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Lecture linéaire la laitière et le pot au lit

Fiche : Lecture linéaire la laitière et le pot au lit. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Novembre 2021  •  Fiche  •  3 181 Mots (13 Pages)  •  360 Vues

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« La Laitière et le Pot au Lait », Les Fables, Livre VII, 10, Jean de La Fontaine,

Livre VII, fable 10.

Cette fable est inspirée d’une nouvelle d’un écrivain du XVIème siècle Bonaventure des Périers. La nouvelle s’intitule Comparaison des alchimiste à la bonne femme qui portait une couvée de lait au marché . Il  s’est lui-même inspiré d'une fable de Nicolas de Pergame, auteur du XVème Siècle. Dans celle-ci, une jeune femme, transportant du lait à la ville, s'arrête au bord d'un fossé et se met à imaginer de fructueuses plus-values. De profit en profit, elle en arrive à l'opulence et fait un beau mariage.  Cette histoire est en fait une variante d'un récit du Pañchatantra, « Le Brâhmane qui brisa les pots », rédigé vers le IIIème Siècle. Même si La Fontaine fait une référence à Pilpay dans sa préface elle ne fait pas partie de ce recueil.

Elle est aussi évoquée par Rabelais dans Gargantua mais le héros est un cordonnier

L’animal n’est plus ici le personnage central du récit, le fabuliste met en scène une jeune paysanne entreprenante qui se rend à la ville et rêve de s’enrichir, mais la réalité vient détruire l’illusion flatteuse du rêve.

Récit composé de deux parties en écho, la Fable montre d’abord la construction des rêves de la jeune femme avant de révéler, avec un coup de théâtre, sa terrible désillusion. Derrière cette histoire en apparence se cache en fait un véritable débat philosophique important au XVIIème Siècle : celui qui tourne autour de la question difficile des puissances et de la force de l’imagination 🡪 en opposition aux libertins et aux dévots.

Introduction :

Au XVIIe siècle, le classicisme, mouvement littéraire et culturel, fait son apparition. Il s’oppose au baroque. Les principes de ce mouvement sont « placere, movere et docere » qui signifie « plaire, émouvoir et instruire » : l’art doit émouvoir et transmettre une morale explicite ou implicite et rechercher le naturel. Les classiques dénoncent implicitement une société étouffante due à la monarchie absolue ainsi que les défauts de l’Homme. Les auteurs tels que Molière, Racine, Boileau et La Fontaine font partie de ce mouvement. En effet, Jean de La Fontaine est un moraliste et fabuliste. Cet auteur se tourne vers des études de droit avant de fréquenter les milieux littéraires. Nanti de la charge de maître des eaux et forêts, il est le protégé de Fouquet, surintendant des finances sous Louis XIV. Il écrit des poèmes, des contes, des romans mais surtout onze livres de fables. Il publie ses Fables en trois recueils entre 1668 et 1694. Il publie le deuxième recueil qui réunit les livres VII à XI, en 1679, il est dédié à Mme de Montespan, maîtresse de Louis XIV. Les fables y sont plus longues que dans le premier recueil et mettent majoritairement en scène des êtres humains en soulevant des questions plus complexes comme l’âme humaine, la mort ou la politique. « La laitière et le pot au lait » raconte les malheurs d’une jeune laitière appelée Perrette.

Mouvements :

V. 1 à 29 : Récit construit comme un petit drame

* v. 1 à v. 11 : Présentation de Perrette.

* v. 12 à v. 21 : Mise en place d’un discours direct.

* v. 22 à 27 : Retour au récit

* v. 28 à 29 : Une farce ?

 V. 30 à 43 : Longue morale.

Problématiques :

  • Comment l’auteur met-il en scène le bonheur et ensuite le malheur de Perrette et quelle leçon devons nous retenir ?
  • En quoi ce texte répond-t-il aux deux fonctions d’une fable, plaire et instruire (Docere et placere) ?
  • Comment la Fontaine utilise un récit bien connu de tous pour offrir une réflexion sur l’être humain au service ?

« La Laitière et le Pot au Lait »

[ Perrette sur sa tête // ayant un Pot au lait
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver // sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue //elle allait à grands pas ;
Ayant mis ce jour-là, // pour être plus agile,
Cotillon simple, et souliers plats.
Notre laitière ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, // en employait l'argent,
Achetait un cent d'œufs,  // faisait triple couvée ;
La chose allait à bien par // son soin diligent.]

