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Pluies de Cendres, Laurent Gaudé (2001) commentaire de texte

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Par   •  12 Janvier 2023  •  Commentaire de texte  •  1 525 Mots (7 Pages)  •  244 Vues

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        Depuis l’antiquité, le théâtre est un moyen de faire passer des messages de manière subtile aux spectateurs. A son apparition, ces messages étaient plutôt des morales et des instructions sur la façon de vivre, mais dès le XVIIe siècle, les critiques de la société et du monde sont devenues plus fréquentes, et les pièces de théâtre devenaient un moyen de partager l’opinion de l’auteur. Ainsi, de nombreux dramaturges ont dénoncé la guerre et le conflit, à l’image de Laurent Gaudé, auteur français des XXe et XXIe siècles, dans sa pièce Pluie de Cendres datant de 2001. L’extrait commenté se situe après le suicide de Korée, alors que la ville est assiégée et que l’issue de ce combat semble être une défaite certaine. Comment ce texte montre-t-il que la guerre frontale change radicalement les individus ? Tout d’abord, la présentation de survivants dévoués et déterminés sera effectuée. Après cela, la douleur omniprésente dans ces scènes sera exposée.

        Premièrement, les trois derniers hommes de la ville encore en vie arborent une détermination sans faille face à une défaite inévitable.

        Leur désir de se battre jusqu’à la fin est flagrant, guidé par leur dévouement et leur haine de l’ennemi. Le monologue de Bratsch dans la scène 5 fait transparaître son âme choquée de soldat. Dès la ligne 3, alors qu’il expose son droit et sa capacité à se sauver pour survivre avec la phrase au conditionnel « Je pourrais partir » répétée à la ligne 5, et la gradation qui suit, de « Parce que je me suis battu comme un lion » jusqu’à « je n’ai de leçons à recevoir de personne. » (lignes 3 et 4), il refuse cette solution de facilité, ce que montre la phrase d’opposition « Mais je ne le ferai pas. » suivie de l’adverbe négation « Non. » à la ligne 5. Bartsch est déterminé à montrer aux ennemis le courage de ses alliés, la métaphore filée de la ligne 7 exprime cette idée « ils comprendront que nous avions une porte et que nous avons décidé de la sceller nous-mêmes », et le paradoxe, si l’ont prend en compte la défaite dont ils souffrent, « nous étions plus forts que, immensément plus forts » (l. 8) renforce cette idée. Argo présente également cette haine et cette volonté de montrer leur grandeur, en laissant la trace de leur humanité, avec l’anaphore aux lignes 15 et 16 « Et ils sauront alors, lorsqu’ils fouleront ces ruines, ils sauront qui qu’ils soient, lorsqu’ils entreront dans la ville et qu’ils découvriront les bâtons en terre, ils sauront que nous n’avons pas cessé d’être des hommes. ». Aussi, Ajac montre cette haine en  qualifiant les ennemis de personnes incapables de vivre sans conflit  par la négation totale ligne 28 « ils ne peuvent pas s’en empêcher », et l’expression « la rage de piller » (l. 29). Cette haine l’obnubile et il trouve alors la force de combattre, en voyant l’avantage qu’il a d’être sur son propre terrain, ce qu’il répète plusieurs fois « Je connais la ville. » (l. 29), « Je connais bien » (l. 34), « Car, de la ville, je connais chaque recoin » (l. 35). Il se voit alors « en tuer le plus grand nombre » (l. 32), ce qu’il justifie par l’hyperbole à la ligne 29 « La nuit, ici, je suis invincible ». La métaphore filée aux lignes 34 et 35 renforce l’idée qu’il se battra jusqu’au bout peu importe les obstacles « je vais partir à la chasse, et les proies seront innombrables ». Ajac semble maintenant être un homme dangereux, prêt à se battre seul contre de nombreux assaillants.

        Par la suite, Argo se dévoue aux défunts, et accompli une tâche funeste primordiale. La didascalie d’entrée de la scène 6 montre que ce rituel est déjà bien entamé : « Argo entre avec une sorte de hotte dans laquelle sont rangés d’innombrables bâtons. […] Chaque bâton est criblé de centaines de petites entailles faites au couteau. » (l. 9 et 10). On comprend que ces entailles sont représentatives des victimes, et la comparaison à la ligne 12 « Les encoches, comme des prières murmurées par le vieil Argo. » justifie l’acte de l’homme. Ces bâtons sont ensuite l’objet d’une métaphore filée sur les répliques d’Argo : « Le vieux fou construit sa forêt » (l. 11) ; « je planterai en terre cette forêt d’arbres manchots » (l. 13 et 14) ; « Je planterai bientôt la forêt des ombres » (l. 14 et 15) ; « la forêt des stèles » (l. 26). Pour accomplir cette tâche, il se mobilise sans arrêt, ce que montre le parallélisme « j’arpente la ville, du nord au sud, d’est en ouest, j’arpente les ruines » (l. 11) et il est déterminer à la terminer intégralement, l’anaphore appuie cette idée aux lignes 12, 13 et 14 « je n’oublierai personne » et « le vieil Argo n’oubliera personne ». Il prend alors soin du corps sans vie de Korée, lui répète « Argo est là » (l. 24 et 25), et s’adresse directement à elle de manière paradoxale à la ligne 25 avec un parallélisme de construction « Tu sentiras mes mains sur ton visage. Tu entendras ma voix dans tes cheveux ». Cette scène se termine sur la phrase poignante à la ligne 26 « Et ces batons scarifiés diront à jamais  ce que tu fus »,  prouvant que son acte à but mémorial reste sans arrêt dans son esprit.

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