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Peut on parler de désir absolu ?

Dissertation : Peut on parler de désir absolu ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  13 Septembre 2015  •  Dissertation  •  1 452 Mots (6 Pages)  •  2 468 Vues

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Sujet : Peut–on parler d’un désir d’absolu ?

PLAN DE DISSERTATION

Le désir est une force, une tendance consciente qui pousse vers l'avant ou vers un objet connu. « Le désir est l’essence même de l’homme, en tant qu’on la conçoit comme déterminée à faire quelque chose » (III, Définition des affects, 1), selon Spinoza. L'Homme est un être de désir, c'est d'ailleurs ce qui le pousse à agir mais le désir est de nature ambiguë. En effet, il est parfois manque chez Platon ou chez Sartre, ou parfois production de soi-même comme être autonome chez Hegel. Si le désir est un manque perpétuel car il n’est jamais totalement satisfait, il est aussi le mouvement par lequel on peut accroître les perfections de son être. Le terme « absolu » désigne en philosophie ce qui existe par soi-même, sans dépendance. Ce qui est absolu n'a besoin d'aucune condition et d'aucune relation pour être. Un absolu ne dépend d'aucune autre chose et porte en soi-même sa raison d'être. « Absolu » a pour synonymes d'une part « inconditionnel », « affranchi », d'autre part « parfait », « achevé », « total ». Puisque « absolu » signifie inconditionné, l'absolu est mis en question par toute recherche du vrai, aussi  tout système philosophique en exprime une conception particulière. « Parler » c’est pouvoir communiquer et donc exprimer une idée, il faut d'abord y penser, l'avoir à l'esprit et donc qu'on pense à ce qu'on va dire avant de le dire. C'est d'ailleurs ce que Descartes suggère puisqu'il dit qu'on ne parle vraiment qu'à propos de ce qui se présente, ce qui implique qu'on a pensé à ce qui se présente, à ce qu'on peut ou doit en dire pour ensuite le faire. La forme verbale « peut-on » peut indiquer la notion de possibilité ou de droit. Dans le cas présent on peut retenir le sens de possibilité.

Le problème que nous pouvons constituer à partir de la question posée est le suivant : il semble difficile de pouvoir soutenir que l’on peut parler de désir d’absolu à partir du moment où l’on considère que l’absolu est quelque chose de complètement indépendant, qu’il est difficile d’atteindre. Les philosophes stoïciens, puis plus tard Descartes, ont démontré que l’on ne pouvait désirer que ce que l’on pouvait obtenir. D’autres auteurs vont jusqu’à condamner le désir notamment les philosophes grecs qui ont une conception ascétique face à la tyrannie du désir. Mais il semble possible de parler parfois d’un désir d’absolu. En effet, si le désir est aussi synonyme d’un manque et plus précisément d’un manque d’absolu chez Platon, pour Hegel c’est la philosophie et la religion qui expriment de manière complémentaire l’absolu d’abord par la représentation puis de façon conceptuelle. Enfin, désirer l’absolu pour l’homme peut être interprété comme la recherche d’un idéal, de la perfection. Ce désir est même nécessaire à l’homme car il est source de vitalité et est une composante de son existence. Désirer c’est exister, c’est avancer, c’est progresser. Ce désir est ainsi un désir d’absolu chez Spinoza. De même Friedrich Nietzsche dénonce la condamnation du désir dans la morale chrétienne. Il s’agit de le spiritualiser, de le diviniser car il est source de volonté de puissance. Enfin pour Saint Augustin, désirer l’absolu c’est en quelque sorte se tourner vers Dieu.

Ne pouvons-nous pas dire que souhaiter obtenir quelque chose qui ne dépend d'aucune autre chose, et porte en soi-même sa raison d'être, est possible, que l’on ne peut désirer que ce que l’on peut satisfaire ? Maintenant ne peut-on pas admettre que l’on peut parler de désir d’absolu à condition que le désir conduise à combler un manque ou qu’il permette de rechercher un idéal, une perfection ? Mais désirer l’absolu ne peut-il pas être une source de vitalité pour l’homme ?

