LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Quels critères fondent la poésie symboliste?

Commentaire de texte : Quels critères fondent la poésie symboliste?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  2 919 Mots (12 Pages)  •  607 Vues

Page 1 sur 12

Commentaire de texte

Question de corpus : Quels critères fondent la poésie symboliste ?

Le symbolisme est un mouvement qui est apparu à la fin du XIX siècle en réaction au naturalisme et au mouvement parnassien. Pour les symbolistes, le monde ne se limite ni à la connaissance rationnelle ni à la rigueur scientifique. Il est un mystère à déchiffrer dans les correspondances des sens : sons, couleurs, visions participent d'une même intuition qui fait du poète une sorte de mage. Le symbolisme oscille ainsi entre des formes capables à la fois d'évoquer une réalité supérieure et d'inviter le lecteur à un véritable déchiffrement, voué à créer des impressions notamment par l'harmonie musicale. Nous sommes ici en présence de cinq poésies du XIX : Baudelaire Correspondances, Jules Laforgue Derniers soupirs d'un Parnassien, Verlaine Art poétique, Mallarmé Un coup de des... et Rimbaud Mon alchimie du verbe. Ces poèmes ont tous étés écrits dans la même époque, et dans le même style symboliste. Nous verrons ici quelles sont les caractéristiques de ce mouvement. D'abord, l'aspect des correspondances, une caractéristique essentielle de la poésie symboliste, et ensuite l'hermétisme.

L'une des correspondances les plus remarquables dans la poésie symboliste est la synesthésie. Dans Correspondances, nous avons : "Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, doux comme des hautbois, verts comme des prairies, Et d'autres corrompus, riches et triomphants, " Le poète associe alors les parfums frais des chairs d'enfants à des hautbois et à la couleur verte des prairies. On observe alors une association du sens de l'odorat : "parfums frais" à celui de la vue "verts comme des prairies". Cette synesthésie établit une correspondance entre différents sens qui n'ont pas de relation logique. En effet, un parfum ne peut pas être vert. Cet effet recourt alors à l'intuition de lecteur, plutôt que de sa logique, en contraire des mouvements littéraires contemporains comme le naturalisme. On retrouve la même forme de synesthésies dans Mon alchimie du verbe : "A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert". Cette synesthésie est connue sous le nom de synesthésie graphèmes-couleurs. Le poète associe une couleur à une lettre de l'alphabet. Ici encore, chercher une signification logique est futile. Il n'y a aucune raison apparente pour laquelle un A serait plutôt noir alors qu'un E serait blanc. Le but n'est donc pas de réfléchir sur la couleur, mais de se laisser porter par ses sens et son intuition en lisant le texte, au-delà du simple raisonnement rigoureux. On remarque d'ailleurs qu'il y a un très large travail sur les sens dans les poèmes présents. Dans Art poétique par exemple, nous avons l’ouïe : "la musique avant toute chose", la vue : "C'est de beaux yeux derrière des voiles [...] pas la couleur rien que la nuance", l'odorat : "Qui va fleurant la menthe et le thym". On a donc une présence abondante de correspondances des sens à travers des synesthésies, mais aussi des descriptions à tendance oxymorique, dans Correspondances par exemple : " Vaste comme la nuit et comme la clarté". La nuit et la clarté s’oppose, et pourtant le poète l'utilise pour décrire la vasteté. Ici encore, le but est d'acheminer le lecteur à utiliser ses sens plutôt que sa logique. Et ici, les correspondances fondent non seulement le style, mais aussi les procédés utilisés : associations, métonymies et métaphores surtout. Dans Derniers soupirs d'un Parnassien, on découvre plusieurs métonymies et associations décrivant des astres. Ligne quatre par exemple: " On dirait que ce globe assoupi ", le globe faisant référence à la forme sphérique de la terre. "Là-haut criblant l'Espace a des milliards de lieues". On devine les étoiles, les astres les plus visibles depuis la terre, qui peuvent nous donner l'impression de cribler le ciel nocturne. "Sans souci des martyrs qui grouillent sur leur flanc". Ici, une métaphore sur les planètes qui suivent leur orbite autour de leur propre étoile, précédemment cité. On remarque aussi une personnification de tous ces astres, encore une correspondance entre un astre et un "martyr", ou un "pèlerin". Les correspondances font donc partie intégrale du mouvement symboliste. De plus, le mot symbolisme en lui-même désigne une correspondance. En grec ancien, le "symbolon" était un morceau de poterie qui était brise en deux et qu'on donnait à des ambassadeurs de cités alliés pour qu'ils puissent se reconnaitre.

Ces correspondances et les procédés qu'ils les entourent peuvent rendre les textes difficiles à comprendre, comme ils se basent sur des sens et des impressions abstraites et subjectives. On a alors une autre des caractéristiques du symbolisme, l'hermétisme. Selon le Larousse : ‘‘ Hermétisme : (nom masculin) Qualité de ce qui est difficile à comprendre pour ceux qui ne sont pas initiés. ’‘ Dans les différents textes du corpus nous verrons en quoi ils ont une qualité hermétique, en commençant par Correspondances. (L.3) " L'homme passe à travers des forets de symboles qui l'observent avec des regards familiers." Cette phrase, malgré plusieurs interprétations possibles, reste difficile à comprendre et à en extraire un vrai sens. On remarque la référence directe à son mouvement, "symboles", "forets" faisant une correspondance avec "Nature" (l.1), et possiblement "piliers", en raison de leur ressemblance géométrique. Pourtant, la phrase reste toujours difficile à comprendre : les forêts de symboles, a quoi font elle référence ? Est-ce qu'elles signifient notre vie, d'où notre "pass(age)" dedans ? Pourquoi ces symboles nous observent t-ils? Plus on essaye de faire recours à la logique dans ces poésies, plus les interprétations sont multiples et abstraites. Le poème ne fait son plein sens qu'à celui qui l'a écrit. On peut alors parler d'hermétisme. Cet hermétisme se répète dans les autres textes, dans Art poétique par exemple. (L.33) "Que ton vers soit la bonne aventure [...] Et tout le reste est littérature." Verlaine compare ici la sonorité d'un vers a plusieurs choses. Il le compare à la "bonne aventure" qui "va fleurant la menthe et le thym". L'hermétisme ici réside en une autre synesthésie qui semble être un non-sens logique. Quel est la musicalité d'un vers qui est "la

...

Télécharger au format  txt (18.7 Kb)   pdf (61.3 Kb)   docx (15 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com