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Quelle vision de la Cour propose Mme de La Fayette dans la Princesse de Clèves ? Une brève analyse du lexique utilisé

Commentaire d'oeuvre : Quelle vision de la Cour propose Mme de La Fayette dans la Princesse de Clèves ? Une brève analyse du lexique utilisé. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Janvier 2020  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 073 Mots (5 Pages)  •  4 540 Vues

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Dès sa publication, La Princesse de Clèves connaît un énorme succès, justifié même aujourd’hui par sa modernité et son analyse profonde des personnages. Publiée anonymement en 1678, l’œuvre prend pour cadre la cour des Valois, dans les dernières années du règne d’Henri II. Si elle est considérée comme le premier roman psychologique moderne, où le déroulement de l’intrigue est principalement fondé sur les émotions des personnages, elle propose aussi, par son cadre historique, une vision bien précise de la Cour du XVIIe siècle. Ainsi, nous allons tenter de répondre à la question suivante: Quelle vision de la Cour propose Mme de Lafayette dans son roman?

Afin d’analyser cette perception de la Cour, nous étudierons principalement le lexique utilisé dans l’incipit du roman, où l’auteure établit le cadre de l’intrigue. Tout d’abord nous étudierons l’exceptionnalité de la Cour telle que décrite par l’auteure et la beauté qui en émane, puis nous verrons l’importance des apparences et de la dissimulation. Enfin, nous analyserons la notion du divertissement, constamment recherchée par les personnages.

Dès les premières lignes du roman, la Cour est caractérisée par sa « magnificence » et par sa « galanterie ». La récurrence de ces deux mots tout au long de l’œuvre, notamment utilisés afin de décrire les membres de la Cour, nous donne déjà une image de celle-ci. Le mot magnificence, tiré du nom latin magnificentia, qui signifie noblesse et grandeur d’âme, renvoie à une beauté remarquable, éclatante, au luxe et à la splendeur. Le mot galanterie, ici, semble renvoyer à l’art de plaire en société par une allure élégante, des procédés obligeants. Ces qualités sont renforcées par l’hyperbole à la ligne 1: « la magnificence et la galanterie n’ont jamais paru avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri Second ». La Cour semble être alors un espace luxueux et raffiné, où tous rayonnent par leur élégance, et qui gravite autour du roi. La Cour possède ainsi une nature extraordinaire; tout sort du commun, tout transcende la mortalité des Hommes. Effectivement, l’hyperbole structure le texte. Mme de Lafayette insiste sur le caractère extraordinaire des personnages, avec des termes comme « jamais » (l. 1 et l. 31), « tant d’éclat » (l. 2), « de plus beau » (l. 29), ou « incomparable beauté » (l. 36), et en accumulant les titres de noblesse. Cet aspect de la Cour, influencé par la nature romanesque de l’œuvre, est d’autant plus mis en valeur que les règles de l’incipit traditionnel sont complètement ignorées, afin de privilégier cette description hyperbolique de la Cour. En effet, les personnages principaux n’y sont pas introduits.

Cependant, l’analyse du champ sémantique des mots, de leurs nuances, dresse un portrait différent de la Cour, plus péjoratif. En effet, le mot magnificence lui donne un caractère superficiel. Le luxe cache le vice, et la splendeur les troubles qui s’y trouvent. Cette idée est d’autant plus renforcée que le mot galanterie, bien qu’il évoque la courtoisie et l’élégance des courtisans, renvoie aussi aux aventures amoureuses, et même à l’adultère. Il se rapproche ainsi de son sens étymologique : il vient de l’ancien français galer, qui signifie s’amuser, satisfaire ses plaisirs. Ceci entraîne un joli paradoxe. Au delà des règles et de

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