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Le malade imaginaire de Molière

Étude de cas : Le malade imaginaire de Molière. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Février 2022  •  Étude de cas  •  1 427 Mots (6 Pages)  •  511 Vues

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LE Malade imaginaire

S 8  ET 3 La fausse mort.

Obj : Jouer la comédie pour faire éclater la vérité.

Support : Le Malade imaginaire, de Molière, (III, 12).

Introduction :

Présentation de l’œuvre, - La comédie ballet Le Malade imaginaire, dernière œuvre de Molière créée en 1673, déploie toutes les ressources de l’art de la comédie. Argan, naïf et aveuglé par son hypocondrie, veut marier sa fille à un médecin qu’elle déteste, pour bénéficier chez lui de la présence d’un médecin.  Présentation de la scène Dans la scène 12 de l’acte III, la servante Toinette, désireuse de montrer à Argan la vérité sur sa famille, met au point une mise en scène dans laquelle ce dernier doit faire le mort devant sa seconde épouse. Problématique Comment le mensonge que propose cette scène de théâtre dans le théâtre permet-il de révéler la vérité sur les personnages ?Mouvement du texte :

l. 1 à 7 : une parodie de tragédie

l. 8 à 23 : la personnalité calculatrice de Béline

l. 24 à la fin : le coup de théâtre d’Argan.

Etude linéaire :

I- Une parodie de tragédie.

  • Début « in medias res » par les exclamations de Toinette. Réplique particulièrement parodique : elle singe les propos habituels de la tragédie par le recours à l’alexandrin avec césure à l’hémistiche « Ah ! mon Dieu ! Ah ! malheur ! / Quel étrange accident » + CL de la fatalité « Dieu », « malheur », « accident » + interjections de surprise et de douleur « Ah ! ». Le lecteur se rend compte que Toinette surjoue la scène (cf didascalie « s’écrie »). On comprend dès lors que cette scène propose une mise en abyme puisque les personnages jouent un rôle au sein même de la comédie.
  • L’arrivée de Béline et la question qu’elle pose « Qu’est-ce Toinette ? » amène la servante à poursuivre sa comédie en feignant la compassion « Ah ! Madame ! », suscitant l’intérêt de celle-ci « Qu’y a-t-il ? ». Toinette rompt le suspense assez directement, sans détour mais en utilisant la périphrase « votre mari » afin de rappeler à Béline les liens qui l’unissent moralement et religieusement à Argan. La réaction de Béline est surprenante puisqu’elle se contente de répéter mot pour mot la réplique de Toinette, cette fois sous forme interrogative, sans laisser paraître aucune trace d’émotion face à une annonce si brutale. La servante renchérit avec une interjection on ne peut plus tragique « Hélas ! » mais la phrase suivante se veut bien plus comique puisqu’elle y développe un jeu de mots sous forme de pléonasme « défunt » / « trépassé » a priori euphémisant « pauvre défunt », même si le lecteur, complice, ne s’y trompe pas.

II- La personnalité calculatrice de Béline.

