Tirade de Sganarelle, Acte I scène 1, Dom Juan de Molière

Tirade de Sganarelle, Acte I scène 1, Dom Juan de Molière

Le 17e, siècle du classicisme donne toutes ses lettres de noblesse au théâtre. Ainsi même la comédie genre jusque-là considérée comme mineure s'élève en s'emparant de sujets sérieux. Ce changement est particulièrement remarquable à travers les œuvres de Molière qui n'hésite pas à traiter de l'éducation dans l'école des femmes 1662 ou encore de la religion dans Tartuffe 1664. C'est d'ailleurs après la censure de cette dernière que Molière décide de présenter le 15 février 1665 au théâtre du Palais-Royal, Dom Juan où le héros éponyme fait figure de libertin le texte soumis à notre étude appartient à la scène 1 de l'acte 1 et met en scène Sganarelle, le valet de Don Juan, et Gusman celui de Done Elvire. Nous demanderons quelle est la fonction dramaturgique de ce passage. Celui-ci se compose de 3 mouvements. Le premier des lignes 1 à 4 fait office de préambule rappelant le contexte de la situation. Des lignes 4 à 13, nous rentrons dans le vif du sujet avec la présentation de Dom Juan par son valet. Enfin le dernier mouvement, lignes 13 à 21, nous renseigne sur la relation entre Sganarelle et son maître.

Dans le premier mouvement du texte, S permet au lecteur de comprendre la situation. Tout d’abord il se présente comme intime de Don Juan ainsi la forme négative « n'est pas grande peine » et un euphémisme prouvant que S sait déchiffrer le comportement de son maître. Aussi va-t-il chercher à le présenter au naïf Gusman comme en attestent les verbes « comprendre » et « connaissez ». l'emploi récurrent du pronom personnel « je » et la forme accentuée « moi » peuvent suggérer que ce savoir sur DJ le rend un peu supérieur, il se donne de l'importance pourtant sa pollution de valet est suggérée par le groupe nominal « par son ordre » et en recourant systématiquement à des formes négatives « je ne dis pas », « je n'en ai point certitude » ou encore « il ne m'a point entretenu », il prouve qu'il ne peut émettre que des suppositions sur le comportement de Don Juan face à Done Elvire. En effet le mérite de cette tirade est annoncé le sujet même de la pièce. Celui-ci apparait grâce à la proposition subordonnée conjonctive « qu'il ait changé de sentiment pour done Elvire ». Cette pièce traiterait donc de l'amour et plus particulièrement de l'inconstance amoureuse voire de l'infidélité Sganarelle le dit d'ailleurs sans le dire avec le groupe nominal indéfini « la chose ». Le valet s'apprête donc à révéler des confidences sur son maître qu’il qualifie immédiatement de « pèlerins » renforçant ainsi le caractère ambigu de ce personnage.

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