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Pourquoi Montaigne s’est-il intéressé à la découverte du « Nouveau Monde » ? Comment en rend-il compte ?

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Par   •  15 Mai 2021  •  Dissertation  •  1 553 Mots (7 Pages)  •  617 Vues

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Dissertation

Sujet : Pourquoi Montaigne s’est-il intéressé à la découverte du « Nouveau Monde » ? Comment en rend-il compte ?

        Montaigne est un auteur humaniste du XVIe siècle dénonçant la frénésie des Hommes ainsi que leur intolérance, il est une figure de la lutte contre les préjugés. C’est à travers Les Essais écrits en 1580 que Montaigne réalisera un parallèle entre l’Amérique, ce nouveau continent découvert depuis peu et appelé « Nouveau Monde », et « l’Ancien Monde », l’Europe. Il se servira des nouvelles civilisations indiennes découvertes pour critiquer la société de son époque en Europe. Ainsi, en quoi la découverte de l’Amérique a-t-elle permis à Montaigne de dénoncer le fanatisme et l’ignorance au travers de ses Essais ? Nous verrons qu’au-delà de sa curiosité envers le nouveau continent, Montaigne développe une véritable fascination envers les peuples Amérindiens, et qu’il l’utilise comme tremplin pour critiquer la société européenne.

  1. Une curiosité due à l’inaccessibilité des Amériques

1)         Tout d’abord, une forme de curiosité et d’intérêt existe pour les Amériques qui peut s’expliquer par la récence de leur découverte, datant de moins d’un siècle avant la publication des Essais. Montaigne se montre curieux face à la découverte de l’Amérique. Il se passionne pour les récits des colons ou des missionnaires et les témoignages directs : inaugurant un discours d’anthropologue, il décrit la vie des indiens en s’efforçant de dépasser les préjugés. Mais jamais Montaigne n’assouvit sa soif du Nouveau Monde : son mal de mer le contraint à rester en Europe comme il le dit dans Les Coches : « Moi qui y suis fort sujet », en se référant au « soulèvement d’estomac qui advient à ceux qui voyagent en mer », ligne 22.

2) Montaigne rencontre les Rois Amérindiens à Rouen avec le Roi Charles IX

        De plus, Montaigne semble montrer un intérêt pour les Amériques dès le début des « Cannibales », en nous exposant un témoignage qu’il a lui-même collecté, où il dit : « J’ai eu longtemps avec moi un homme qui est resté dix ou douze ans dans cet autre monde […], à l’endroit où Villegagnon débarqua », Villegagnon étant un colon français au Brésil. Montaigne semble considérer ce continent et dit lui-même « Cette découverte d’un pays infini semble d’importance » (l.14), confirmant l’idée que son engouement au sujet de la découverte du Nouveau a permis de nourrir Les Essais. En dépit de pouvoir s’y rendre, Montaigne a l’opportunité de rencontrer trois natifs d’Amérique à Rouen en compagnie du Roi Charles X et de sa cour ainsi que d’un interprète. Cette expérience inédite le place au rang direct d’interlocuteur avec le Roi Tupinamba.

Transition : Cette curiosité qu’a Montaigne envers l’Amérique va s’accentuer en ce qu’il s’agit des civilisations la peuplant ; celles-ci seront admirées par l’auteur et défendues objectivement.

  1. La fascination de Montaigne pour les peuples Amérindiens

1) Éloge des peuples qui sont restés dans une forme d’état de nature (EAF1)

        Montaigne fait l’éloge des peuples qui sont restés dans une forme d’état de nature, critiquant par exemple la connotation du mot « sauvage » en décalant son sens commun vers un sens plus objectif, énonçant un paradoxe entre l’ordre des fruits sauvages et cultivés puisque les fruits sauvages sont plus consistants et vigoureux (l.119-129, des Cannibales). Ainsi se forme un duel entre la Nature et les artifices, ou plus généralement l’Art ; et Montaigne exprime clairement son opinion en valorisant la Nature : « Ce n’est point raison que l’art gagne le point d’honneur sur notre grande et puissante mère nature » (l.130, Des Cannibales). Il est donc logique que Montaigne valorise la civilisation la plus proche de la nature que sont les Indigènes.

2) Défend les Indiens par les faits, sans porter de jugements, reconnaît la part de violence des Indiens (EAF2)

En outre, le jugement que porte Montaigne envers les Amérindiens est plutôt rare, Montaigne préfère avoir une vision objective qui permet de mieux faire passer ses arguments. Par exemple, il ne nie pas la violence des pratiques Cannibales ni ne la minimise, mais il justifie cela par la symbolique du Cannibalisme qui renforce la cohésion de groupe et les liens amicaux, il s’agit donc d’une mise en scène solennelle. De plus, la torture que pratiquent les natifs sont une imitation d’un concept européen qui leur paraît plus cruel, il s’agit donc d’une réaction normale et raisonnée : « ils pensèrent que ces gens-ci de l’autre monde […] ne prenaient pas sans occasion cette sorte de vengeance […], et commencèrent de quitter leur façon ancienne pour suivre celle-ci » (l.271 à 277, Des Cannibales).

3) Des civilisations très développées : (7 – Des Coches) (p. 34-36)

- Éloquence, ouverture d’esprit, humanité, courage… face aux Espagnols risibles (Des coches, En côtoyant la mer)

Finalement, Montaigne admire les civilisations amérindiennes de par leur ingéniosité et leurs avancées. En effet, il considère très développés les ouvrages réalisés par les Empires d’Amérique notamment la route de Quito à Cuzco ; qu’il assimile à un chef d’œuvre plus impressionnant « en utilité, ou difficulté, ou noblesse » (l.633, Des Coches) que les monuments antiques des civilisations de l’Ancien Monde. Montaigne présente également leurs pratiques matrimoniales et leur langage, affirmant l’élégance de leur civilisation. De plus, Montaigne prête aux Amérindiens des qualités de répartie et d’éloquence face au discours de Requerimiento des Espagnols (Des Coches, en côtoyant la mer…) en faisant preuve d’une ouverture d’esprit et d’une humanité remarquable. Leur courage est également montré lorsqu’ils menacent les Espagnols de « ‘[faire] d’eux comme de ces autres’, leur montrant les têtes de certains hommes justiciés » (l.510, Des Coches).

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