[ « Il m'est, disait-elle, facile,
D'élever des poulets autour de ma maison :
Le Renard sera bien habile,
S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;
Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable :

J'aurai le revendant de l'argent bel et bon.
Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau ? » ]

[Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée;
La dame de ces biens, quittant d'un œil marri
Sa fortune ainsi répandue,

Va s'excuser à son mari
En grand danger d'être battue.]

[ Le récit en farce en fut fait ;
On l'appela le Pot au lait. ]

  [ Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,
Autant les sages que les fous ?
Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :
Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :
Tout le bien du monde est à nous,
Tous les honneurs, toutes les femmes.
Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;

Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi ;
On m'élit roi, mon peuple m'aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant. ]

V. 1 à 11 : Présentation de Perrette

Mise en place d’un récit par le portrait de la jeune femme : Récit facile et simple (technique du conte merveilleux)

V. 1 : termes désignant la laitière : « Perrette »  diminutif : prénom courant à l’époque de La Fontaine (on a l’installation d’une certaine familiarité, certaine proximité avec le personnage. V. 7  attention affectueuse + V. 24 (périphrase emphatique, amusante.

On associe se diminutif à «  coussinet »🡪 univers de la proximité.

V. 1-2 : La jeune femme a pris ses précautions : elle a installé un « coussinet » sur lequel elle va caler le précieux récipient. Elle a donc conscience de ce que cela représente.

🡪 L’auteur commence la présentation par l’objet le plus important du récit : le « Pot au lait »

La description physique de Perrette est évoquée

Champ lexical du vêtement : «  Les souliers plats » 🡪 renonce à sa coquetterie, à son désir de paraître belle afin de pouvoir marcher plus vite (elle a opté pour une tenue pratique sans fioriture)

v. 1 : C.circ. de lieu

V. 4 – 5 par les expansions du nom (adjectif) + complément du nom

V. 5 : C. Circ ; de temps

=  On est dans un récit où la situation initiale est présente.

--> Il n’y a pas de description physique à proprement parler mais LF insiste sur des détails réalistes qui mettent en avant la grâce et la fraîcheur de la jeune femme dont le prénom, un diminutif, indique la jeunesse et l’origine populaire

Domination de l’imparfait 🡪 temps de la description ; En utilisant des verbes d’action 🡪 Vivacité dans l’action.

Le narrateur nous invite à suivre le personnage des yeux. Le rythme même des phrases ainsi que le développement du récit semblent épouser la marche physique et le cheminement mental ou la rêverie du personnage

V. 3 : « Prétendait » : annonce la catastrophe et dénonce ironiquement l’illusion du personnage.

V. 4  + alexandrins coupés à l’hémistiche 🡪 mimes le pas vif de Perrette et son impatience. + octosyllabes (4/4)

V. 9-11🡪 rapidité de ses calculs, l’envol de l’imagination sont suggérés par le rythme 6/ 6

V. 4, 5, 11 : le lexique décrit la hâte de la laitière. V. 5 : l’adj🡪 signifie rapide, efficace est associé au nom «  soin » 🡪 soulignent avec humour son empressement.

V. 8 : l’adverbe «  déjà » 🡪 ironie à l’égard de la jeune femme.

V. 8 : «  dans sa pensée » 🡪 sens d’imagination

Champ de l’économie est omniprésent dans toute la fable, certains termes répétés plusieurs fois montrant son rapport obsessionnel à l’argent, à la richesse.+ Elle voit son argent grossir au fur et à mesure qu’elle se laisse emporter par son rêve.

V. 10 : V. à l’imparfait prend ici une autre valeur 🡪 hypothétique proche du conditionnel. Tout se passe comme si elle avait oublié la condition de son projet.

Hyperboles 🡪 mentalement les œufs sont couvés, le temps s’accélère.

= La jeune femme se laisse emporter par ses projets 🡪 proche du fantasme. Les différentes étapes dans la description montre à quel point elle est convaincue de tout va se passer comme elle le rêve.

V. 12 à 21 : On passe de la description du personnage au discours direct qui restitue dans un monologue intérieur, les rêves d’enrichissement de Perrette.

V. 12 : Présent : La rêverie commence au présent qui l’actualise.

Arrivée brutale du discours direct🡪 post position du verbe de parole par l’incise crée un changement de rythme qui maintient le lecteur dans le récit.

