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Synthèse Eldorado

Fiche : Synthèse Eldorado. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Avril 2019  •  Fiche  •  2 584 Mots (11 Pages)  •  2 254 Vues

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SYNTHESE - “L’homme d’Eldorado” extrait d’Eldorado - Laurent Gaudé

        Laurent Gaudé est un écrivain et dramaturge français né en 1972 à Paris. Il publie Eldorado en 2006, après avoir acquis pas mal d’expérience dans l’écriture et un certain succès avec La mort du roi Tsongor (2002) et Le soleil des Scorta (2004). Dans ce roman Laurent Gaudé traite la question de l'exil et des migrants en croisant deux histoires : celle de Salvatore Piracci, commandant qui navigue depuis vingt ans au large des côtes italiennes, afin d’intercepter les embarcations des émigrants clandestins et celle de Soleiman un jeune Libyen qui fuit vers l’Europe. L’extrait proposé est tiré du milieu du roman (p.136137), moment où le commandant Piracci, après une rencontre bouleversante remet en cause ses valeurs et fait le voyage inverse de la poursuite de l’Eldorado traditionnelle. Il part d’Europe pour se rendre en Afrique. On peut alors se demander : « En quoi l’homme en perdition qu’est le commandant Piracci est-il un migrant particulier ? ». Dans un premier temps, nous verrons comment le personnage vit son départ loin de sa terre natale, puis en quoi sa quête est originale.

I. La fuite de Catane : La solitude :

        Tout d’abord, on constate que l’extrait insiste sur l’isolement de Piracci qui apparaît comme un homme en perdition. Le capitaine est seul. Il l’est physiquement car il vogue sur sa barque au beau milieu de l’océan cf ligne 1 « dans sa barque silencieuse » (où l’on pourrait considérer qu’il y a une hypallage : adj silencieuse qualifie « barque » mais pourrait s‘appliquer au héros ici le pronom personnel « il »). Il n’est désormais rien qu’une “infime partie de l’immensité qui l’entourait” l.2 (à l’oral relevez l’antithèse entre « infime partie » et « immensité ») lui, l’unique personne à tenter la route de l’Eldorado à “contrecourant du fleuve des émigrants” l.20. On note aussi que cette solitude est retranscrite à travers le froid “le froid déjà l’entourait.” l.29, il a pour seule compagnie la mer mais il se perd en elle puisqu’elle est “vaste” l.30.

De plus, l’accent est mis sur la solitude intérieure du héros (utilisation du point de vue interne / verbes de perception) : ses pensées ne sont dirigées que vers son objectif : «Il ne pensait plus qu’à cela » (l.19), « il ne pouvait compter que sur ses propres forces (l.26). Il s’interroge (cf les questions oratoires qu’il formule ) « Comment fait-on pour obtenir ce que l'on veut lorsque l'on n'a rien ? De quelle force et de quelle obstination faut-il être ? » (l.27/28) sans trouver de réponse ce qui montre qu’il est face à une forme de vide et dénote son tourment.

=> Le commandant est désormais exclu du monde, c’est un homme sans identité. La mort d’une identité :

En effet, on constate que le départ du capitaine représente en quelque sorte pour lui une annihilation de son identité et un abandon de soi. Il affirme d’ailleurs lui-même «Je suis nu […] comme seul un homme sans identité peut l’être ». En se fondant dans la nuit, le commandant se fond en quelque sorte dans l’univers : il en devient un élément imperceptible presque invisible, acquiert une dimension cosmique comme le prouve la ligne 1 : « il se sentait à la dimension du ciel” ainsi que l’antithèse, précédemment évoquée, l.2 « Il était une infime partie de l’immensité qui l’entourait ». Cette perte d’humanité est d’ailleurs soulignée par le nom « silhouette » (l.31) et par l’idée de néant transcrite avec l’emploi de termes négatifs (pronoms indéfinis, négation restrictive) « Il n'était plus personne […] Rien d'autre qu'un homme de plus, un pauvre homme de plus sur la route de l'Eldorado. » (l.36/37). C’est comme s’il n’était plus maître de son destin, qu’il se laissait guider par la vie : « L’instant imposerait son rythme » (l.7). L’âme du capitaine semble s’envoler et ce départ s’apparente à une mort symbolique empreinte de nostalgie et tristesse. Une mort symbolique empreinte de nostalgie et de tristesse : On relève dans le texte plusieurs références à la mort. Tout d’abord, l.1, « Catane s’éloignait » représente la fin de l’histoire entre Catane et le Capitaine. Lui qui a passé toute sa vie dans cette région, à arrêter des migrants, aujourd’hui il s‘en va, c’est comme si l’ancien Piracci mourait pour en laisser apparaître un nouveau. Le verbe « plongerait » (l.8) quant à lui, suggère un saut dans le vide, sa disparition symbolique du monde des vivants et son « arrivée » au ciel. (cf : symbolique de l’eau dans les mythologies antique et celtique par ex ) Puis, le verbe “il repensa” (l.17) qui est associé à la phrase prononcée par l’inconnu du cimetière renvoie à l’idée d’un homme qui fait le bilan de sa vie. Par ailleurs, entre les lignes 10 à 14 Lampedusa - passage obligatoire des migrants – est évoquée. Le personnage laisse derrière lui ce « caillou » qu’il assimile à « une dernière bouée », image claire du dernier indice de vie avant l’inconnu. Cet endroit abrite le cimetière dont parle le capitaine à la l.17. (voir p.109-112)  Or, on note que le capitaine s’en détourne l.11, “il ne voulut pas s’y arrêter  […] qu’il fallait abandonner derrière soi au plus vite ; il y a comme une urgence à abandonner le passé et le lieu qui l’incarne. Le personnage sait qu’il “change” de vie, et donc il abandonne son premier « moi » : il le laisse mourir pour en laisser apparaître un autre. Cet abandon génère une sorte de mélancolie que le texte rend perceptible à travers le champ lexical du silence et de la douceur. “dans sa barque silencieuse” l..1, “La nuit l’entourait avec douceur. Les vagues berçaient son embarcation avec des attentions de mère” L.16-17 (métaphore allégorique à relever à l’oral) Il devient alors sensible aux émotions et à la survie, ce n’est plus une routine mais un but désormais pour lui qui le rendrait heureux “Il voulait que ses yeux brillent de cet éclat de volonté” L.23. “L’air, déjà, était plus vif autour de lui. Les instants plus intenses” l.25.  Par l’emploi du comparatif, ces phrases insistent sur les sentiments du personnage qui, dans ce moment de rupture entre deux étapes de sa vie, paraissent exacerbés. => Or, sa nouvelle vie est celle d’un migrant qui part à la conquête d’un Eldorado à la fois universel et singulier.

