Le Proche et le Moyen Orient, foyer de conflits
Cours : Le Proche et le Moyen Orient, foyer de conflits. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alex Sotomayor • 13 Mars 2019 • Cours • 5 711 Mots (23 Pages) • 632 Vues
THEME 2 : LES CHEMINS DE LA PUISSANCE
CHAPITRE 2 : LE PROCHE ET LE MOYEN ORIENT, UN FOYER DE CONFLITS DEPUIS LA FIN DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
Introduction :
En 1902, l’amiral américain Alfred Mahan (qui peut être considéré comme le père de la géopolitique moderne) utilise pour la première fois le terme « Moyen-Orient » (Middle East) pour désigner les régions qui, situées sur la route des Indes, présentent un intérêt stratégique majeur. L’officier affirme que le pays qui contrôlera cette région contrôlera le monde. Aujourd’hui l’expression « Proche et Moyen Orient » désigne une région de 7 millions de km² comprenant le Proche-Orient, c’est-à-dire les pays riverains de la Méditerranée orientale (Turquie, Egypte, Israël, Palestine, Liban, Syrie, Jordanie) ; ainsi que l’Irak, l’Iran, les pays de la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Yémen, Oman, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Koweït) et sur, ses marges, le Pakistan et l’Afghanistan. Le Moyen-Orient est au carrefour de trois continents : l’Europe, l’Asie et l’Afrique. En
1918, la région est marquée par l’effondrement de l’Empire Ottoman, qui dominait la région depuis le XVe siècle,
entraînant une fragmentation en une multitude d’Etats et une extrême instabilité en raison de différents facteurs de tension (mosaïque culturelle et religieuse, ressources stratégiques, frontières contestées, fragilité des Etats issus de la décolonisation, creusement des inégalités socio-économiques, croissance démographique mal maîtrisée et ses impacts sur l’environnement comme sur les ressources à l’instar de l’eau toujours plus menacée et convoitée) et de la rivalité des grandes puissances qui s’affrontent pour sa domination. Entre la fin de la Première Guerre mondiale et aujourd’hui, tous ces pays ont en commun de devoir faire face à de nombreux conflits, c’est-à-dire des oppositions entre plusieurs acteurs qui peuvent déboucher sur des guerres.
Problématique : Comment les facteurs régionaux de tension et le jeu des puissances font-ils du Proche et
Moyen-Orient un foyer durable de conflits depuis 1918 ?
I. R ecompo siti o ns p o litiques so us l’influence des p uis sances étr angères et mo ntée des revendications nationalistes entre 1918 et 1948.
A. L ’effo ndr ement de l’Emp ir e Ott oman en 1 91 8 : lent déclin et morcellement du Proche et du Moyen- Orient.
Depuis la fin du XVIIIe siècle, l’Empire Ottoman, gouverné par un sultan, n’a fait que reculer en perdant progressivement sa suzeraineté face, premièrement, aux nationalismes sur ses territoires européens qu’il dominait (espace danubien, aire balkanique, Grèce continentale) et sous les coups des expansions coloniales de la Grande-Bretagne (protectorat sur l’Egypte en 1882) et de la France (conquête de l’Algérie en 1830) en Afrique du Nord et au Proche et Moyen-Orient (contrôler les Lieux saints du christianisme dont Jérusalem, le passage stratégique du canal de Suez – percé entre 1859 et 1869 – reliant la mer Méditerranée à l’océan Indien vers les Indes britanniques et les premiers puits de pétrole découverts en Perse en 1908). « L’homme malade de l’Europe » (selon l’expression consacrée du tsar Alexandre II en 1855) a tenté de se réformer en important les législations françaises et britanniques, mais cet Etat multi-ethnique et multiconfessionnel, consentant déjà de larges autonomies aux différentes communautés religieuses et ethniques, ne survit pas à la Première Guerre mondiale. Allié de l’Empire allemand (rapprochement dès la fin du XIXe siècle avec, notamment la construction de la ligne ferroviaire Berlin-Bagdad Bahn) et de l’Empire austro-hongrois, l’Empire ottoman, après avoir résisté vaillamment au débarquement des troupes britanniques dans le détroit des Dardanelles (passage entre l’Asie mineure et la Grèce continentale et entre la mer Méditerranée et la mer Noire) entre 1915 et 1916, est dans le camp des vaincus en 1918. Au lendemain de la guerre, le traité de Sèvres en 1920 procède au démantèlent de l’Empire ottoman au profit des puissances coloniales européennes (France, Grande-Bretagne et Italie).
B. La domination des puissances étrangères : le système des mandats de la SDN et l’exploitation de l’o r
noir
Dès 1920, dans la logique des traités signés au lendemain de la guerre, la Société des Nations (SDN) confie à la Grande-Bretagne et à la France, l’essentiel des territoires du Proche et du Moyen-Orient. Ce redécoupage des frontières se fait d’abord sur la base des intérêts des deux puissances coloniales (accords secrets de Sykes-Pico
de 1916). La France assoit sa domination sur le Liban (où elle est présente depuis les capitulations commerciales des échelles du Levant du XVIe siècle et en tant que puissance protectrice des Chrétiens d’Orient, notamment à partir du milieu du XIXe siècle) qu’elle sépare de la Syrie, tandis que la Grande-Bretagne récupère la Palestine (Jérusalem) qu’elle détache de la Transjordanie et de la Mésopotamie. Les deux puissances coloniales, loin d’aider les populations et de veiller à l’émergence de nouveaux Etats indépendants, sert d’abord ses intérêts, qui sont ceux également de leurs compagnies pétrolières (Compagnie française des pétroles, Turkish puis Iraq Petroleum Company).
Dans cette perspective, émerge un nouvel acteur extérieur dans la région au cours des années 1930 : les Etats-
Unis. Eux aussi souhaitent exploiter « l’or noir ». En 1928, leurs compagnies Exxon et Mobil rentrent dans le capital de l’Iraq Petroleum Company. Mais c’est surtout après l’unification de la péninsule arabique par le roi Ibn Saoud en 1932, qu’elles obtiennent des concessions pour prospecter et exploiter les puits de pétrole de la côte située le long du golfe Persique.
Au cours de la même période, d’autres Etats prennent de la distance avec la France et la Grande-Bretagne à
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