Victor Hugo les contemplations

Exposé sur Les Contemplations

I – Introduction 

La problématique associée aux Contemplations est « Les Mémoires d'une âme », comme Victor Hugo définit lui-même le recueil dans sa préface. Nous pouvons donc nous demander en quoi Les Contemplations sont « les Mémoires d'une âme ». Nous nous intéresserons tout d'abord aux différents sens du nom « Mémoires », puis nous analyserons la signification du complément du nom « d'une âme ».

II – Le nom « Mémoires »

Le nom « mémoires » étant au pluriel, nous pouvons aussi bien l'interpréter comme masculin ou féminin.

1) Au féminin

Au féminin, il signifie la capacité que chacun a à rendre proches des souvenirs lointains. Par conséquent, Les Contemplations peuvent être un journal intime, un album de souvenirs. On retrouve par exemple cette idée dans le troisième poème du livre I « Aurore », « Mes deux filles ». Victor Hugo y décrit en effet un souvenir de ses filles quand elles étaient enfants.

2) Au masculin

Au masculin, il désigne le récit d'événements historiques, privés ou collectifs dont une personne est témoin. C'est donc un récit de vie vu à travers une conscience et une subjectivité. On retrouve donc deux dimensions aux mémoires : la dimension autobiographique et la dimension historique et collective.

Les Contemplations ont bien une dimension autobiographique puisque l'auteur fait le récit de sa propre vie. En effet, le recueil est structuré selon une logique biographique. Victor Hugo raconte d'abord sa jeunesse (« Aurore »), ses amours (« L'âme en fleur ») et son combat contre la misère sociale et la pauvreté (« Les luttes et les rêves »), dans la première partie « Autrefois » où il est un homme heureux et accompli comme nous le montre le poème « Heureux l'homme ». Puis vient la césure se situant en 1843, date de la mort par noyade de sa fille Léopoldine. Victor Hugo nous fait part de sa douleur dans le livre IV « Pauca Meae ». Cette valeur autobiographique est notamment attestée par le poème « Demain dès l'aube » qui évoque le deuil de Victor Hugo.

Cette autobiographie poétique est renforcée par l'ancrage temporel précis puisque Victor Hugo date ses poèmes, d'une date parfois fictive mais qui permet de retracer symboliquement les étapes de l'itinéraire spirituel du poète. Cette recomposition des dates lui permet en effet de reconstruire sa vie et de trouver un nouvel itinéraire pour surmonter la mort de sa fille.

Les Contemplations possèdent aussi une dimension historique et collective. En effet, le recueil relève aussi du genre des Mémoires au sens où il est le point de rencontre entre l'histoire individuelle et l'histoire collective. L'auteur et ses lecteurs sont en effet liés par des expériences et des engagements communs. En recomposant les dates, il fait en sorte que les bouleversements intimes de sa vie soient associés à des destinées plus collectives qui interpellent le lecteur. On retrouve notamment cette dimension dans le livre III « Les luttes et les rêves » qui est emblématique de l'engagement de Victor Hugo et sa volonté de témoigner des événements du XIXe siècle. Il porte un regard critique sur cette société dont la première révolution industrielle ne tient pas ses promesses et crée au contraire de la précarité et des inégalités. Cet engagement se reflète notamment dans le poème « Melancholia » du livre III qui dénonce le travail des enfants et la misère. Cet engagement est donc celui de tout le peuple français qui vit dans cette société injuste. Les engagements du lecteur se reflètent dans ceux de Victor Hugo car leurs expériences sont communes.

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