qui appartiennent depuis quelques années à des proches du Kremlin sont sous menace constante de fermeture, comme le journal indépendant Novaïa Gazeta.
• La situation est la même pour la radio.

• Les médias qui subsistent sont contraints à une autocensure très stricte et les réseaux sociaux occidentaux sont progressivement bloqués.

Plus de 200 journalistes indépendants ont quitté le pays pour tenter d'informer depuis leur exil. D'autres tentent de continuer sur place en publiant en dehors des médias officiels, par exemple par des chaînes Youtube.

Comment réagit la population russe face à cette censure de l’information ?

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