Partie 1 : Il n’est pas possible de désirer l’absolu

  • Le désir se définit comme la tendance à posséder alors que l’absolu signifie est « détaché de » : il y a là une contradiction dans les définitions. Par exemple, les religions conduisent à une quête d’absolu qui apporte la sérénité dans la vie et met fin à l’angoisse de finitude mais en même temps elles condamnent le plus souvent le désir qui est source de pêché et qui détourne de Dieu.
  • On ne peut désirer que ce que l’on peut obtenir. La pensée de Descartes est proche de la morale stoïcienne. Il affirme que c’est pour lui une règle de conduite de préférer réformer ses désirs plutôt que l’ordre du monde car les seules choses qui soient véritablement en notre pouvoir sont nos pensées. Or, c’est une propriété de la volonté de ne désirer que les choses qui semblent possibles. On peut donc en déduire qu’il n’est pas possible de désirer l’absolu car celui-ci n’est pas atteignable. « Les étoiles, on ne les désire pas. » (Goethe). C’est-à-dire qu’on ne désire pas ce qui nous semble inaccessible.
  • D’autres philosophes condamnent le fait même de désirer et appellent à la maîtrise du désir et à la maitrise du soi. Les philosophes grecs ont une conception ascétique face à la tyrannie du désir. Pour Schopenhauer, il faut renoncer au désir par un acte de non-vouloir afin de vivre l’ataraxie.

Partie 2 : L’homme peut désirer l’absolu

  • Il semble que le désir soit toujours lié à la jouissance de posséder quelque chose qui nous manque donc il faut que l’absolu nous manque. C'est ainsi que Platon représente le désir : il est une initiation à la métaphysique. Le désir est le signe d'un manque, d'un manque d'absolu.
  • Hegel défend la recherche de l’idéalisme absolu. Aussi dans cette quête de l’absolu il explique que l’art conduit et accompagne l’homme jusqu'à un certain point où la religion prend le relais. Pour Hegel, même si le désir est destructeur, il n’a pas à être maitrisé par la raison car la dialectique même du désir conduit à son propre dépassement.
  • Désirer l’absolu c’est aussi vouloir atteindre un idéal, rechercher la perfection. Ce désir guide la vie et les actes. Le désir est nécessaire pour avancer. Rousseau montre la valeur du désir en lui-même, en tant que manque et non en tant que satisfaction. Il écrit « Malheur à qui n’a plus rien à désirer ». Mieux vaut donc avoir des désirs à combler que des désirs comblés et mieux vaut avoir quelque chose à désirer que n’avoir plus rien à désirer.

Partie 3 Le désir d’absolu peut être une source de vitalité pour l’homme

  • Spinoza met le désir au centre de l’individu : « le désir est l’essence de l’homme », c’est « la puissance d’agir et la force d’exister. ». Ce désir peut se traduire par un désir d’absolu.
  • Pour Saint Augustin le désir serait le signe d’un manque, ce dont l’homme manque nous révèle quelles sont ses valeurs. Le philosophe interprète cet absolu que nous cherchons à travers le désir : il le nomme Dieu. 
  • Le désir ne se réduit pas à un manque éprouvé. Il y a dans le désir une force, une énergie. Désirer est vital pour l’homme, c’est l’affirmation des plaisirs comme des souffrances pour Friedrich Nietzsche. Le philosophe condamne donc la morale ascétique qui représente pour lui la haine de la vie et du ressentiment. Sa critique vise les prêtes et les sages comme Socrate ou Platon : « Tous les Grands Sages ne seraient que des décadents » et leur ascétisme ne serait qu’un dégoût de la vie. Le désir est une des expressions de la volonté de puissance. Nier le désir, c'est nier la volonté de puissance qui caractérise la Vie. Ainsi les interprétations divines de l'absolu, comme celle du christianisme, doivent affronter l'interprétation nietzschéenne du monde, qui ne connaît pas d'autre « absolu » que la volonté de puissance et l'éternel retour du même. Friedrich Nietzsche distingue, un « bon ascétisme » et un « mauvais ascétisme » : il dénonce ainsi la religion chrétienne qui incite à réprimer les désirs et les passions et il invite plutôt à les sublimer, c’est-à-dire à les transfigurer, à les « spiritualiser ». Friedrich Nietzsche encourage à la sublimation qui est une expression de la volonté de puissance.

Conclusion

Si ce que l’on désire doit être atteignable, il n’est pas possible de désirer l’absolu. Toutefois, désirer l’absolu c’est vouloir atteindre un idéal. C’est le manque d’absolu que l’homme désire combler. La recherche d’absolu peut être une source de vitalité pour l’homme, un espoir. Pour Friedrich Nietzsche, il faut sublimer les désirs. Il écrit dans le Crépuscule des idoles : « L’Eglise combat les passions par l’extirpation radicale : sa pratique, son traitement c’est le castratisme. Elle ne demande jamais : « Comment spiritualise-t-on, embellit-on et divinise-t-on un désir ? » ».  

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