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La peste de Camus

Commentaire de texte : La peste de Camus. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  1 777 Mots (8 Pages)  •  582 Vues

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Texte 2 : comment ce texte présente-t-il trois réflexions sur la nature humaine ?

Introduction

Le point d’ancrage de la scène est le désir de Rambert de quitter la ville en secret pour rejoindre la femme qu’il aime – il s’adresse à Rieux et Tarrou pour leur expliquer son choix à eux qui sont engagés dans la lutte contre la Peste.

Au départ, une opposition entre un point de vue individualiste, hédoniste, peut-être lâche et un point de vue altruiste, basé sur une conception du devoir, visant ou pas une forme d’exemplarité : la sainteté de Tarrou, l’honnêteté de Rieux.

Le texte prend donc la forme d’un dialogue argumentatif, où chacun présente son objectif dans la vie, donc le texte prend un tour philosophique, le débat sur la ‘bonne vie’ étant un topos du texte philosophique depuis l’Antiquité.

Stylistique

Scène en point de vue externe, cinématographique, théâtral

Alternance de style indirect : « il demanda à Rieux »

De style indirect libre : réponse de Rieux sans verbe introducteur : « il y avait cinq équipes au travail »

Le reste du dialogue au style direct

Plan

1- Rambert parle à Rieux, qui lui répond

2- Rambert s’adresse à Rieux, c’est Tarrou qui répond, un dialogue s’engage

3- Rieux intervient, dialogue Rambert Rieux

4- Rieux sort, dernier échange Rambert Tarrou

5- ellipse temporelle : épilogue de la conversation : Rambert s’engage auprès de Rieux

  • l’essentiel de la conversation se fait entre Rambert et Rieux, la présence de Tarrou est nécessaire à la révélation finale qui fait basculer le mode de pensée initial de Rambert.

Rambert

Longues phrases affirmatives : la plupart du temps des phrases complexes

Il prend soin d’endosser point de vue intellectuel pour ne pas paraître ce qu’il est :  émotionnel, impulsif, lâche : « j’ai beaucoup réfléchi »

Affirmation d’une personnalité qui sait agir au milieu des dangers pour une cause noble : la liberté, la justice sociale, au-delà de ses propres frontières

Rambert, un combattant des brigades internationales pendant la guerre d’Espagne : « du côté des vaincus » : les communistes battus par le général Franco

« Pour le reste, je crois que je saurais encore payer de ma personne » « courage »

C’est par l’expérience qu’il justifie sa conclusion : « Maintenant je sais que l’homme est capable de grandes actions. Mais s’il n’est pas capable d’un grand sentiment, il ne m’intéresse pas »

L’idéal de Rambert est d’abord désigné par une périphrase : un grand sentiment = l’amour

Puis plus directement : Rambert reproche à l’homme d’être incapable d’avoir des sentiments durables : « il est incapable de souffrir ou d’être heureux longtemps »

Un idéal est en cours d’élaboration : vocabulaire mélioratif : grand, longtemps + champ lexical des sentiments.

Le test d’un idéal : pouvoir se sacrifier pour lui : Rieux et Tarrou prennent le risque de mourir pour aider, Rambert pour rejoindre sa femme « êtes-vous capable de mourir pour un amour ?

C’est Rambert qui met Tarrou à l’épreuve : il refuse désormais l’engagement politique (« une idée ») parce qu’il suppose la violence (« je ne crois pas à l’héroïsme, je sais que c’est facile et j’ai appris que c’était meurtrier »)

Sa réplique s’achève sur l’amour, son idéal : « Ce qui m’intéresse, c’est qu’on vive et qu’on meure de ce qu’on aime. »

Rambert : une véhémence qui cache sans doute un malaise : « L’autre sautait de son lit, le visage enflammé de passion »

Il reprend ses arguments

  1. seul l’amour vaut
  2. l’homme en est incapable
  3. l’héroïsme lui sert de dérivatif à son incapacité d’aimer : hiérarchisation lapidaire des idéaux

Répétitions et vocabulaire péjoratif pour donner de la force à son discours : « C’est une idée, et une idée courte »

Son vocabulaire le trahit : « Résignons-nous, docteur » : se résigner c’est bien renoncer 

Dénigrement de ses interlocuteurs : « « jouer au héros » est différent d’être un héros

Rieux

Alors que c’est Tarrou qui est interrogé, c’est Rieux qui répond : une phrase simple, très courte, qui va mettre à mal tout le raisonnement par accumulation de Rambert : « L’homme n’est pas une idée, Rambert.  »

Les deux tempéraments s’opposent

Rieux = la douceur « il dit avec douceur »

Rieux vigoureusement attaqué et dénigré prend son interlocuteur à contrepied

  • il est doux

il accepte un point de vue opposé : « Vous avez raison, Rambert, tout à fait raison, et pour rien au monde je ne voudrais vous détourner de ce que vous allez faire, qui me paraît juste et bon »

  • répétitions, comme celles employées par Rambert mais à la différence de celle de Rambert pour appuyer les propos de l’interlocuteur
  • vocabulaire philosophique : le « juste et bon » traduit l’idéal grec de l’homme le kalos kai agathos

cf Montaigne « faire l’homme dûment »

La deuxième répétition affine la notion d’héroïsme : Rambert y voit la violence, Rieux la démilitarise en « honnêteté », mot qui relance la discussion, Rambert veut comprendre le mot.

Le mot honnêteté vient du latin honos, honoris, le devoir

On change de registre : ni militaire ni passionnel, honnêteté renvoie à des actes concrets, à la praxis quotidienne : « le métier » comme la fin du texte 1

Certes Rieux est docteur, mais ce n’est pas le métier de docteur qui est désigné ici mais l’action concrète en général, et celle des équipes qu’il organise en particulier.

Rambert paraît acculé, il réagit avec passion (« rage »)

  • il ne sait comment réagir au mot métier  (a-t-il compris ce que le mot recouvre pour Rieux ?) comme s’il était perdu entre son passé de soldat, et l’inutilité actuelle de son métier de journaliste : « Ah ! dit Rambert, avec rage, je ne sais pas quel est mon métier »

il se sent en faute : « Peut-être en effet suis-je dans mon tort en choisissant l’amour »

Rieux, toujours doux et acceptant l’autre,  valide pleinement la position de Rambert : « Non, dit-il avec force, vous n’êtes pas dans votre tort »

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