"petites vieilles" de Charles Baudelaire

Paragraphe argumenté : « Les petites vieilles » de Charles Baudelaire

Question étudiée : Quelles caractéristiques de la poétique baudelairienne sont mise en exergue à travers la représentation des petites vieilles ?

Quand on évoque la poétique baudelairienne, c’est une manière de parler de la fameuse modernité baudelairienne. En effet, Baudelaire n’est pas ce qu’on peut appeler un poète traditionnel : il développe des thèmes nouveaux et les aborde sous un angle nouveau. Ainsi, il est moderne tant sur le fond que sur la forme. Baudelaire est fasciné par la laideur. C’est un thème modernisé par le poète puisque, comme il l’évoque dans les Curiosités esthétiques, selon lui « le beau est toujours bizarre ». Ainsi, Baudelaire ne dit pas ce que le beau est, il conçoit ce qui pour lui rend une chose belle, ce qui différent. L’objectif du poète dans ce recueil est d’exhiber ce qui est beau dans le laid. Ce qu’il illustre dans l’épilogue aux Fleurs du Mal où il écrit : « Tu m’as donnée ta boue et j’en ai fait de l’or ». Le poème « Les petites vieilles » (situé dans la section « Tableaux Parisiens » des Fleurs du Mal) est une parfaite représentation de ces deux caractéristiques de la poétique baudelairienne (le laid ainsi que le mélange du beau et du grossier). Il évoque dans un premier temps les personnages mis en scène de son poème par « petites vieilles » ; une formulation péjorative qui laisse penser qu’elles ne sont caractérisées au premier abord que par leur âge avancé. En effet, elles ne sont même plus considérées comme humaine puisque le poète écrit au vers 5 qu’elles « furent jadis des femmes » et qu’elles ne sont plus que des « êtres singuliers (v.4) ». Cependant, l’humanité n’est pas la seule chose que Baudelaire retire à ces petites vieilles. Dans ce même vers 5, elles sont identifiées comme des « monstres disloqués » qui sont « brisés, bossus Ou tordus (v.6-7) ». Ainsi, il semble que selon Baudelaire, ces personnages ne sont que des monstres retraités de leur humanité. Ce poème est particulièrement révélateur de cette esthétique de la laideur propre à Baudelaire : la laideur, l'horreur, le mal, ... deviennent des objets poétiques dont on peut faire surgir la beauté, le Beau. Ici, les petites vieilles, ces « monstres disloqués », sont à la fois « décrépits » et « charmants ». 

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