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Ma Bohême par Rimbaud

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Par   •  15 Mars 2019  •  Analyse sectorielle  •  2 227 Mots (9 Pages)  •  1 050 Vues

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Ma Bohême

Intro : écrit par Rimbaud alors âgé de 16 ans et publié en 1870 dans les « Poésies ».

« Ma Bohème » évoque une ou plusieurs de ses fugues. Il veut fuir un milieu étouffant et le conformisme. Il s'agit d'un sonnet léger de forme traditionnelle, plein de fantaisies, de jeunesse qui illustrent bien les errances adolescentes de Rimbaud.

Le mot « Bohême » peut signifier plusieurs choses : dans le cas présent, il signifie un mode de vie libre mené par certains artistes en dehors des conventions sociales établies.

De plus, le mot « fantaisie » présent sous le titre dit que l’œuvre va être caractérisé par une liberté formelle.

  1. Hymne à la liberté :

« Ma bohème » évoque l’errance du poète.

Le thème de l’errance est introduit au premier quatrain avec la répétition du verbe « aller » : « Je m’en allais » (v. 1), « J’allais » (v. 3).

L’imparfait, employé tout au long du sonnet, suggère la répétition, l’habitude des actions évoquées : « devenais », « j‘étais » (v. 2-3), « avait », « j’égrenais » (v. 5-6), « écoutais », « sentais » (v. 9-10), « tirais » (v. 13).

Ce thème de l’errance se développe à travers le champ lexical du trajet (« course », v. 6 et « routes », v. 9) et la comparaison au Petit Poucet, mise en valeur par le tiret qui la précède : « – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course/Des rimes. » (v. 6-7). Mais au lieu de semer des cailloux, le poète sème des rimes.

D’autre part, la destination du voyage n’est pas mentionnée. Le poète marche sans but précis, ce qui définit bien l’errance.

Les seules indications de lieux sont vagues, imprécises, voire surnaturelles : « sous le ciel » (v. 3), « Mon auberge était à la Grande-Ourse » (v. 7), « au bord des routes » (v. 9), « au milieu des ombres fantastiques » (v. 12).

Dans cette errance, le poète se sent libre.

Sans but, le voyage a un caractère illimité, infini, comme le ciel dont on trouve un champ lexical : « sous le ciel » (v. 3), « la Grande-Ourse », « Mes étoiles », « au ciel » (v. 7-8).

Cette liberté de déplacement rime avec la joie et l’exaltation, marquées par des adjectifs mélioratifs : « idéal » (v. 2), « Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! » (v. 4), « doux frou-frou » (v. 8), « Ces bons soirs » (v. 10).

L’ivresse poétique est également traduite par l’accélération du rythme, due notamment aux nombreuses monosyllabes : « à la Grande-Ourse », « un doux frou-frou », « au bord des routes », « à mon front comme un vin de vigueur », « un pied près de mon cœur ».

Cette liberté, c’est dans la nature que le poète la trouve.

Dans « Ma bohème », comme dans la majorité des poèmes d’Arthur Rimbaud, la nature est divinisée. Elle est maternelle et bienveillante.

D’ailleurs, le poète se l’approprie à travers les pronoms possessifs : « Mon auberge », « Mes étoiles » (v. 7-8).

La douceur maternelle est traduite par les allitérations en « m », en « s », et l’assonance en « ou » : « Mon paletot aussi», « sous le ciel », « Muse », (v. 2-3), « amours splendides », « trou » (v. 4-5), « ma course », « rimes », « Grande-Ourse » (v. 6-7), « doux frou-frou », « assis » (v. 8-9), « ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes » (v. 10), « comme » (v. 11 et 13), « rimant au milieu » (v. 12), « mes souliers blessés » (v. 14).

D’autre part, la nature est présentée comme protectrice et nourricière : « Mon auberge était à la Grande-Ourse » (v. 7), « des gouttes/De rosée à mon front, comme un vin de vigueur » (v. 10-11). C’est ainsi dans la nature que le poète trouve refuge.

La nature apporte au poète une nourriture spirituelle. Ses vers se nourrissent de correspondances naissant au sein même de la nature :

 Vue, toucher et ouïe : « Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou/ Et je les écoutais » (v. 8-9),

 Toucher, goût : « des gouttes/De rosée à mon front comme un vin de vigueur » (v. 10-11).

Cette liberté que le poète trouve dans la nature s’exprime dans la forme même du poème.

Si Rimbaud utilise la forme traditionnelle et contraignante du sonnet, c’est pour mieux la moderniser en s’affranchissant de ses limites et de ses règles, notamment au niveau du rythme et de la rime.

En effet, les quatrains et les tercets sont généralement distincts et supposés s’opposer au niveau du sens, alors qu’ici le second quatrain se prolonge dans le premier tercet : il n’y a pas de point à la fin du vers 8 et la phrase se prolonge ainsi jusqu’au vers 11.

Au niveau du rythme également, le poète ne respecte pas la régularité de l’alexandrin.

Ainsi, dans certains vers, la scansion est dissymétrique, comme au vers 1 : « Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées » (4/8), au vers 4 : « Oh!là là ! Que d’amours splendides j’ai rêvées ! » (3/6/3) ou aux vers 12 et 13 : « Où, rimant au milieu des ombres fantastiques » (1/11), « Comme des lyres, je tirais les élastiques » (5/7).

De nombreux enjambements (vers 10 à 11, 13 à 14) et rejets (« j’égrenais dans ma course/Des rimes. », v. 6-7) contribuent à l‘irrégularité du rythme. Ce rythme irrégulier et imprévisible traduit en poésie l’errance physique du poète.

Par ailleurs, il y a deux groupes de rimes différents dans les quatrains (« vées » et « éal » pour le premier, « ou » et « ourse » pour le second) alors que dans un sonnet traditionnel, il ne devrait y avoir qu’un seul groupe de rimes pour les deux quatrains.

Enfin, dans un sonnet traditionnel, le dernier vers marque la chute. Ici, le dernier vers n’éclaire en rien le sens du poème et semble même n’avoir aucun sens.

Transition : Si Rimbaud détourne dans « Ma bohème » les règles classiques du sonnet, c’est aussi pour mieux tourner en dérision la poésie dont il fait ici la parodie.

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