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His quebec

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Par   •  28 Juin 2018  •  Cours  •  1 343 Mots (6 Pages)  •  783 Vues

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DEVOIR 6  HIS 1060

1. En quoi les secours directs sont-ils une nouveauté au Québec?

 2. Quelle est la solution au chômage privilégiée par l’élite religieuse et nationaliste canadienne-française?

3. Quelles régions du Québec sont visées par le programme de colonisation mis en œuvre au cours des années 1930?

4. Au sein de quel organisme les syndicats communistes se regroupent-ils entre 1929 et 1935?

5. Répondez à la question suivante, en trois pages (maximum), sur des feuilles séparées. Défenseure de l’égalité des sexes et de l’instruction gratuite et obligatoire, Éva Circé-Côté (1871-1949) a aussi été chroniqueuse dans Le monde ouvrier, l’organe des syndicats internationaux à Montréal. Pour échapper aux seules pages féminines où étaient généralement confinées les femmes de conviction qui s’intéressaient aux grands débats sociopolitiques, il lui est souvent arrivé d’écrire sous un pseudonyme. L’article reproduit ici, écrit sous le pseudonyme de Julien Saint-Michel, est publié alors que le Québec traverse une période de dépression économique sans précédent. Lisez attentivement cet article et après avoir montré en quoi la Crise frappe aussi durement les travailleurs que les chômeurs, tentez de voir si ce billet polémique cherche à déterminer les causes structurelles de cette grande dépression.

