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Famille et mythe gréco-romains

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Par   •  22 Mai 2018  •  Dissertation  •  6 155 Mots (25 Pages)  •  889 Vues

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Famille et mythe gréco-romains

Introduction

Pour définir le mythe, c’est un récit des origines. Selon Mircea Eliade, le mythe raconte une histoire sacrée. On rapporte comment quelque chose s’est produite ou comment elle a commencé. Les mythes, comme récit des origines, ont leur importance dans la définition de la famille. En effet, il y a certains nombres de mythes qui ont traits à des structures familiales. Ces sont des mythes d’explications et de justifications des structures familiales. Exemple type : la séparation et la distinction de l’homme et la femme, la justification du mariage, le rapport entre famille et cité, etc.

Le paradoxe est que le mythe au sens grec est un récit, mais les Grecs sont considérés comme les inventeurs de la raison (le logos) et également de l’histoire, au sens d’historia, d’enquête. Ils sont à l’origine de la pensée rationnelle, mais ils sont en même temps dans la pensée mythique. Or, les historiens déconstruisent les mythes. Mais opposer le mythe et la raison ne permet pas de comprendre les enjeux. Les historiens anciens, comme Pausanias (II es), qui écrit La Périégèse, raconte son voyage et l’histoire de chaque cité qu’il traverse et leurs mythes de fondation. Il raconte les mythes, mais explique que de toute façon, il ne croit pas au mythe. Hérodote, Tite-Live (I es) sont aussi des exemples de scepticisme envers les mythes.

Alors comment comprendre l’intérêt que les Anciens portaient aux mythes, alors qu’eux même considérait les mythes dépourvus de caractère historique ? Paul Veyne essaye de proposer une réponse dans son ouvrage Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? La force du mythe se situe au-delà de la question du vrai et du faux. Ce qui est faux peut être vrai. La vérité mythique doit être distinguée de la vérité rationnelle et de la vérité historique. Ce qui compte, ce sont les valeurs et les principes véhiculés par le mythe. Il y a une vérité du mythe dans le sens où il porte des valeurs, celles de la société qui l’ont produit. Il y a donc le mythe, avec ses valeurs, et celles-ci ne sont pas forcements contradictoires avec l’histoire (l’historia au sens d’enquête) ou le logos, cad la raison, l’analyse critique.  

Deuxièmement, Marcel Detienne, dans L’invention de la mythologie, tout comme Paul Veyne par la suite, a souligné qu’il fallait distinguer le mythe de la mythologie. Aujourd’hui, en Occident, on est dans une pensée de moins en moins mythique. Par contre, on aime toujours la mythologie, cad le récit des aventures des dieux. Cependant, la mythologie née dans l’antiquité comme une sorte de forme affaiblie, dégradée du mythe. La mythologie est simplement le triomphe de la narration, cad du simple récit. Ce qui compte est moins le symbole que les péripéties. Aujourd’hui, un film mythologique est regardé non pas pour ses valeurs ou pour l’explication des origines, mais pour les aventures des personnages. Sans y changer le symbolique, le récit devient autosuffisant, cad qu’il devient une fin en soi, il n’est plus porteur de valeur d’une communauté. Ce processus commence dans l’antiquité et s’accélère progressivement.  

Dans le cas de l’étude de la famille, le mythe apparaît essentiel car le mythe relie la structure civique, cad le modèle de la cité, aux structures familiales existantes. Les mythes anciens articulent famille et politique. Ils pensent la cité par rapport à la famille, ou la famille par rapport à la cité. Ici, on parle de la famille dans sa diversité et sa variété de structures anciennes. La famille ancienne se décline au pluriel : il n’y a pas une forme de famille, mais plusieurs formes de familles. La famille englobe à la fois le génos (grec), la gens (romain), la familia, l’oikos, la phratrie, et même dans certains cas l’ensemble de la famille.

  • Problématique : on s’interroge sur la dimension politique et civique des mythes familiaux.

Les sources sont extrêmement variées et sortent en partie du cadre chronologique. On retrouve les épopée Homériques, à la base de l’éducation grecque, plusieurs textes du poète Hésiode, qui racontent notamment la création du monde, des textes d’Hérodote, et tous les auteurs grecs comme Pseudo-Apollodore, Pausanias, et les auteurs romains comme Ovide, Tite-Live et Virgile qui racontent les premiers temps de Rome.

  1. Famille et mythes d’autochtonie

  1. La fondation de Rome (exemple romain)
  • Virgile, Enéide, chant XII

L’extrait raconte l’installation difficile des Troyens exilés en Italie. Enée veut épouser Lavinia, la fille d’un roi local qui gouverne les Latins. Ici, c’est l’épisode où le prétendant de cette jeune fille est amené pour combattre Enée. Le mariage est à l’origine de Rome. Les Romains se pensent comme étrangers des Troyens, mais aussi comme des autochtones, par la figure de Lavinia. La ville apparaît comme l’épouse du héros. La ville est identifiée à l’épouse du héros, qui est le premier citoyen de la ville. Il entretient avec celle-ci un lien de nature matrimoniale avec sa cité. Ce lien de nature matrimoniale est aussi un lien de nature fécondante. C’est un lien qui se traduit par l’ancrage territorial du héros. Le héros se marie à une femme et une terre. Il s’ancre sur une terre. La dimension matrimoniale est une dimension incontournable.

  • Tite-Live, Histoire romaine, livre I

Il raconte la fondation de Rome. Ce texte marque la distance critique que les Romains avaient avec leurs propres mythes. Remus et Romulus sont nés de Rhéa Silvia (une vestale) et du dieu Mars. Ces deux enfants sont abandonnés, par leur oncle Amilius, qui a pris le trône.

  1. Le père de famille à pouvoir de vie ou de mort. Cette partie du mythe reflète une réalité.
  2. De plus, Romulus et Remus sont allaités par une louve qui symbolise à la fois la maternité mais aussi la terre, le sol. En effet, la louve les recueille et les nourrit au sein d’une grotte. C’est ce qu’on appelle la grotte Lupercale. La maternité a une dimension sauvage, au sens des espaces sauvages en dehors du monde civilisé. La terre est donc reliée au féminin.
  3. Une fois passé la découverte des jumeaux, on remarque que la fonction nutritive passe par l’homme, le berger Faustulus. Il assure le rôle du père nourricier, qui va devenir une fonction importante du paterfamilias.  
  4. Le mythe se termine par le récit du retour des jumeaux dans leur cité. Or les jumeaux éliminent l’usurpateur et rétablissent leur grand-père Numitor. La légitimité du paterfamilias restaurée dans ses fonctions permet le retour à l’ordre dans la cité.      

Ainsi, la cité a une dimension familiale forte. Elle est la cité du roi dans un premier temps, par la suite du citoyen, qui est lié à la cité et à la terre, comme le sont les modèles mythiques d’Enée par exemple. Tout ceci concoure à encrer la cité dans la terre.

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