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Méthode de la composition

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Par   •  25 Avril 2019  •  Cours  •  2 464 Mots (10 Pages)  •  419 Vues

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CM2 ; La Bruyère, Caractères, « de la mode ».

Le fleuriste a un jardin dans un faubourg, il y court au lever du soleil, et il en revient à son coucher ; vous le voyez planté, et qui a pris racine au milieu de ses tulipes et devant la solitaire, il ouvre de grands yeux, il frotte ses mains, il se baisse, il la voit de plus près, il ne l’a jamais vue si belle, il a le cœur épanoui de joie ; il la quitte pour l’Orientale, de là il va à la Veuve, il passe au drap d’or, de celle-ci à l’Agathe, d’où il revient enfin à la Solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assit, où il oublie de dîner ; aussi est-elle nuancée, bordée, huilée, à pièces emportées, elle a un beau vase ou un beau calice ; il la contemple, il l’admire, Dieu et la nature sont en tout cela ce qu’il n’admire point, il ne va pas plus loin que l’oignon de sa tulipe qu’il ne livrerait pas pour mille écus, et qu’il donnera pour rien quand les tulipes seront négligées, et que les œillets auront prévalu. Cet homme raisonnable, qui a une âme, qui a un culte et une religion, revient chez soi fatigué, affamé, mais fort content de sa journée ; il a vu des tulipes.

La Bruyère, Caractères

La Bruyère (1645-1696) est un moraliste français. Son style incite à la lecture à voix haute. Il se situe dans le mouvement classicisme français. Les « caractères » est son unique œuvre de l’artiste, qui a été plusieurs fois rééditer donc qui a eu un franc succès.  

Impressions :

Satirique, sarcasme, théâtralité, exagérée, de mouvements, accumulation du pronom personnel « il » et les verbes d’actions (l.3). = décalage entre l’agitation du mouvement et « d’arrêt sur image » car le personnage ne bouge finalement pas.

En 2 temps : narration et portrait au début puis jugement dans « Dieu et la nature ».

Opposition entre le singulier et la pluralité des fleurs (qui ont d’ailleurs des noms de femmes), dans une accumulation d’actions.

Le personnage est décalé au niveau des repères temporels mais également des repères spatiaux car il semble être seul au monde entouré de ses tulipes bien qu’il soit dans un « faubourg » donc dans une ville.

Idée d’un homme focalisé sur lui-même qui ne voit pas ce qu’il y a autour de lui, il est dans sa boîte, dans sa case sans en sortir. Tel un robot = aspect répétitif de ses journées rythmé suivant le soleil.

Dieu, le lecteur, le moraliste sont spectateurs de la scène. Le personnage est donné à voir dans sa contemplation. Champ lexical du regard « il la voit », « il l’a vu », « admire » ….

Regard objectif au début « le fleuriste a un jardin dans un faubourg », puis on s’éloigne de point de vue avec Dieu et la nature.

Un rythme saccadé et répétitif, avec une accélération du rythme ; les phrases sont de plus en plus courtes. Assonances en « i », dans une idée d’obsession. Et rimes en « é ».  = jeu de symétrie, de rythme. Jusqu’à la ligne 6. Puis, quelque chose de plus envolé, souple avec une amplification (l.7) dans un vocabulaire plus général.

Analyse linéaire ;

« le » : article définit, donne un sens général, donne une focalisation sur ce personnage en particulier. Renforce cette notion d’un homme seul dans son univers.

« fleuriste » : on le caractérise par sa fonction, focalisation sur une partie de sa personnalité. Est-ce son véritable métier ? Non, peut-être un amateur, il fait cela car il est dans sa folie, et est un maniaque. Cela le rend stupide, on croit qu’il le fait car il aime les tulipes mais enfait le fait car c’est à la mode « la tulipe qu’il ne livrerait pas pour mille écus » l.8 = refuse de vendre.  « et quand les œillets auront prévalu » l. 9, donc passe d’un mode à une autre. Il est aliéné par la mode, déraciné.

« » ; notion d’appartenance, choix du vocabulaire très simple. Cette appartenance définit également le personnage.

« un jardin » ; quelque chose d’assez banal, article indéfini « un » = généralité. Le jardin est le lieu de son identité. Le lecteur pourrait s’attendre à « le fleuriste à une boutique » = cela pose déjà une ambiguïté, un décalage entre la normalité et son être.

« dans un faubourg » : « un », article indéfini montre une généralité encore, confronte la réalité pluriel et la singularité de ce personnage. Approche très schématique et épuré ; description non réaliste mais le but est de donné à voir une figure qui va s’agiter. « faubourg » est un lieu en dehors, décaler par rapport au centre tout comme le personnage.

« il y court au lever du soleil, et il en revient à son coucher » : verbes d’actions, d’exagération qui créer le décalage. Cette idée de mouvement est renforcée par des parallélismes « lever » et « coucher » = ellipse totale (= journée vide ; on ne sait pas ce qu’il fait durant la journée), de plus ces phrases rimes, ont les mêmes sonorités (même syllabes ; 9) et les mêmes constructions anaphoriques = parallélismes de constructions, syntaxiques donc la même construction = symétrie. La virgule et le « et » renforce l’idée de lien et de pause.  Le « lever » et le « coucher » peuvent rapporter au soleil et aussi au personnage. Il est lié à la nature. La ponctuation renforce l’idée de rapidité (en plus de la rime « faubourg » et « court »). Sa journée se réduit à courir dans son jardin et à en revenir. = son activité se résume à un déplacement.

=La première ligne place le cadre temporel et spatial ; tout semble très cadré et automatique.

« ; » : la ponction du « ; » or l’auteur aurait très bien put mettre un point. Ce point-virgule montre le décalage entre la réalité, la normalité avec une hiérarchie mais elles sont en même temps liées.

« Vous le voyez planté » ; Différence, avant le personnage était sujet, maintenant il est objet et le sujet est le lecteur « vous » = changement de point de vue, de perspective. Le fleuriste est à la fois acteur et spectateur. Interaction avec le lecteur. Commence un nouveau temps dans le texte ? Le personnage est passif il est « planté » = immobile renforce le décalage :« planté » est une figure de style ; une syllepse = il est planté donc immobile et planté comme une plante. Décalage car on le quitte se coucher, puis on le retrouve dans son jardin = non cohérence par l’utilisation d’ellipse de la nuit qui créer un blanc au niveau du temps.  

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