D e v o i r 6 ÉVA CIRCÉ-CÔTÉ Quelques « à côtés » de la Crise 1934 Nous traversons une douloureuse phase de notre vie économique. Il n’y a pas que les chômeurs qui soient à plaindre. Ceux qui travaillent ne sont pas sur un lit de roses. Outre les salaires de misère ceux qui ont la chance d’avoir une position gagnent plusieurs fois leur argent. Les patrons sont devenus d’une exigence et d’une arrogance incroyables. Ils ont diminué de plus de la moitié le personnel d’autrefois, réduit les traitements à leur plus simple expression mais ils ont augmenté considérablement la somme de travail de ceux qu’ils ont bien voulu garder : « Hein! Vous n’avez pas à récriminer, c’est une belle grâce qu’on vous fait de vous faire gagner votre pain. Sans moi, vous seriez à la mendicité… Si vous n’êtes pas satisfaits, il y en a cent qui seraient aux anges d’avoir votre place… » Les pauvres diables font la tâche de trois, de quatre, sans que le patron soit plus content pour tout cela… Il ne faut pas qu’il perde, lui. Le client, l’employé, soit, mais le bourgeois doit y trouver son compte bien rond. Qu’il tombe de la grêle, des sauterelles ou des clous pour les autres, mais qu’on l’épargne, ce profiteur de la crise. C’est à son tour à tirer sur le pauvre monde. Soldat ou ouvrier, la peau des uns et la sueur des autres, c’est toujours le peuple qui écope dans ces histoires-là. La politique et le capital à tour de rôle exploitent la plèbe. Hier, c’était la guerre qui saignait l’humanité à blanc, aujourd’hui ce sont les trusts, les combines de toutes sortes qui l’affament. On ne sait pas « qui c’est ». Ils placent le tort les uns sur les autres. Ces loups opèrent à la faveur de la nuit. On ne voit plus leurs yeux de feu dans les fourrés, on ne sent plus leur haleine brûlante courir sur notre nuque. Ils se gardent bien de se promener en bandes comme autrefois, car ils ont peur des battues dans les bois. Le matin, on trouve des brebis égorgées dans le bercail, les poulaillers sont dévastés, les hangars pillés et personne n’a rien vu. Depuis tant d’années déjà que l’on fait enquête sur enquête pour connaître les causes de la dépression. Le sphinx, le front dur, garde son secret. Quelle débauche de mots, de sophismes et de mensonges! Tout le monde est coupable. Chacun doit se frapper la poitrine – les pharisiens, les exploiteurs exceptés, et s’accuser de tous les crimes. C’est l’histoire des animaux frappés de la peste, l’âne bat sa coulpe sur l’échine d’un plus stupide que lui : « Moi, dans le temps des gros salaires, j’ai gaspillé tout ce que je gagnais, je n’ai rien su mettre de côté pour les mauvais jours et la vieillesse. » Les lions de clubs, qui jetaient leurs millions par la fenêtre, hurlent : « C’est lui, ce pelé, ce galeux, qui a tondu la largeur de sa langue dans le pré voisin! Il souffre, il se plaint, mais il n’a pas volé ses malheurs!… C’est lui qui a comme l’araignée tissé la toile grise, opaque où nous étouffons!… » Redevenu pharaon, tyran et exploiteur de la chair humaine, le maître montre les grosses dents. S’il ne prend pas le fouet pour conduire ses esclaves au travail, c’est qu’il a d’autres moyens de les atteindre au plus maigre. Il y a quelques années le bourgeois y mettait des formes. Il se montrait poli et aimable avec ses subalternes. Aujourd’hui, il a dépouillé le bon monsieur avec son paternisme conventionnel. Il a le ton rogue et dur, il roule tout le temps des gros yeux. Il arrive à des heures inattendues pour surprendre les hommes en flagrant délit de conversation ou de flânerie. Ils ne peuvent plus souffler, ni s’ôter les yeux de leur ouvrage. Ils sont guettés, espionnés, trahis. Pour un retard de cinq minutes, une maison de commerce des plus importantes a congédié un bon employé sans vouloir entendre ses raisons qui pouvaient être bonnes. L’unique dactylographe de trois bureaux d’avocats, depuis cinq ans de ce régime pire que celui de la prison des femmes, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Malgré, les épaules rentrées, c’est une candidate à la tuberculose. Je connais un clerc dont le notaire, son patron, tire un parti inattendu de ses loisirs. Il lui fait laver les couches de son dernier-né et polir ses meubles. Il fait les commissions de madame, cire les chaussures de l’homme de loi ou pèle les patates. Il endure ces indignités, car il pourrait être plus mal. Un de ses amis, apprenti électricien, dans ses moments perdus, mais que le patron a su retrouver, scie du bois, « pelte » de la neige, blanchit le linge, le frotte sur la laveuse en zinc et tourne la manivelle de l’essoreuse. Un vrai cheval de carrousel, quoi! Les servantes sont esquintées par des ménagères inhumaines qui ne savent quoi inventer pour les tenir en haleine tout le temps : « Quand vous aurez fini votre vaisselle, il y a des bas à repriser et une poule à plumer… C’est ennuyeux de se tourner les pouces toute la soirée… Vous polirez le piano, comme une bonne fille, après avoir lavé vos torchons de vaisselle… » Que voulez-vous, c’est la crise!! Il faut s’en tirer. Ce régime d’économie à outrance favorise le gros, mais écrase le petit. C’est toujours sur lui en somme que les tuiles tombent et qui écope dans les catastrophes. C’est lui la chair à canon et la chair à exploitation! C’est lui la cible des flèches acé- rées du destin! Le bourgeois, qui a diminué ses dépenses sans réduire de beaucoup ses excès, ne souffre guère de la dépression. Il faut voir scintiller au soleil le nickel des automobiles de luxe, un véritable éblouissement! pour comprendre que nombre de gens à côté de la multitude affamée prennent les bouchées doubles… Ils se plaignent cependant et plus haut que les autres. Leur visage comme celui des pharisiens affecte une tristesse hypocrite. Ces sépulcres blanchis à la poudre de riz ne recèlent que pourriture. Ces faux faméliques serrent leur bedon en des corsets rigides. Qui sait si ces profiteurs n’empêchent pas par quelques nouveaux trucs et des manigances coupables le retour à la prospérité?… Si le peuple pâtit, c’est un signe évident que d’autres se gavent à ses dépens. La vie est un peu comme autrefois le traversier de l’île Sainte-Hélène dont le balancier haussait d’un côté quand il baissait de l’autre. Est-ce bien que pour garder l’équilibre social, il faut qu’il y en ait qui nagent dans le bien-être et que d’autres crèvent de faim? Julien Saint-Michel [pseudonyme] Source : Éva Circé-Côté. « Les “à côtés” de la crise », Le monde ouvrier, 21 juillet 1934, p. 3.

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