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Mémoires d'outre tombe

Commentaire d'oeuvre : Mémoires d'outre tombe. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Février 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 526 Mots (11 Pages)  •  888 Vues

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Mémoires d'Outre-Tombe, de François-René de Chateaubriand  (1848)

L'ENFANCE ET LA JEUNESSE : 1768-1800 

Cette première partie des Mémoires d'Outre-Tombe de Chateaubriand comprend les années de jeunesse depuis la naissance de l'auteur (1768), jusqu'à son retour de l'émigration (1800).

Elle dépeint la première enfance de Chateaubriand, sa famille, sa vie à Saint-Malo et à Combourg, son séjour aux collèges de Dol et de Rennes, puis à Brest pour subir l'examen de garde-marine. C'est la période de prédilection de la vie de Chateaubriand. Cette partie des souvenirs où revit sa jeunesse a pour lui un charme indicible, qui communique à tant d'épisodes leur fraîcheur et leur grâce. Cette première partie contient des pages justement célèbres sur Combourg, le père de Chateaubriand, sa sœur Lucile, la « sylphide », les rêves et les élans d'amour de son adolescence inquiète. Nul livre ne pare de plus de poésie voluptueuse et triste, l'étude de cette crise d'âme, que l'auteur avait analysée précédemment dans René ; ce sont les souvenirs préférés de sa vie, ceux sur lesquels il s'arrête avec le plus de complaisance, auxquels il prête toutes les grâces de son style, parce que ce sont ceux où il reconnaît l'éveil de sa sensibilité et de son génie. Le lecteur peut découvrir le premier séjour à Paris, où le petit Breton débarque, tout effaré, dans les jupes de Mme Rose, la vie au régiment de Navarre, le retour en Bretagne après la mort du père, le second séjour à Paris et la présentation au roi à Versailles, les premières scènes de la Révolution en Bretagne et à Paris, les conversations avec le bon et bourru M. de Malesherbes dont la petite- fille, Mlle de Rosambo, avait épousé son frère Jean-Baptiste, et le départ pour l'Amérique. Puis vient le voyage en Amérique, les tableaux tragiques et plus souvent humoristiques de sa vie de soldat à l'armée des Princes, les scènes de l'émigration à Londres et en Angleterre. Le contraste qui existait entre la situation présente de Chateaubriand, ambassadeur du roi près Sa Majesté britannique, et sa misère passée, semble exciter l'esprit du conteur ; ces lieux, témoins de son infortune et de celle de ses compagnons « reflètent sur le présent la douce lumière du souvenir » ; et puis partout ; à chaque pas, dans ses promenades solitaires, il voit flotter le cher et mélancolique fantôme de sa jeunesse. « Que je regrette, au milieu de mes insipides pompes, ce monde de tribulations et de larmes ! » Ce cri de son âme, ce gémissement de l'homme qui sur le déclin de l'âge, arrivé au faîte des honneurs, contemple avec émotion sa jeune vie malheureuse et parée de tant de grâces, voilà ce qui communique un charme attendrissant à ces pages où le sourire, sans cesse, est trempé de larmes.

 

