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Translations des textes du XVI° siècle

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Par   •  16 Mai 2021  •  Cours  •  1 593 Mots (7 Pages)  •  372 Vues

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Translation des textes du XVI° siècle

 Translation de l’extrait 1 de Montaigne (« Des Cannibales »)

 […] Après avoir longtemps bien traité leurs prisonniers, avec tous les agréments qu’ils peuvent imaginer, celui qui en est le maître réunit beaucoup de personnes de sa connaissance : il attache une corde à l’un des bras du prisonnier, par le bout de laquelle il le tient éloigné de quelques pas, de peur d’être blessé par lui, et il donne à son ami le plus cher l’autre bras à tenir de la même façon ; et ces deux-là, en présence de toute l’assemblée, l’assomment à coups d’épée. Cela fait, ils le font rôtir, en mangent une partie en commun et en envoient des morceaux à leurs amis absents. Ce n’est pas, comme on le croit, pour s’en nourrir, comme le faisaient autrefois les Scythes : c’est pour exprimer une extrême vengeance. J’en veux pour preuve ce qu’ils firent quand ils s’aperçurent que les Portugais, qui s’étaient ralliés à leurs adversaires, les faisaient périr autrement, quand ils les capturaient : ils les enterraient jusqu’à la ceinture, tiraient sur le reste du corps une grosse bordée de flèches, puis les pendaient. Quand ils virent cela, ils se dirent que ces gens de l’autre monde, en hommes qui avaient semé la connaissance de beaucoup de vices chez leurs voisins, et qui étaient bien plus experts qu’eux en toute sorte de malice, ne choisissaient pas sans raison cette sorte de vengeance, et qu’elle devait être plus dure que la leur : ils se mirent alors à quitter leur ancienne coutume pour suivre celle-ci. Ce qui me désole, ce n’est certes pas que nous remarquions l’effroyable barbarie qu’il y a dans une telle action ; c’est bien plutôt que, jugeant bien de leurs fautes, nous soyons si aveuglés sur les nôtres. Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à déchirer par des tortures et des supplices un corps qui a encore toute sa sensibilité, à le faire rôtir à petit feu, le faire mordre et blesser par les chiens et les pourceaux (comme nous l’avons, non seulement lu, mais vu de fraîche date, non entre des ennemis d’autrefois, mais entre des voisins et des concitoyens, et, ce qui est pire, sous prétexte de piété et de religion), que de le rôtir et le manger une fois qu’il est mort.

 Translation de l’extrait 2 de Montaigne (« Des Cannibales »)

 Trois d'entre eux, ignorant combien coûtera un jour à leur tranquillité et à leur bonheur la connaissance des corruptions de ce côté-ci de l'océan, ignorant aussi que de cette fréquentation viendra leur ruine (dont je devine d’ailleurs qu'elle est déjà fort avancée), bien malheureux qu'ils sont de s'être laissé duper par le désir de la nouveauté et d'avoir quitté la douceur de leur ciel pour venir voir le nôtre, vinrent à Rouen au moment où le défunt roi Charles IX y était. Le roi leur parla longtemps ; on leur fit voir nos manières, notre faste, ce que c’est qu’une belle ville. Après cela, quelqu'un leur demanda ce qu'ils en pensaient et voulut savoir ce qu'ils avaient trouvé là de plus extraordinaire ; ils répondirent trois choses - j'ai oublié la troisième et j'en suis bien contrarié ; mais j'en ai encore deux en mémoire. Ils dirent qu'ils trouvaient d’abord très étrange que tant de grands hommes barbus, forts et armés, qui entouraient le roi (ils parlaient sans doute de ses gardes suisses ), acceptent d’obéir à un enfant, et qu'on ne choisisse pas plutôt l'un d'entre eux pour commander ; deuxièmement (dans leur langage, ils nomment les hommes « moitiés » les uns des autres) ils avaient remarqué qu'il y avait parmi nous des hommes repus et gorgés de toutes sortes de commodités et que ceux qui étaient la « moitié » d’eux mendiaient à leurs portes, décharnés par la faim et la pauvreté ; et ils trouvaient étrange la façon dont ces « moitiés » miséreuses pouvaient supporter une telle injustice, sans prendre les autres à la gorge ou mettre le feu à leur maison. Je parlai à l'un d'eux d’entre eux très longtemps ; mais j'avais un interprète qui me suivait si mal et que sa bêtise empêchait tant de comprendre mes idées, que je ne pus guère en tirer de plaisir. Quand je lui demandai quel bénéfice il tirait de la supériorité qu'il avait sur les siens (car c'était un chef militaire, et nos matelots l'appelaient « roi »), il me dit que c'était de marcher le premier à la guerre ; de combien d'hommes était-il suivi ? il me montra un certain espace pour indiquer que c’était autant qu'on pourrait en mettre là, et cela pouvait faire quatre ou cinq mille hommes ; en dehors la guerre, toute son autorité s’évanouissait elle ? il dit que ce qu’il lui en restait, c’était que, quand il visitait les villages qui dépendaient de lui, on lui traçait des sentiers à travers les fourrés de leurs bois, pour qu’il puisse y passer bien à l'aise. Tout cela n’est pas si mal : mais quoi, ils ne portent point de haut-de-chausses1 !

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