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Lecture linéaire, le misanthrope de Molière

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Par   •  19 Janvier 2022  •  Compte rendu  •  2 676 Mots (11 Pages)  •  816 Vues

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Vers 1-10 : Oronte présente son sonnet. Réaction d'Alceste.

Vers 11 - 34 : lecture du poème, réaction de Philinte, commentée par Alceste.

Vers 35 - 69 : Oronte demande l'avis d'Alceste, qui le donne indirectement.

La pièce est écrite en alexandrins à rimes plates (A/A, B/B), selon la tradition du théâtre classique. Le

sonnet cependant se présente sous la forme d'octosyllabes et suit les règles particulières à cette forme

littéraire pour la disposition des rimes.

1. LA PRÉSENTATION DU SONNET (VERS 1 à 10)

a) La coquetterie d'Oronte

Le poète présente longuement son œuvre, dont il annonce la forme, le titre, le thème, la longueur

des vers, le style et le temps passé à la composer.

Il a la coquetterie de faire attendre la lecture, comme pour ménager un suspense, insiste ridiculement

sur des évidences («< Sonnet... C'est un sonnet. » (v.1, répète les deux premiers mots trois fois (v. 1, 3,

5). En fait, il cherche déjà à se faire admirer, par des commentaires sur un texte qu'il n'a pas encore lu.

Il signale d'abord le caractère autobiographique, sincère du poème, inspiré par l'amour :

«C'est une dame

Qui de quelque espérance avait flatté ma flamme. »

(v. 1-2)

Il loue le choix des octosyllabes, « petits vers doux, tendres et langoureux» (v. 4), davantage propres à

exprimer les sentiments galants que de lourds alexandrins, « grands vers pompeux » (v. 3) ; l'adjectif

" pompeux » signifiant « majestueux », comme dans l'épopée ou la tragédie. L'alexandrin était en effet

le vers le plus courant dans les sonnets, mais on pouvait aussi les composer en décasyllabes ou en

octosyllabes. Il célèbre son style «net et facile », c'est-à-dire clair, aisé, ainsi que le « choix des mots » (v.

6-7). Sa modestie apparente (« Je ne sais si [...] vous vous contenterez » (v. 5 - 6-7) ne vise qu'à attirer

l'attention sur les qualités du sonnet. Il souligne d'ailleurs comiquement sa virtuosité en signalant qu'il a

composé son poème en très peu de temps, un quart d'heure.

b) La réaction d'Alceste

Le misanthrope signale son impatience devant cette prétention par trois fois, chaque fois qu'Oronte

quête son approbation par ses regards, comme l'indique la didascalie * dans certaines éditions : « A

toutes ces interruptions il regarde Alceste ». On peut imaginer aussi que le poète laisse un silence lors

des répliques suivantes. Mais Alceste le presse de lire sans tarder, par des futurs presque insolents

(« Nous verrons bien » (v. 5), « Nous allons voir » (v. 8). Il ne se contient plus à sa dernière réplique, où

il ne peut s'empêcher de rappeler que le temps passé à travailler un poème ne préjuge en rien de sa

valeur (v.10). Cet échange repose sur un comique de répétition.

2. LECTURE DU POEME (VERS 11 à 34)

Oronte lit désormais sans commentaires. Mais sans doute s'arrête-t-il à chaque quatrain et à la fin des

tercets pour obtenir l'avis de ses juges, car Philinte par politesse lui adresse des compliments, aussitôt

commentés par Alceste qui ne peut s'empêcher de manifester son désaccord. Il est nécessaire, avant

d'analyser les réactions des personnages, d'étudier le sonnet proposé

a Le sonnet

Sa place dans la littérature du XVIle siècle : lors de la première du Misanthrope, le public

applaudit ce poème, ce qui prouve qu'il flattait son goût et ne présentait pas de ridicule flagrant. Il s'agit

en fait d'une œuvre de convention, ni trop plate ni trop enflammée, où l'on retrouve les lieux communs

du langage galant de l'époque (vocabulaire « complaisance », « ardeur de mon zèle », « soin » et de

l'amour, avec l'allusion à un suicide possible de l'homme, mais sans grande conviction ni cris déchirants

(« Le trépas sera mon recours »; Le nom de Philis, imité du grec comme la mode de l'époque l'imposait,

est courant dans la poésie ou les romans. Il désigne la bien-aimée, qui par discrétion n'est pas nommée

de son vrai nom. Le thème est plutôt celui de l'attente, épreuve imposée dans les rapports tendres

d'alors selon un parcours fixé dans la Carte de Tendre tracée par la précieuse Melle de Scudéry dans son roman Clélie. Le trait principal du sonnet se situe en fait dans sa chute, sa pointe, autrement dit la fin,

que les théoriciens conseillaient de soigner particulièrement, et qui résume brillamment le poème par

l'antithèse de l'espoir et du désespoir

« Belle Philis, on désespère,

Alors qu'on espère toujours. »

Remarquons que du point de vue de la forme, le sonnet n'est pas tout à fait régulier, car d'ordinaire

les quatrains sont bâtis sur deux rimes embrassées (ABBA, ABBA), tandis qu'Oronte met quatre rimes

(ABAB, CDCD). Cette licence cependant se rencontre parfois.

Ni bon ni mauvais en lui-même, ce poème ressemble aux centaines d'autres composés alors, et ne

mérite ni les huées de la postérité, ni les éloges de ses contemporains qui en raffolaient. L'amour y

est non un sentiment véritable et passionné mais le prétexte idéal pour faire assaut d'ingéniosité

verbale.

On peut cependant se demander si Molière ne vise pas les excès d'une certaine poésie précieuse, car

les Femmes savantes présentent une scène semblable, où le prétentieux poète Trissotin lit un sonnet

et une épigramme cette fois-ci tirés des œuvres réelles de l'abbé Cotin (acte Il1, scène 2). Mais le

ridicule pour Molière se situe aussi, de façon plus certaine, la diction grandiloquente et prétentieuse

d'Oronte dans son orgueil aveuglé qui le trompe sur la qualité de son génie. La mise en scène seule

peut alors par le choix des intonations et gestes de l'acteur accentuer le comique.

b) Réaction de Philinte

En quatre répliques d'un vers, Philinte distribue au poète des compliments de plus en plus appuyés,

qui portent sur la galanterie du sonnet, c'est-à-dire l'élégance et la courtoisie dans l'expression du sen-

timent amoureux; il se montre fin connaisseur en appréciant la chute, puis porte un jugement global

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