II La quête de l’Eldorado :

        Salvatore un migrant singulier Une renaissance / un départ vécu comme une deuxième naissance / la naissance d’un nouvel individu

La métamorphose en réfugié (exilé, migrant) est vécue par Salvatore Piracci comme une renaissance, le début d’une seconde vie. A la ligne 16 l’assimilation entre le mouvement des vagues et les attentions d’une mère transforme Salvatore en un enfant né de la mer et prêt à démarrer sa nouvelle vie. L’image (presque religieuse) de la nudité l.15 « je suis nu» renvoie à celle du nouveau-né et accentue cette idée de nouvelle naissance. L’eau est ici, comme souvent, dotée de vertus purificatrices. Le changement qui s’accomplit, cette renaissance, est similaire à la mue d'un serpent : Piracci se débarrasse de son ancienne identité, pour une nouvelle comme on le voit ligne 31 : "Il allait être, à son tour, une de ces silhouettes qui n'ont ni nom ni histoire" : le ct circonstanciel "à son tour" souligne bien cette transition, cette idée de passage qui ramène au passage physique d'un pays à un autre, comme le font les migrants ; et "il allait être", périphrase équivalant au futur, montre qu'il va effectivement changer d'identité. On remarque aussi que le passage des lignes 34 et 35 : " ces combats qu'il faudrait mener pour atteindre ce qu'il voulait" suggère que Salvatore va voir la Libye comme un lieu où il va comprendre qui il est. C’est pourquoi il reste animé par une sorte de flamme comme le prouve le syntagme l.2 introduit par la conjonction de coordination d’opposition « mais  une partie vivante » : malgré son départ le commandant reste un homme en vie et déterminé. Cette image est accentuée par l’allégorie de la peur -l. 3 « une peur qui lui fouettait les sangs »- qui montre sa volonté d’atteindre son Eldorado. A la l.36 la phrase « il se sentait heureux » suggère que le nouveau départ  semble combler le commandant. => Cette sérénité s’explique par le fait que sa migration a une dimension spirituelle plus que matérielle. La conquête de l’inconnu : une quête spirituelle En partant à la recherche de son Eldorado, Salvatore part à la conquête de l'inconnu. En quittant Catane, il se lance à l'aveugle vers quelque chose qu'il ne prévoit pas, sans rien, sans "aucun plan" cf ligne 6: " Il n'avait plus aucun plan" : il y a un vertige de la liberté qui n’est pas sans provoquer une certaine appréhension : cf l.2 « il avait peur ». De plus, l’inquiétude est inhérente au départ comme le prouve le recours aux procédés de modalisation dans les phrases : « il ne savait ce qu’il ferait une fois làbas. » (l.6), « cela n’avait pas d’importance » (l.8), « il resterait peut-être » (l.7). On remarque également que même si la destination est indiquée (l.6) il semble que son voyage n’ait pas d’objectif précis. Il parle, lignes 33/34, d'aller "Ailleurs. Toujours ailleurs". (NB : 2 phs non verbales avec répétition de l’advb « ailleurs ») et cet « ailleurs » semble être moins un lieu précis qu’un objectif irréel. D’ailleurs la conquête de l’Eldorado, de l'inconnu, est l’occasion pour Salvatore d’aller chercher des réponses. S’il est indéniable que Salvatore se rapproche de tout migrant, il s’en distingue néanmoins d’abord par l’objectif de sa quête. Il est à la recherche d’un bien être spirituel plus que matériel. (« ni or, ni prospérité » l.22) Puisqu’il part vers des « pays où la terre se craquelle » il n’est pas question de richesse au sens premier. Ce qu’il veut posséder c’est une force, celle qui fait avancer coûte que coûte : cf la longue phrase (4 propositions) lignes 23-24. Posséder « l’éclat de volonté » n’est possible qu’au prix d’un parcours épique semé d’obstacles comme le montrent les verbes à l’infinitif lignes 25-26 « penser à nouveau, élaborer des plans, se battre » ainsi que certains termes tels que « heures d’efforts » « combats » « aller jusqu’au bout ». Piracci cherche à connaître les mêmes obstacles, le même combat que les migrants sans doute fasciné par leur obstination sans faille. Les interrogations rhétoriques l.26-27 montrent d’ailleurs son admiration pour des pauvres gens cherchant à quitter leur pays par n’importe quel moyen et étant obligés de se débrouiller sans personne à la seule force de leur résistance. Le commandant qui a passé ses dernières années à stopper ces gens se retrouve ainsi dans la même situation qu’eux. Plus tard l. 31 il se définit lui-même comme un futur

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