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Le lecteur doit-il s'identifier et partager les sentiments du personnage pour apprécier un roman ?

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Par   •  8 Avril 2017  •  Dissertation  •  2 794 Mots (12 Pages)  •  3 293 Vues

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DISSERTATION

Pour apprécier un roman, un lecteur a-t-il besoin de s’identifier au personnage principal et de partager ses sentiments ?

                     Aujourd’hui l’ampleur de l’industrie du cinéma permet à un vaste public de partager les sentiments des héros des films et de s’identifier à eux pour mieux apprécier le film. Pourtant ce phénomène existe depuis déjà  longtemps dans la littérature. La lecture d’un roman entraine son lecteur à rechercher les ressemblances, les points communs, les idées et sentiments semblables qu’il pourrait partager avec le personnage (principal ou pas); s’identifier avec lui et décupler ainsi le plaisir de sa lecture. Pourtant, est-il nécessaire que le lecteur se reconnaisse à un personnage et partage avec lui ses sentiments pour mieux apprécier sa lecture ? La relation entre le lecteur et le personnage de roman est-elle indispensable pour vraiment estimer un roman ? Tout d’abord nous verrons comment l’identification du lecteur à un personnage et le partage de ses sentiments l’incite à aimer le roman puis dans un deuxième temps nous soulignerons que ce n’est pas un facteur déterminant pour que le lecteur puisse apprécier le roman.

                            En premier lieu, oui, l’identification à un personnage peut aider le lecteur à mieux apprécier l’œuvre. Des procédés comme le point de vue interne favorisent cette identification car il simplifie au lecteur sa compréhension du personnage (ses sentiments, ressentis, envies, craintes…) et lui transmet sa vision des choses. De plus, l’emploi d’un point de vue intra diégétique favorise l’impression du lecteur de proximité avec le personnage principal et que celui-ci lui raconte son aventure. Le style indirect libre donne libre accès aux pensées du personnage, le lecteur le comprend mieux ainsi que son point de vue et ses sentiments, ce qui va le mener à mieux apprécier la trame et plus facilement « accrocher » à l’ouvrage. L’auteur Julien Gracq dans son roman Un balcon en forêt, nous raconte l’histoire de Grange, un soldat qui attend l’offensive allemande pendant le début de la Seconde Guerre Mondiale, grâce à un narrateur interne il nous est permis de voir les événements à travers ses yeux, nous en savons autant que lui et nous pouvons nous y identifier d’autant plus que nous partageons ses doutes et désirs.

                  Les personnages ne sont simplement que le reflet du réel, ils  sont d’encre et de papier. On déduit que l’auteur s’est inspiré de l’Homme, pour créer ses personnages, ils sont donc évidemment imprégnés de qualités et défauts humains, cela favorise l’indentification du lecteur car elle la rend possible. Il s’identifie à des personnages à caractère humain car ils lui ressemblent, ils le reflètent en une certaine manière cela va le pousser à l’enthousiasme quand à l’avenir de ceux-ci. C’est le cas dans Les Misérables roman de Victor Hugo où Jean Valjean se distingue à travers ses traits d’ancien bagnard. Un ancien détenu pourrait facilement s’y identifier et serait curieux de voir jusqu’où ses sacrifices et son envie de réintégration de la société le mènent ainsi que de voir si sa situation va prendre le tournant pour lequel il se bat aussi vigoureusement.

                  Le lecteur fait ainsi la rencontre d’un personnage qui a les mêmes préoccupations du quotidien. Au XIXème siècle les romanciers réalistes par exemple s’attachent à décrire le personnage dans ses moindres détails d’apparence, psychologie, milieu de vie… Ainsi dans L’assommoir, roman d’Emile Zola, l’histoire de Gervaise Macquart, une ouvrière plongée dans la déchéance dans les quartiers parisiens durant l’ancien régime  est contée. Zola évoque avec détail, avec minutie les caractéristiques et les différents quartiers de Paris. Un lecteur parisien va sentir une proximité avec le personnage principal et situer de façon géographique plus facile le récit ce qui va contribuer à l’appréciation du roman. Il partage avec le personnage, un espace, un lieu, une ville : Paris.

                  Par ailleurs un personnage qui possède les mêmes valeurs ou les mêmes expériences de vie, qui se pose les mêmes questions que le lecteur va faciliter l’identification à celui-ci. Il va apprécier le roman et ressentir des émotions fortes, se sentir d’autant plus concerné par l’avenir du personnage et comprendre ce qu’il éprouve. Comme dans Madame Bovary  de Flaubert, un lecteur qui auparavant dans a vie s’est vu confronté à une relation amoureuse malheureuse et a eu des liaisons en dehors de cette union en croyant ressentir ou en ressentant des sentiments amoureux pour son ou ses amants va se sentir identifié à l’expérience que vit Mme. Bovary et aux questions qu’elle se pose concernant ses liaisons extra maritales il va ainsi se sentir concerné par la suite des événements du roman, ayant le désir de savoir où toute cette histoire mènera l’héroïne.

                        Par ailleurs, le lecteur peut apprécier un  roman en s’identifiant à un des personnages principaux, car il va pouvoir vivre en résonnance les aventures que celui-ci vit ou même s’imaginer à sa place. En s’identifiant au personnage de Mickael Blomkvist (journaliste d’investigation) dans Millénium de Stieg Larsson un auteur Suédois, le lecteur vit ses aventures dites par procuration et cela est plaisant, il espère d’ailleurs la réussite des enquêtes diverses de Mickael: à propos d’un géant de l’industrie fraudeur, d’une riche famille déchirée par l’argent et l’entreprise familiale cachant des meurtres, des nazis et des viols, de la traite des femmes en Suède, de l’identité de michetons ou encore la traque de Lisbeth Salander, le succès que rencontre le personnage est souvent proportionnel au degré de satisfaction qu’expérimente le lecteur, ainsi il s’évade et oublie son quotidien.

                    L’identification du lecteur lui permet de mieux comprendre et apprécier le roman. C’est un moyen d’échapper à son quotidien et de « voyager », de s’évader. Cependant l’indentification au personnage principal n’est pas toujours possible, elle est parfois même impossible et il est difficile de partager ses sentiments avec celui-ci lorsqu’il se révèle être un monstre ou un être dégoutant. Ou à l’inverse s’identifier à un personnage trop réaliste, qui ne va pas lui permettre de s’évader et ainsi perdre toute curiosité pour l’œuvre.

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