  • La question de Béline « Assurément ? » ôte toute ambiguïté quant à ses sentiments et le spectateur comprend alors qu’elle n’éprouve aucune tristesse face à cette situation qui fait d’elle une veuve. Le comique de mots se poursuit avec un comique de répétition du mot « Assurément » repris par Toinette qui confirme la triste nouvelle. Elle prend soin de préciser avec beaucoup d’à propos que la nouvelle n’a encore été annoncée à personne et qu’elles sont donc seules à en être informées, engageant ainsi Béline à se laisser aller à révéler ses sentiments. Le langage qu’elle emploie est totalement dépourvu d’émotion, on la sent détachée, preuve du rôle qu’elle joue « cet accident-là », « passer entre mes bras », « le voilà tout de son long ».
  • Béline tombe aisément dans le piège. Son absence totale de scrupule éclate avec l’emploi fort surprenant d’une expression religieuse « Le Ciel en soit loué ! » qui connote un remerciement. Elle parle même de « délivrance » et reproche à sa servante son émotivité « Que tu es sotte de t’affliger de cette mort ! ». Rien d’une veuve éplorée ! La scène est d’autant plus comique que le spectateur sait pertinemment qu’Argan entend tout et doit bouillir intérieurement ( comique de situation intéressant à mettre en scène !) .
  • Toinette souligne alors l’artificialité de sa réaction et par extension celle des codes sociaux qui imposent l’affliction face à la mort en associant deux termes moralement opposés « falloir » et « pleurer » comme si la tristesse et les pleurs étaient un passage obligé. Elle sous-entend donc que ses exclamations dramatiques n’étaient pas sincères, ce qui la rend complice de Béline, et l’encourage à continuer à se dévoiler.
  • La légèreté de Béline se manifeste donc à nouveau par la distance qu’elle affiche « va, va, cela n’en vaut pas la peine » puis par la double question odieuse qu’elle pose à la servante « quelle perte est-ce que la sienne ? et de quoi servait-il sur terre ? ». Elle entame alors un portrait on ne peut plus péjoratif de son mari qui repose sur un champ lexical de la saleté, de la maladie et la colère  « incommode, malpropre, dégoûtant, mouchant, toussant, crachant, sans esprit, ennuyeux, de mauvaise humeur, fatigant, grondant » qui fait d’Argan l’archétype du personnage sale, acariâtre et hypocondriaque. Exagération comique, mais cri de soulagement que le spectateur peut comprendre….. On est loin de l’idéal de l’honnête homme que prône le classicisme de l’époque.
  • Toinette répond de manière satirique par antiphrase  « voilà une belle oraison funèbre ! » que Béline ne perçoit pas, trop occupée à profiter de la situation : se saisir des 20 000 francs et des papiers cachés dans la chambre dont Argan lui a parlé . On trouve ainsi le champ lexical de l’argent et du profit « récompense, affaire, papiers, argent, saisir, sans fruit, clefs ». Cette dernière paraît sous son vrai visage, cupide, manipulatrice et matérielle. Sa manière de parler à Toinette en fait sa complice, comme en témoigne la modalité injonctive « il faut que, portons-le, tenons, viens, prenons ».

III- Le coup de théâtre d’Argan.

  • Le réveil soudain d’Argan met fin à toutes ces spéculations et apparaît alors comme un véritable coup de théâtre comme le suggère la didascalie « se levant brusquement ». Béline ne peut que manifester sa surprise par l’interjection « Ahi ! » puisqu’elle comprend alors qu’elle a été dupée ce que confirme la didascalie « surprise et épouvantée ». Argan reprend le dessus en apostrophant Béline par la périphrase « Madame ma femme » qui, tout en la mettant à distance, lui rappelle ses obligations maritales. Le comique revient dans la bouche de Toinette (faussement surprise, triomphante ?)  par la formule antithétique « le défunt n’est pas mort ». 
  • Béline, qui espère prendre la fuite « Béline, qui sort » se voit contrainte d’écouter les reproches de son époux qui se veut très ironique « amitié », « beau panégyrique ». Argan a ouvert les yeux, comme le souhaitait Toinette, et est prêt à affronter la réalité « qui me rendra sage à l’avenir et m’empêchera de faire bien des choses ». Le futur de certitude marque la confiance qu’il place en l’avenir et en ses convictions prochaines.
  • La didascalie suivante confirme le jeu de rôle qui vient de se dérouler « sortant de l’endroit où il s’était caché » : Béline a donc bien été bernée. Béralde se montre satisfait de l’issue de la scène « eh bien, mon frère, vous voyez ». Toinette achève la scène par une autre comédie qu’elle souhaite jouer en voyant arriver Angélique : elle reprend alors son rôle de metteur en scène comme l’attestent les verbes à l’impératif afin de clarifier une autre situation : elle connaît l’affection sincère d’Angélique pour son père, et veut la lui rendre manifeste.  (cf. CL de la connaissance « cru, voyons, connaîtrez »). 

Conclusion :

Cette scène de théâtre dans le théâtre est une véritable comédie : 2 comédiens, un spectateur, pour confondre Béline : la vérité est mise à jour grâce au mensonge, à « l’illusion théâtrale ».  Scène où domine évidemment le comique de situation, mais que la finesse de Toinette enrichit d’un comique de mots certain.

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