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Les fausses confidences de Marivaux

Fiche de lecture : Les fausses confidences de Marivaux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mars 2021  •  Fiche de lecture  •  1 626 Mots (7 Pages)  •  996 Vues

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Voici une analyse linéaire de l’acte I scène 2 des Fausses Confidences (1737) de Marivaux, à partir de « Dorante : cette femme-ci a un rang dans le monde » jusqu’à la fin de la scène.

Marivaux est l’un des plus grands dramaturges français du XVIIIe siècle.

Ses comédies sont à la croisée de la Commedia dell’arte burlesque et d’un théâtre galant et psychologique. Elles se caractérisent par des jeux d’interversions et de déguisement virtuoses.

Marivaux interroge également les pouvoirs du langage, l’opposition de l’être et du paraître, et les inégalités sociales, tout en amusant un public bourgeois.

Les Fausses Confidences est une comédie en prose et en trois actes. Dorante est un jeune bourgeois honnête, mais ruiné. Il est engagé comme intendant par la riche Araminte, qu’il aime en secret. Le valet Dubois orchestre leur union amoureuse par une série de fausses confidences.

Cette scène 2 de l’acte I expose l’intrigue de la pièce : Dorante aime Araminte et l’ingénieux Dubois met en place un stratagème pour rapprocher les deux jeunes gens.

Problématique

Comment l’ingénieux valet Dubois, par les pouvoirs du langage, annonce-t-il à Dorante que la dame qu’il aime l’aimera ?

Plan de lecture linéaire

Dans une première partie, Dorante doute de pouvoir plaire à la riche dame qui l’engage (I). Mais Dubois veut le convaincre du contraire (II). Dans la troisième partie, le valet amorce son stratagème (III).

I – Dorante doute de pouvoir plaire à la riche dame qui l’engage

(De « Cette femme-ci » à « point de bien ? »)

La réplique initiale de Dorante porte sur « Cette femme-ci ». La répétition du déterminant démonstratif (« cette » puis « ci« ) montre combien cette femme est particulière pour Dorante.

Le spectateur ignore toutefois encore de qui il s’agit. Cette scène d’exposition crée donc un effet d’attente, tout en indiquant que l’intrigue est amoureuse, comme le veut le genre de la comédie.

Dorante fait de cette dame un portrait fondé sur le rang social, et non sur la morale, puisqu’il précise qu’elle « a un rang dans le monde« . Cette description souligne l’importance des rangs sociaux sous l’Ancien Régime.

Les tournures vagues et hyperboliques (« tout ce qu’il y a de mieux », « une grande charge dans les finances » ) soulignent que cette haute société est étrangère à Dorante. Son amour pour cette femme apparaît ainsi inaccessible.

Le spectateur apprend de surcroît que cette dame constitue un parti intéressant car elle est la « veuve » d’un financier et dispose donc d’une grande fortune.

À ce portrait élogieux de la dame convoitée, succède un autoportrait antithétique de Dorante : « moi qui ne suis rien, moi qui n’ai point de bien ».

L’anaphore en « moi », ainsi que la rime interne rien/bien, insistent sur la pauvreté de Dorante et fait entendre sa plainte.

Cette réplique souligne que l’argent est un obstacle à l’épanouissement amoureux : la société rend invisibles ceux qui n’ont rien.

À ce stade de la pièce, le spectateur ignore toutefois encore si Dorante est réellement amoureux, ou intéressé par la riche veuve.

II – Dubois, personnage-metteur en scène, affirme à Dorante que la dame l’aimera pour son mérite

(De « Point de bien ! » à « il parlera »)

La reprise de « Point de bien !  » par Dubois souligne l’alliance et la bonne entente entre les deux personnages.

Le valet rassure Dorante avec enthousiasme : « votre bonne mine est un Pérou ». Cette référence exotique qui renvoie à l’Eldorado est comique car haute en couleur. Elle montre aussi que pour Dubois, la beauté de Dorante est un atout décisif.

Le valet invite d’ailleurs Dorante à lui faire admirer sa beauté : « Tournez-vous un peu ». L’impératif peut surprendre de la part d’un valet et souligne l’ascendant de Dubois sur Dorante qui le rend déjà maître du jeu.

Dubois prolonge son éloge par une hyperbole comique : « il n’y a point de plus grand seigneur que vous à Paris ». Cette hyperbole amuse car elle assimile la beauté au rang social comme si ce qui était beau devait nécessairement être socialement élevé, ce qui n’était évidemment pas le cas à l’époque.

Puis Dubois conclut avec assurance : « notre affaire est infaillible, absolument infaillible. » La répétition de l’adjectif « infaillible » renforcé par l’adverbe « absolument » exprime la certitude, ce qui surprend puisque l’amour est normalement perçu comme imprévisible.

Le terme « notre affaire » crée un mystère quant au contenu de l’intrigue et l’emmêlement de l’amour et de l’intérêt. L’adjectif possessif « notre » rappelle que Dubois tire les ficelles de cette intrigue.

Comme un metteur en scène, Dubois imagine déjà une scène future de l’intrigue qu’il projette : « Il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l’appartement de madame. »

Dorante s’exclame en condamnant cette vision de  « chimère ! ».

Mais Dubois insiste : « Vous êtes actuellement dans votre salle. » Le terme « salle » renvoie à l’appartement de Madame que Dubois imagine mais peut également faire référence à la salle de théâtre, créant ainsi un plaisant effet de théâtre dans le théâtre pour le spectateur. Ce double langage dédramatise la scène.

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