Présent de l’indicatif dans le passage + c. circ de lieu  (v. 12 , 19)  +sa propre perception avec les rimes «  agile » // «  facile » 🡪 montrent  que l’on est dans le réel

Champ lexical des animaux avec une gradation croissante sur la taille de ces deniers.

  • Mise en valeur de ce quelle espère : développement de son argumentation.
  • Par une série de liens logiques, le fabuliste passe des poussins aux « poulets ». La fortune de la jeune femme s’agrandit visiblement et ensuite l’achat d’un cochon est envisagé grâce à l’argent de la vente des poules. Pour l’époque, l’achat d’un cochon représente quelque chose de très important car il peut nourrir toute une famille pendant longtemps leur fournissant viande et abats.

V. 17 : Passé simple : Reflète sa confusion entre l’imaginaire et le réel

V. 18, 19…. : Verbes au futur : Montre que Perrette se projette mais que les actions futures deviennent des actions passées à chaque nouveau projet. Les futurs ont une valeur de certitude qui balaie tous les obstacles. «verrai» marque aussi le point culminant de l’illusion et la conduit à mimer physiquement les gambades du veau (v. 21 – 22) 🡪 saute / sauter : polyptote.

= Elle se projette dans l’avenir.

V. 21 : Question de rhétorique : termine son discours. Longues phrases qui révèlent le cheminement de sa pensée qui suit la durée de sa marche.

V. 22-27 : Retour au récit avec le présent de narration pour compter la chute de la laitière et son retour : c’est le 3ème Acte de ce petit drame campagnard

V. 23 : Présent de narration : dramatisation de la scène et crée un effet d’accélération🡪effet stimulant pour le lecteur.

V. 23 : « adieu » : Emphase

V. 23 : Le narrateur reprend la parole à la chute : énumération devenue quasi proverbiale, reprend en sens inverse les étapes successives du rêve et la ramène ironiquement à son point de départ :

🡪 La chute est d’autant plus brutale qu’elle est marquée par le passage du rêve à la réalité avec une astuce du fabuliste qui superpose les rêves de la jeune femme à la réalité. Alors qu’elle est en train d’imaginer sa nouvelle vache avec son veau « sauter au milieu du troupeau », la jeune femme se met elle aussi à sauter de joie. Ce saut lui fait renverser le lait qu’elle portait sur la tête. 

V. 22, 23 : Les rimes jouent sur le fait que non seulement ses rêves disparaissent mais ce qu’elle avait déjà aussi.

Rimes V. 24- 26 «  Marri » // «  Mari » : on a ici l’apparition de la figure du mari🡪 rime comique avec « marri »   qui veut dire triste / fâché) tout cela participe à l’ironie… Mais une autre question reste en suspend celle d’un mari violent «  répandue »// «  battue » V. 25- 27

V. 27 : Nous avons ici l’œil du fabuliste  qui a un regard compatissant envers Perrette.

V. 28. 29 : Evocation d’une simple farce

V. 28 : «  Farce » : La Fontaine positionne sa fable comme un genre intermédiaire, de style ni haut, ni bas mais de style moyen comme le préconisaient  les arts poétiques à l’époque classique

🡪 Le fabuliste indique qu’il faut considérer cette histoire comme une plaisanterie c’est-à-dire en rire. Il clôt ainsi le schéma narratif qui ne comporte ni péripéties, ni élément de résolution, ni situation finale

🡪 A cette époque, le mot farce est surtout associé aux pièces de théâtre comiques qui se jouent sur les places des villes et qui montrent, avec un humour souvent grossier, les méchants punis. C’est donc sur le mode de la plaisanterie qu’il faut lire cette fable qui délivre alors une morale.

V. 30 à 43 : Morale de l’histoire

Vocabulaire appartenant au registre épique.

🡪 Le récit se transforme en leçon de sagesse et l’auteur s’adresse directement à ses lecteurs

🡪 L’expression figurée « battre la campagne » signifie être égaré. Cette idée est reprise au vers suivant par une expression imagée similaire : « faire des châteaux en Espagne » qui veut dire rêver à quelque chose qui n’existe pas , faire des projets utopiques qui ne se réaliseront jamais

Pyrrhus : Roi de l’Epire qui rêve de conquérir Andromaque dans la tragédie éponyme. Il réussit finalement à gagner des batailles contre les Romains mais aux prix de terribles pertes pour son peuple.

