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Incendie, Wajdi Mouawad, "l'homme qui joue"

Commentaire de texte : Incendie, Wajdi Mouawad, "l'homme qui joue". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  1 545 Mots (7 Pages)  •  10 364 Vues

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En quoi pouvons nous dire que Nihad est un personnage d'essence spectaculaire?

I. Une scène spectaculaire/Une scène d’action :

A. La violence sur scène

La scène où nous faisons directement la connaissance de Nihad est l’une des deux seules, dans Incendies, où la violence n’est pas racontée mais représentée sur la scène.

La première, celle du meurtre du milicien par Sawda, voyait l’action survenir comme une brusque décharge, au terme d’un dialogue de plus en plus menaçant.

Ici, au contraire, le personnage nous apparaît dès le début de la scène en pleine action, didascalies, dont la part est plus importante que la parole des comédiens.

Parmi ces didascalies, beaucoup ont une fonction kinésique : avant de prendre la parole, le personnage se définit par ses actes de tueur embusqué. Les mêmes actions se répètent à travers la reprise des verbes « tirer » (sept *), « recharger » (deux *), « viser » (trois *). L’énumération de ces verbes et la répétition de ces actions montre qu’on a affaire à une machine à tuer.

Le rythme soutenu des faits et gestes du tueur est perceptible grâce l’utilisation récurrente, dans la didascalie initiale, des adverbes « soudain », « rapidement », « très rapidement » (deux fois), « soudainement ».

La longueur de la didascalie initiale permet de développer le récit, au présent de narration, des actions de Nihad.

Ces actions ressemblent à celles d’un prédateur à l’affût de sa proie et prêt à bondir : « Soudain, son attention est attirée par quelque chose au loin. » Tout se passe comme si ses sens, ultradéveloppés, lui permettaient de percevoir ce qui n’est pas encore visible pour un être humain normal. En effet, rien n’est dit de ce que voit Nihad ni de sur quoi il tire ; ce n’est qu’une fois qu’il est maître de sa proie que nous la voyons.

B. Fonctionnement instinctif du tueur

En quelques lignes, le dramaturge nous montre le fonctionnement instinctif du tueur qui « épaule son fusil », « vise », « tire d’un coup » puis « il s’arrête soudainement. Il se plaque au sol », « prend son fusil », « il se lève d’un coup et tire », « il court vers l’endroit où il a tiré »

« tirant par les cheveux un homme blessé ». Cette dernière mention assimile le comportement de Nihad à celui d’un fauve qui ramène sa proie dans sa tanière, à la différence que la violence de Nihad malmène gratuitement ses victimes.

C. Scène de cinéma

Cette scène d’action semble influencée, dans son écriture, par le cinéma et la télévision. D’abord le tueur embusqué, tireur d’élite ou snipper, est devenu habituel du cinéma d’action et des séries télévisées.

Le personnage nous est d'abord montre posté « sur le toit d’un immeuble ».

Puis, par effet de zoom, le personnage est cadré plus prêt : il mime un concert puis un show télévisé.

L’action est soutenue par une bande son qui mêle la musique diffusée depuis le walkman et les moments chantés ou sonorisés par Nihad.

On retrouve à nouveau un effet de gros plan sur le Walkman, le premier pour permettre l’identification du modèle de Nihad (« modèle 1980 »), l’autre quand le tueur l’abandonne par terre pour ramener sa victime (« Il a laissé son walkman qui continue à jouer »).

II. Un personnage paradoxal et dangereux

Isolé du reste de l’humanité par sa fonction de tueur embusqué sur le toit d’un immeuble, Nihad se réfugie dans le rêve d’un monde en constante représentation, plateau de théâtre pour un concert ou studio de télévision pour une interview (il joue dans la dernière partie de la scène à être un chanteur de rock invité dans une émission télévisée). Le rôle de Kirk, l’animateur de l’émission, est tenu par l’homme mort à qui Nihad « s’adresse » directement. Le jeune homme semble donc plus à l’aise avec les morts ou les personnages fictifs qu’avec les vivants.

A. Un personnage vivant dans un enfermement

Cet enfermement dans un monde imaginaire est visible dans le dialogue avec le photographe, où la première réplique de Nihad exprime une réaction violente à la phrase prononcée par son interlocuteur, jugée « débile », comme si ce dernier jouait mal son rôle ou improvisait mal.

On a l’impression que Nihad se croit dans un film.

Face à une situation concrète de dialogue avec un homme bien vivant, il semble ne pas trop savoir comment réagir, hésitant entre le tutoiement et le vouvoiement (« et tu m’as pris en photo ? » et plus loin : « Je vous jure »).

B.

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