LE CONSULAT ET L'EMPIRE : 1800-1814

 La deuxième partie des Mémoires d'Outre-Tombe commence vers l'année 1800 et le retour de l'émigration, et s'étend jusqu'à la fin de l'Empire, exactement jusqu'à l'année 1814 et aux événements qui précèdent l'entrée des Alliés à Paris. Elle comprend la période des grands succès d'écrivain de Chateaubriand : Atala (1801), le Génie du Christianisme et René (1802), Les Martyrs (1809), l'Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811). C'est surtout sa carrière littéraire qui se déroule devant nos yeux avec les accidents politiques dont elle est traversée, le tableau piquant et spirituel de la société, et particulièrement de la société aristocratique et de la vie de château sous le Consulat et l'Empire. Un intérêt nouveau y domine, l'intérêt qu'apporte dans tous les débats du temps la grande figure de Napoléon, l'homme qui s'élève au-dessus de tous les partis, les comprime de sa main puissante et qui finit par tomber, victime lui-même de son lourd despotisme. Si, dans l'ensemble, cette deuxième partie n'a pas la grâce mélancolique et rêveuse, la poésie, le charme pénétrant de la première, la raison en est dans le sujet même ; c'est à regret que l'auteur s'éloigne de cette enfance mystérieuse et voilée, de ces souffrances obscures, de son adolescence solitaire : il va entrer dans le tumulte et la lumière du monde, il va devenir célèbre. S'il est vrai que les premiers rayons de la gloire sont plus doux que les feux de l'aurore, il y a entre la pensée méditative et solitaire et l'éclat de la renommée toute la différence qui sépare le rêve de la vie : le bruit fait autour du Génie du Christianisme, les succès mondains, les débuts, d'ailleurs malheureux, dans la carrière diplomatique, les articles à grand fracas dans leMercure, l'élection à l'Académie française et cette vague odeur d'intrigues policières qui l'accompagne, qu'est-ce que tout cela auprès des grands ormes de Combourg « à l'orée du Mail », des gémissements du vent dans les corridors du château, des roseaux de l'étang qui « agitaient leurs champs de quenouilles et de glaives » et plus tard, à Londres, de cette nuit passée en compagnie des morts, à Westminster « dans un labyrinthe de tombeaux ? » Charme inexprimable de la solitude, enchantement de la jeunesse malheureuse, quelle gloire pourrait égaler la splendeur de vos rêves ? «Je sors de l'asile virginal et silencieux de la solitude pour entrer dans le carrefour mouillé et bruyant du monde. » En 1836, à l’heure où il poursuit la rédaction de cette partie des Mémoires, trente-six ans s’étaient écoulés, pendant lesquels il avait assisté à tant de graves événements et de révolutions, exercé les plus hautes charges de l'État, la plus glorieuse influence ! Comment apercevoir clairement les choses du passé, les voir surtout du même point de vue que jadis ? Cette vie publique sous la Restauration et dans les premières années du gouvernement de Juillet s'étend devant les yeux de l'écrivain comme un rideau qu'il soulève pour apercevoir cette image d'un passé en apparence plus proche, en réalité plus lointain et plus effacé que celui de Combourg. Cependant aux yeux incertains du vieillard apparaissent, au début surtout, certains tableaux qui ont tout le charme, toute la grâce de ceux des livres précédents : l'arrivée en France du pauvre émigré qui revoit avec stupeur ce Paris oublieux et léger où, à deux pas de la place où se dressait l'échafaud, où le sang des siens a coulé, on danse au son du violon, de la clarinette et du tambour ; Atala et la première ivresse de gloire ; le charmant portrait de la société de la rue Neuve-du-Luxembourg et du salon de Mme de Beaumont ; le séjour à Savigny-sur-Orge dans la fièvre du travail et de l'amour, la mort surtout de Mme de Beaumont, à Rome, qui a inspiré à Chateaubriand les pages les plus nobles, les plus émues, les plus sincères. Et enfin il faut lui savoir gré de la modération très réelle, du grand effort d'impartialité et de justice avec lequel il a parlé, malgré ses démêlés avec Napoléon, du Premier Consul et de l'Empereur. Il a résisté à l'entraînement de la haine comme au prestige de la gloire qui éblouissait, sous la monarchie de juillet, les yeux des Français. Ceci nous frappe moins de nos jours ; c'était un mérite très réel à l'époque où écrivait Chateaubriand (1836-1839), où l'histoire disparaissait de plus en plus derrière la légende. En face du Napoléon de Bérenger, défenseur du peuple et de la liberté, il a osé représenter sans rien diminuer de sa gloire, l'homme tel qu'il l'avait connu, comme tant de ses contemporains, comme Mme de Staël, avec son merveilleux génie et son écrasant despotisme. Dans cette partie de ses Mémoires comme dans toute son œuvre, il est resté fidèle à l'idéal de sa vie, qui n'a jamais séparé la gloire de la liberté.

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