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Commentaire de Incendies, Wajdi Mouawad

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Par   •  14 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 989 Mots (12 Pages)  •  6 210 Vues

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Commentaire Incendies Wajdi Mouawad

Scène 5

Incendies est une pièce de théâtre de l’auteur libanais québécois Wajdi Mouawad. Wajdi est né en 1968 au Liban, c’est un metteur en scène, dramaturge, comédien du XXIe siècle. Il quitte le Liban pour cause de guerre civile s’installe en France, puis immigre au Québec en 1983, où il prend goût au théâtre québécois. Suite à cela, il écrit quatre pièces de théâtre qui forment la tétralogie Le Sang des promesses. Incendies (2003) est la deuxième pièce de cette tétralogie, précédée de Littoral (1999), et succédée de Forêt (2006) et Ciels (2009). L’intrigue de la pièce repose sur Nawal, qui charge à ses jumeaux Jeanne et Simon de retrouver leur père et frère dont ils ignorent l’existence. La scène cinq qui s’intitule « Ce qui est là » se situe dans la première partie de la pièce : Incendie de Nawal. Cet extrait comporte la première analepse par rapport à l’intrigue principale : il correspond à la première apparition de Nawal adolescente. La scène cinq est la plus ancienne de l’histoire de Nawal. La scène semble être annoncée à la fin de la scène quatre, quand Hermile Lebel révèle à Jeanne « Votre mère a connu votre père lorsqu’elle était jeune ». De plus, Nawal et Wahab s’appellent à la fin de la scène quatre. Dans la scène cinq, un dialogue amoureux est présent entre les deux amants Nawal et Wahab. Une nouvelle révélation arrive : Nawal attend un enfant. Nous verrons donc en quoi cette scène est une scène tragique et émouvante. Nous étudierons d’en un premier temps que cet aveu est à la fois difficile et paradoxal, dans un second temps le registre lyrique d’une adolescente amoureuse, puis enfin nous verrons que la tragédie est imminente dans cette scène.

Pour Nawal, annoncer à son amant Wahab qu’elle est enceinte est un aveu paradoxal. La difficulté de choisir entre le choix de parler et révéler la vérité s’oppose à celui de se taire. La joie mêlée à la peur rend cette scène dramatique. Tout d’abord, Wahab ne parle pas dans cet extrait, mais pourtant sa présence est importante dans la tirade de Nawal, puisque la tirade lui est destinée. Nawal l’appelle par son prénom : en effet le premier mot de cette tirade est « Wahab » avec une phrase exclamative : Nawal l’interpelle. Son prénom est répété par Nawal cinq fois dans la scène. Cette répétition pourrait montrer que Nawal tient fortement à lui parler. Ensuite, Nawal semble détenir un secret. En effet elle répète « Tu ne sais pas » en parlant de Nawal : cela nous fait comprendre que Nawal, quant à son amant, « sait ». C’est alors l’utilisation du verbe savoir qui fait de Nawal détentrice d’un secret. De plus, la multiplication de pronoms de la deuxième personne du singulier comme « te », « toi », « tu », insiste encore une fois sur le fait que Nawal a une révélation à lui faire. Les recherches de Nawal à travers la forêt sont soulignées par la figure de style de l’épiphore : « Je t’ai appelé toute la nuit. J’ai couru toute la nuit ». La répétition en fin de phrase du mot « nuit », indicateur temporel, montre comment Nawal est prête à tout pour parler à son cher, puisqu’elle s’enfuit de chez elle et cherche Wahab en pleine nuit, dans la forêt comme nous l’indique la didascalie initiale. Par ces différents procédés, nous savons que l’aveu est destiné à l’amant Wahab, et seulement lui. Nawal qui voulait impérativement révéler l’aveu, décide d’hurler son secret dans la forêt : « Je voulais hurler le hurler pour que tout le village l’entende, pour que les arbres l’entendent, pour que la nuit l’entende, pour que la lune et les étoiles l’entendent ». Elle y renonce pourtant, pour le « dire à l’oreille » : elle dit « qu’elle ne pouvait pas » (hurler son secret). Cela place le secret dans l’intimité de l’amour. Ensuite, des didascalies marquent des silences dans la tirade : « Elle se tait » et « Il l’embrasse ». Ces deux didascalies montrent d’une part la difficulté à la révélation de cet aveu. Et d’autre part donnent au discours de Nawal un côté dramatique. Ces pauses dans la tirade permettent également de laisser un temps au lecteur, spectateur de comprendre ce qu’il se passe, puis à Wahab de comprendre les paroles de sa chère et tendre, un suspens est également laissé. Les didascalies, à la fois initiales et expressives, permettent aussi au lecteur de se figurer la scène. Le premier mouvement de la tirade, qui s’étend de l’exclamation « Wahab ! » à « Ne dit rien » est fait sur une construction bien adaptée. En effet, ce premier mouvement est découpé en trois parties : premièrement, Nawal avertit Wahab, elle lui demande de se taire par la répétition d’injonctions. «Ecoute-moi », « Ne dis rien », « Ne parle pas », elle utilise un mode autoritaire face à son amant. Pour cela, elle utilise le mode impératif, elle lui demande d’abord de l’écouter, puis de se taire. Deuxièmement, elle le prépare psychologiquement à l’horreur de son annonce : « Tu ne sais pas le bonheur qui va être notre malheur », puis utilise le mode de la prière, avec le verbe promettre, qui semble faire référence au titre de la tétralogie dont provient la pièce, Le sang des promesses : « promets-moi », « s’il te plaît, laisse le silence ». Elle désire faire son discours sans être interrompue. Pour obtenir toute son attention, elle insiste sur l’importance du secret et sa gravité. Enfin, elle décide de se taire, (« Je vais me taire »), mais avant de se taire, elle prend des précautions « à partir du moment où je vais laisser échapper les mots qui vont sortir de ma bouche ». Le verbe se taire a une importance dans toute la scène : en effet, Nawal restera muette un long moment, ce silence pèsera. De nombreux procédés sont utilisés pour annoncer le dilemme de l’aveu. Dans un premier temps, le champ lexical de la parole est présent : « les mots », «dire », « hurler », « secret ». Ces mots montrent que Nawal à bien l’intention de parler. De plus, certains de ces mots sont présents dans une série d’antithèse entre « hurler » et « dire à l’oreille », « parler » et « se taire ». Ces antithèses sont révélatrices d’un aveu lourd de conséquences, source de danger. Elles montrent également l’hésitation de Nawal entre parler ou se taire, hurler ou dire à l’oreille. En effet, c’est seulement au troisième mouvement du discours que Nawal commence à révéler le secret. Entre le deuxième et le troisième mouvement, on apprend par une didascalie kinésique que Wahab et Nawal s’embrassent. Cela aurait permis à Nawal

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