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La scène de l’apparition de Chabert à Derville

Cours : La scène de l’apparition de Chabert à Derville. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2019  •  Cours  •  528 Mots (3 Pages)  •  709 Vues

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La scène de l’apparition de Chabert à Derville, est présentée par le narrateur comme un événement fantastique.

Premièrement, la vive émotion éprouvée par Derville à la vue du colonel l’indique. Il est dit que « le jeune avoué demeura pendant un moment stupéfait » : l’emploi du verbe d’état au passé simple indique qu’il est comme saisi, pétrifié subitement tandis que l’indication temporelle « pendant un moment » signale un effet duratif. Cet effet produit est puissant dans la mesure où le champ lexical de l’émotion et de la surprise implique des termes forts : « stupéfait » et « étonnement ». En dernier lieu, des adjectifs significatifs qualifient ponctuellement le sentiment interloqué de Derville contemplant le vieux colonel : « singulier », « mystérieux », « bizarre ».

Deuxièmement, la tonalité fantastique de la scène est engendrée par le contexte nocturne qui, tout en ne permettant pas à Derville de bien distinguer le « singulier client » qui lui fait face, confère une part de mystère à cet étrange individu. L’avoué ne fait que l’« [entrevoir] dans le clair-obscur » car « l’ombre cachait si bien le corps » et parce que « son front [était] volontairement caché », que « les bords [de son] chapeau qui couvrait le front […] projetaient un sillon noir » sur le haut de son visage. Ici donc, le champ lexical de l’ombre joint à celui de la lumière dans une série d’oppositions (oxymore ou antithèse) produit un « contraste » saisissant entre le visible et l’invisible chez ce personnage qui prend dès lors une dimension bien surprenante.

Dernièrement, le point de vue interne ici adopté, éminemment subjectif, témoigne de l’incertitude de Derville quant à la véritable nature du colonel : est-il mort ou bien vivant ? Ce point de vue souligne par-dessus tout « le spectacle surnaturel que présentait l’ensemble du personnage » de Chabert, mais ce dernier apparaît tantôt « bizarre quoique naturel » au brillant avocat. Cette dernière antithèse indique que Derville, en voyant le vieillard, ne sait trop s’il doit se fier à ses sens, la raison lui commandant de trouver une explication rationnelle. Mais il ne dispose d’aucune expression dans la langue qui puisse préciser, rendre compte avec justesse de ce que à quoi ressemble le colonel : la périphrase « je ne sais quoi de funeste qu’aucune parole humaine ne pourrait exprimer » montre bien l’absence d’idiome dans la langue pour désigner ou qualifier cette « silhouette due au hasard » ou ce portrait de Rembrandt sans cadre ». Ces références à l’art pictural soulignent également l’indécision de Derville dans la mesure où il

devient une pure représentation, l’image imprécise d’un être et non un être véritable. Il est, pour finir, assimilé à une « fantaisie de peintre » dont « le visage semblait mort » et dont « les yeux paraissaient couverts d’une taie transparente » : les deux verbes de perception marquant l’hésitation, témoignent des sentiments contradictoires qui animent l’avoué à ce moment précis de l’histoire.

Derville ne peut, dès lors, distinguer la réalité de l’illusion provoquée par cette apparition nocturne, véritable « sujet d’étonnement » pour lui comme pour le lecteur à cette étape de sa lecture.

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