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L'éducation selon Rabelais et Montaigne

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Par   •  7 Novembre 2019  •  Dissertation  •  4 438 Mots (18 Pages)  •  6 001 Vues

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Les nouveaux pères : la relation entre parents et enfants à la Renaissance

Cécile Moulin

Avenue de la Concorde 12

1022 Chavannes-Près-Renens

077 401 27 25

Cecile.moulin@unil.ch

Travaux pratiques d’Histoire littéraire du XIe au XVIe siècle

Groupe 6 – vendredi

Enseignante : Estelle Doudet


Comment une notion d'éducation univoque à première vue finit-elle par prendre des modes d’enseignements divergents ? C’est une question que l’on peut se poser en étudiant de près l’éducation développée par les réformateurs humanistes notamment Montaigne et Rabelais. Bien que partant de principes similaires ou même identiques, des disparités apparaissent dans leur manière de traiter du sujet.

À la Renaissance, période de réforme et renouveau, la notion d’éducation de l’enfant se voit bouleversée. L’« intérêt psychologique » et le « souci moral[1] » entourant le développement de l’enfant s’amplifie et la famille prend une nouvelle définition. En effet, en plus de servir de méthode de transfert de biens et d’héritage, la famille, reçoit une nouvelle attribution : celle d’éduquer de manière complète les enfants. En outre, elle doit « exercer une fonction morale et spirituelle de préparation de la vie[2] ». C’est plus précisément le père qui se voit inculqué cette tâche.

L’éducation humaniste a donc pour condition initiale de confier au père l’éducation de son enfant de manière cruciale. En effet, « les humanistes n’ont pas de mots assez vifs pour dénoncer les pères qui négligeraient cette part essentielle de leur charge : ils commettraient une sorte d’infanticide[3] ». Le lien qui lie un père à son fils est extrêmement fort. Par conséquent, qui d’autre de mieux placé pour régir l’éducation et le développement d’un enfant que son propre géniteur ? Pour les humanistes, un parent doit dévoiler une dualité qui s’exprime respectivement par l’affection envers ses enfants ainsi que par la fermeté et le contrôle de soi. Quoiqu’il doive se faire respecter par son fils, il doit en premier lieu recevoir l’amour de ce dernier. D'autre part, même si le père ne peut pas se consacrer à l’éducation de son fils pour une raison ou une autre, il se doit de choisir de manière critique le futur mentor de sa progéniture qui se devra de lui offrir un enseignement pointilleux.

Rabelais et Montaigne, deux réformateurs humanistes, exposent chacun leur notion d’éducation dans leurs travaux respectifs : Pantagruel et De l’affection des pères aux enfants. Nonobstant le fait que de nombreuses similarités, liées à leur point de vue personnel de l’éducation humaniste, peuvent être relevées dans les deux ouvrages, certains éléments s’avèrent diverger. Ces différences seront expliquées en exposant ce qui a défini Rabelais et Montaigne en tant que individus, notamment leurs expériences de vie, l’importance qu’ils accordent ou non à certains aspects de l’éducation  ainsi que ce qui unit ou sépare leurs deux œuvres ainsi que la manière différentes dont ils souhaitent enseigner les matières de l'éducation.

Les bases fondamentales communes

        La vision de la relation parent-enfant de Rabelais et Montaigne repose sur leur éducation et leur projet de prendre comme modèle l’éducation de l’Antiquité pour instituer une manière d’apprendre révolutionnaire. La Renaissance est un « temps qui retrouve le savoir, la langue, la philosophie, l'art des antiques Grecs et Latins dans leur forme authentique[4] ». Les matières enseignées à l’enfant sont retravaillées et une notion d’hérédité et d’héritage des connaissances et des biens du père au fils apparaît.

Éducation

        Rabelais a reçu une éducation scolastique remplie d’abus dialectique. Il critique les pédants, ces maîtres qui « citent Aristote à tout propos, qui parlent latin ou grec à tort et à travers, qui prennent enfin pour la vraie science un vain étalage de mots[5] », détruisant ainsi la notion d’intelligence et de culture et déformant puis abusant de leurs connaissances, les réduisant à un savoir absurde et creux. Dans Pantagruel, le Limousin incarne ce problème en s’adressant à Pantagruel avec un dialecte incompréhensible. Il veut « contrefaire la langue des Parisiens ; mais il ne faict que escorcher le latin, et cuyde ainsi pindariser, et luy semble bien qu’il est quelque grand orateur en françoys, parce qu’il dédaigne l’usance commun de parler[6] ». Rabelais utilise le personnage de Panurge, qui s’exprime notamment en allemand, en italien, en hollandais, en espagnol, en hébreu, en grec, en latin et en français[7] en l’opposant au Limousin :

L’opposition des deux personnages et de leur langage n’est évidemment pas fortuite. D’un côté, parodie tendant à ridiculiser les excès de transposition linguistique entre deux idiomes distincts ; de l’autre, témoignage rendu à la supériorité de celui qui, parlant plusieurs langues, voit son horizon humain s’élargir en proportion[8].

        Cette manière pontifiante d’enseigner entrave les élèves dans leur façon de penser et de raisonner, les préparant à ne connaître que des grands faits théologiques compliqués mais ne leur permettant pas de développer leurs connaissances pour des conversations de tous les jours. Ils sont formatés à avaler tout ce qu’on leur dit sans pour autant pouvoir réfléchir par eux-mêmes. Ils perdent en autonomie et en liberté de penser. Rabelais, réfute cet enseignement et sa solution est de privilégier le développement personnel et l’effort de la réflexion tout comme Montaigne. La première langue apprise par ce dernier fut le latin, seule langue parlée par Horstanus, son pédagogue, à qui son père l’avait confié. Cela suggère également une éducation scolastique sérieuse, où la langue latine était plus privilégiée et importante que le français, qu’il n’apprit qu’à partir de six ans. Le rôle de maître apparaît également chez Rabelais. Le personnage de Pantagruel, tout comme son père Gargantua, se voit attribuer un pédagogue par ce dernier : Épistémon[9].

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