Picrochole : Seigneur crée par Rabelais qui rêve de pouvoir. C’est un mauvais roi qui attaque pour un raison futile le royaume de Grandgousier, le père du géant Gargantua et qui voit ses armées se faire massacrer.

🡪 Ces deux personnages représentent chacun des exemples de folie alors que la Laitière parait bien plus sage. On remarque que le conteur place son personnage au même rang que les deux précédents, un peu comme s’il devait servir, lui aussi, d’exemple pour les lecteurs.

Sophi : Référence au roi de Perse 🡪 La Fontaine  évoque  ainsi un ailleurs exotique pour éviter la censure.

V. 41 : Double métonymies celle du pouvoir et celle de la richesse.

V. 43 : La leçon de morale devient universelle. Question de rhétorique

V. 44 : « Chacun » : Pronom indéfini singulier🡪 resserre la réflexion pour contraindre le lecteur à se retourner sur lui-même.

V. 44 -45…: Verbes au présent de vérité générale + C. Circ de manière 🡪 résume l’attitude de Perrette. Avec une césure à l’hémistiche.

Le verbe «  songer dans les fables est souvent employé dans le sens de mensonge plaisant.

V. 34 : L’imagination trompe notre esprit et nous devons nous méfier, mais La Fontaine reconnait qu’il est bon de rêver.

V. 35 : Antithèse pour désigner l’activité de notre esprit.  Le sujet est neutre sans implication d’une opinion.

🡪 La leçon de morale devient ainsi universelle : en partant de trois personnages qui résument « autant les sages que les fous » au V33, le fabuliste démontre que l’imagination est une grande puissance.

🡪 Personne ne peut vraiment résister à l’imagination car elle possède le pouvoir d’agir sur nos esprits de manière séduisante. Elle trompe donc notre esprit en nous faisant croire que nous sommes tout puissants (V36-37)

V. 38-40 : La Fontaine se met en scène. La première personne du singulier est omniprésente à la fin du texte, mettant en valeur l’égocentrisme crée par l’imagination

= L’attitude de la laitière est donc universelle. Il fait une confidence personnelle.

V. 38 : La Fontaine est héroïsé par l’attribut «  seul » la solitude au milieu des dangers était une des caractéristiques du héros épique 🡪  le vocabulaire du registre épique est  révélateur d’une imagination débordante

V. 40 : vision complètement délirante et incohérente pour l’époque.

V. 41 : Hyperbole : Le rêveur se croit le maître de toutes les richesses du monde.

🡪 La fable se termine sur une sorte de mise en garde amusée

🡪 La Fontaine rappelle que chacun est susceptible de se laisser aller à rêver qu’il est le roi du monde.

Le rêveur se croit le maître de toutes les richesses du monde : le « diadème » est la métonymie à la fois de la richesse et du pouvoir car les empereurs et les princes portent un diadème sur le front, qui est souvent constitué de pierres précieuses.

V. 42 : Déterminant indéfini montre que le personnage est le joué du hasard contrairement au héros qui maitrise tous les évènements.

V. 42 : La Fontaine ramène le lecteur à la sagesse, attitude du sage qui revient à lui-même avec simplicité et loin des débordements de l’orgueil ou de l’imagination.

V. 43 : «  Gros Jean »: Personnage de farce utilisé pour sa bêtise. Il ne retient rien de ce qu’on lui explique.

Réf aussi au prénom de L Fontaine

  • Retour à la réalité sans incident sur la vie. Il faut se méfier de note imagination et garder les pieds sur terre.
  • Personne ne peut vraiment lui résister car elle possède le pouvoir d’agir sur nos esprits de manière séduisante.
  • Il nous avertit contre la déception qui peut naître, d’avoir pris ses rêves pour des réalités. Cette fable nous rappelle qu’il faut nous méfier de notre imagination et garder les pieds sur terre sinon nous serons déçus et nous nous retrouverons comme Perrette
  • Gros Jean était un personnage de farce utilisé pour sa bêtise : il ne retenait rien de ce qu’on lui expliquait. Le fabuliste montre avec ce personnage que Perrette se retrouve bête d’avoir perdu son lait et qu’il faut que cela lui serve de leçon sous peine de recommencer les mêmes erreurs

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