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La scène d'affrontement entre Tirésias et Oedipe

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Par   •  7 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  1 553 Mots (7 Pages)  •  3 585 Vues

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La scène d'affrontement entre Tirésias et Œdipe

Le personnage de Tirésias n’apparaît qu'une seule fois dans la pièce de Sophocle et deux dans le film de Pasolini, pourtant, il reste un des personnages les plus importants de ces deux œuvres. En effet, la scène qui l'oppose à Œdipe à la fin du premier épisode est l'une des plus importantes de la pièce, en particulier parce qu'elle introduit plusieurs des thématiques principales de l’œuvre. Quelles sont les significations de la scène entre Œdipe et Tirésias dans la pièce et dans le film ? Nous montrerons que d'une part, elle constitue une scène d'affrontement, et que d'autre part, elle met en avant l'hybris d'Œdipe.

I) Une scène d'affrontement

A) Une lutte de pouvoir 

La scène de conflit entre Œdipe et Tirésias oppose deux personnages puissants et respectés, représentant chacun un type de pouvoir différent. Œdipe est un tyran, aimé de son peuple et qui fait tout son possible pour trouver une solution qui le délivrerait du mal dont il est la proie. Tirésias est un devin, un représentant des dieux, mais il est aveugle et mendiant. Il s'instaure donc une lutte entre le pouvoir politique et divin.  

Dès l'entrée en scène de Tirésias, une sorte de rivalité s'installe entre Œdipe et lui. Cette idée est en particulier mise en évidence dans le film de Pasolini par la position des deux protagonistes. Ainsi, alors que tous s'agenouillent respectueusement à l'arrivée de Tirésias, seul Œdipe reste debout comme pour refuser toute subordination. Surélevé sur des marches, le tyran est entouré de garde et porte des attributs royaux qui le grandissent. Tirésias de son côté est habillé pauvrement, il n'est accompagné que du messager, tombe en arrivant et doit marcher à quatre pattes pour atteindre l'arbre sous lequel il s'abrite. De plus, alors qu'Œdipe est en hauteur, Tirésias est assis, ce qui accentue la supériorité d'Œdipe sur lui.

Cependant, même s'il est dominé physiquement, Tirésias reste l'égal d'Œdipe, si ce n'est plus. En effet, c'est Œdipe qui l'a fait appeler et qui dit avoir besoin de lui. Œdipe est en position de suppliant comme le montre son discours d'accueil « sauve-toi, toi et ton pays, sauve-moi aussi, sauve-nous de toute souillure que peut nous infliger la mort ». Alors qu'il est connu pour avoir sauver Thèbes du Sphinx, il est incapable de réussir seul et il reconnais avoir besoin de l'aide du devin. Cette position est mise en avant chez Pasolini par un intertitre « Tirésias ! Je t'ai fais venir et par toi JE SAURAIS TOUT ! ». Le recours aux majuscules met en avant la position impérieuse d'Œdipe qui donne un ordre à Tirésias mais montre également son échec : lui qui était l'homme qui savait, il est obligé de se faire aider.

B) Un jeu sur la vérité 

La rivalité d'Œdipe et de Tirésias est également due au savoir qu'ils se targuent chacun de posséder. Ainsi, dans la pièce, lorsque Œdipe accuse Tirésias de comploter avec Créon, il se fonde en particulier sur l'attitude du devin lorsque la ville était menacée par le Sphinx. En effet, Tirésias, grâce aux connaissances qu'il tient des dieux, aurait pu résoudre l'énigme du monstre mais c'est  Œdipe « qui lui ferme la bouche, sans rien connaître des présages, par [sa] simple présence d'esprit ». Tirésias, lui, se fait le défenseur de la vérité « personne ne peut rien contre la vérité ».

De même, l'analogie entre la science et la clairvoyance est un des thèmes fondamentaux de cet affrontement. Dans les deux œuvres, on retrouve cette même opposition entre Œdipe, qui voit mais ne sait rien, et Tirésias, qui sait mais ne voit rien. Et alors que Tirésias sachant, aurait voulu ignorer le crime d'Œdipe « qu'il est terrible de savoir, quand le savoir ne sert de rien à celui qui le possède », Œdipe, quand il saura, ne voudra plus rien voir. Cette opposition se manifeste par des accusations de par et d'autre tandis que l'un et l'autre s'accusent d'être aveugles. Ainsi, Œdipe dit-il de Tirésias que « si [ses] yeux sont aveugles, [ses] oreilles et [son] esprit le sont aussi » tandis que le devin rétorque qu'il est « plus aveugle que [lui] ».

Il semble donc que l'un et l'autre rivalisent, persuadés qu'ils ne peuvent se tromper et détiennent tous deux la vérité. Cette scène porte la tension dramatique à son paroxysme parce que, grâce à l'intervention de Tirésias, Œdipe découvre tout ce qu'il voudrait savoir mais il refuse de l'entendre, dans le film il reprend ainsi les mêmes paroles que celles qu'il avait adressé au Sphinx « je ne veux plus te voir, je ne veux plus t'entendre ». En refusant d'écouter Tirésias et de se remettre en question, il tombe dans la démesure.

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