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R. Desnos | Ce coeur qui haïssait la guerre

Commentaire de texte : R. Desnos | Ce coeur qui haïssait la guerre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mai 2016  •  Commentaire de texte  •  1 705 Mots (7 Pages)  •  2 117 Vues

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Lecture analytique n°3

« Ce cœur qui haïssait la guerre » — Robert Desnos

R. Desnos a publié le poème « Ce cœur qui haïssait la guerre » dans un recueil collectif intitulé « L’honneur des poètes », qui permet aux auteurs de publier clandestinement leurs œuvres. Il publia ce poème aux éditions de minuit à la date symbolique du 14 Juillet 1943. Il y invite le lecteur à l’engagement dans la Résistance à l’opposition Nazi, dans une poésie qui se fait politique, sans renoncer au lyrisme. Nous pourrons voir en quoi ce poème est un texte engagé dans le choix d’un lyrisme qui s’ouvre au collectif et par l’appel au combat qu’il fait passer à travers toutes les ressources poétiques.

        

        Ce poème est lyrique dans la mesure où l’auteur exprime ses sentiments personnels. Cependant, il fait preuve d’un lyrisme un peu particulier car la 1ère personne du singulier est peu présente, seulement au verset 7 et 8 « je, me, miens » ; le poète s’incarne ici dans «  ce cœur » qui est beaucoup plus général, et qui peut même être celui du lecteur. Il exprime des sentiments comme la haine, la colère et de façon forte à travers la ponctuation affective qui traduit son émotion où par le rythme très suggestif. Toutefois, il ne veut pas se limiter à un lyrisme exclusivement personnel, mais atteindre au contraire une dimension collective et montrer que ses sentiments rejoignent ceux de millions d’autres : « je l’entends qui me reviens renvoyé par les échos ». D’où l’emploi non pas de « je » mais de « ce cœurs », relayé par « ces cœurs ».

Le mot cœur constitue le centre vital du poème, et reviens 7 fois. Le cœur est d’abord l’organe vital par excellence qui irrigue tout le corps. Ce que transcrit notre texte par le champ lexical de la physiologie : « Veines, sang, cervelle, oreilles ». Desnos suggère ainsi que le sujet qu’il traite et l’appel qu’il lance sont de l’ordre vital. Symboliquement, le cœur est l’organe le est plus intime de la personne le siège des sentiments souvent synonyme d’amour ou encore courage (même veine), ici ce cœur désigne le poète lui-même avec sentiments, ses aspirations, ses tensions : en rejoignant des millions d’autres cœur, il devient le porte-parole de tout le peuple français.

Enfin, le cœur symbole de vie s’élargit ici à une dimension universelle cosmique en s’unissant « au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures ». Par cet élargissement Desnos montre une nouvelle fois l’ampleur de la lutte mais lui donne aussi une valeur de combat primordial de la vie contre la mort.

Ce texte nous dévoile donc particulièrement bien comment le poète sait faire raisonner tous les sens, les significations symboliques et les connotations d’un mot pour lui redonner tout son pouvoir.

        Le poème est clairement scandé par des connecteurs logiques « mais, non », exprimant un véritable tournant dans le texte d’autant qu’il se situe au milieu : « ce cœur » au début du texte est maintenant relayé par « d’autres cœurs, des millions d’autres cœurs ». Desnos montre ainsi que sa révolte individuelle est partagée par beaucoup d’autres, et que de son propre cas, on pense «  la France «  et aux millions de français » avec ce tournement, le poème évolue d’un lyrisme individuel à un lyrisme collectif. La dernière étape du poème est nettement marquée par le « pourtant » du vers 13 qui va être précisé ensuite de façon très argumentative par « mais, car ». C’est à ce moment que se résolve la contradiction du poème. En effet, Desnos est pris sa haine de la guerre et son désir de lutte contre l’oppression. Cette contradiction se noue d’abord dans le système des temps opposant l’imparfait de la profession de la foi pacifiste « ce cœur qui haïssait la guerre » ou encore « battait au rythme des saisons » et le présent du combat introduit par le présentatif « voilà que » marquant un changement brutal. Le champ lexical de la nature « marais, saisons, jour, nuit » associé à la paix est également en opposition avec celui de la violence et de la haine « sang, haine, morts ». Mais cette contradiction se résout dans la dernière partie du poème à travers le mot « liberté », mis en valeurs par la ponctuation et la majuscule, car cette liberté à elle seule justifie tous les combats. Il ne s’agit pas d’un reniement du pacifisme mais au contraire d’une lutte au nom de la valeur qui en était déjà le fondement de la liberté.

Le dernier verset annule ainsi de façon magistrale les oppositions en reprenant le verset 1 et 2 : le dilemme individuel « ce cœur qui haïssait... » est résolu dans la lutte collective « ces cœurs qui haïssaient… ». La liberté placée au centre du verset permet d’unir ce qui était causé comme contraintes dans les premiers versets : « lutte … » qui s’oppose à « pacifisme et nature » puisqu’à travers elle et le combat pour elle, les cœurs retrouvent le rythme vital et naturel et peuvent continuer. Malgré le choix du combat, abattre « au rythme des saisons » de plus l’emploi de l’imparfait « battait pour la liberté » souligne bien que la liberté est la valeur primordiale qui unit l’aspiration à la paix et la finalité du combat. On peut remarquer que le procéder de ponctuation des deux points qui isole un mot est déjà utilisé plus haut pour exprimer « le mot d’ordre » de la lutte dans le verset le plus court du texte et le plus violent « Révolte à Hitler, et mort à ses partisans ». Ce parallélisme dans la construction peut suggérer que les 2 se rejoignent, que le mot d’ordre de la lutte est bien sous-entendu par le mot liberté, ceux qui contribuent encore à annuler les contradictions du début du texte. Et c’est ce qui contribue à placer le poème dans le cadre de la littérature engagée.

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