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Heureux qui comme Ulysse, Du Bellay, analyse

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Par   •  6 Novembre 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 197 Mots (9 Pages)  •  1 757 Vues

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« Heureux qui comme Ulysse… »

Le XVI°S. a joué un rôle prépondérant dans la vie de la poésie française. Les jeunes poètes de la Pléiade en définirent, en effet, une nouvelle conception que Joachim du Bellay présenta dans la Défense et Illustration de la Langue Française. Ce manifeste prônait une forme de poésie savante. Or, son auteur eut l'occasion quelques temps après cette publication de réaliser un rêve qui lui était cher : son cousin le cardinal Jean du Bellay, envoyé par le roi en mission diplomatique à Rome consentit à l'emmener ; mais plusieurs déceptions amenèrent le poète à écrire notamment des sonnets qu'il regroupa dans les Regrets.

C'est dans ce recueil que se trouve « Heureux qui comme Ulysse ». Du Bellay s’y montre sincère, il nous livre ses pensées et goûts.

Problématiques possibles :

 En quoi ce poème est-il à la fois traditionnel et original ?

 En quoi ce sonnet correspond-il au titre du recueil d’où il est extrait ?

 En quoi ce sonnet vous semble-t-il relever du mouvement humaniste ?

 Quelle image ce sonnet donne-t-il du poète ?

 Quelles sont les marques du registre lyrique / élégiaque dans ce poème ?

 En quoi ce sonnet est-il élégiaque ?

 Comment sont développés les thèmes du voyage et de l’exil dans ce poème ?

I Un poème lyrique

Ce sonnet en alexandrins se veut avant tout lyrique.

A Sentiment d’envie

Le premier sentiment exprimé par le poète est celui de l’envie. La formule impersonnelle à savoir "Heureux qui ..." laisse entendre dès le premier vers du sonnet que du Bellay ne se range pas dans cette catégorie d'hommes fortunés qui ont fait "un beau voyage".

Or leur voyage est assimilé à toute une lexie méliorative que les adjectifs « heureux » et « beau » tout comme le quantitatif dans « plein d’usage et de raison » soulignent. Nous avons alors la sensation que le voyage est bienfaiteur puisque associé à une certaine sagesse. Formateur également de par l’emploi du passé composé (« a fait un beau ») qui établit un lien avec le présent mettant ainsi en exergue la continuité formatrice du voyage pour les hommes glorieux que sont notamment Ulysse et Jason.

Le bonheur est également souligné par l'élan des deux premiers vers et en particulier par l'ampleur de la périphrase désignant Jason, périphrase qui occupe les douze syllabes du second vers. Le rythme est régulier étant donné que les premiers vers sont de parfaits tétramètres. Sérénité et bien être sont alors valorisés.

B Déception

Contrairement aux héros qu'il évoque, du Bellay a été profondément déçu par son voyage à Rome. L'opposition systématique entre les "douceurs" du pays de France et les reproches qu'il formule à l'égard de la capitale romaine, opposition renforcée par l'emploi anaphorique de l'adverbe "plus", accentue l'amertume du poète.

De plus Du Bellay manifeste son aversion, lorsqu'il parle de Rome, par l'emploi de sonorités dures comme la liquide en [R] dans les expressions "marbre dur" ou "air marin", la dentale [t] avec "palatin" et "latin" ou encore la rime masculine de ces deux termes qui se trouve reprise à l'intérieur du dernier vers dans le mot "marin". La désillusion du poète est alors rendue parfaitement audible.

C L’inquiétude

Mais c'est surtout l'inquiétude de Du Bellay que l'on ressent. En effet, au premier vers, malgré la présence du mot "heureux", l'allusion à Ulysse n'est pas sans rappeler les tribulations du héros antique et de ses compagnons. Certes, après une odyssée de dix années, Ulysse a retrouvé sa terre natale mais encore avait-il mérité son retour par sa victoire sur les Troyens, tout comme Jason avait mérité le sien par la conquête de la Toison d'or gardée par un dragon. C'est donc bien ce que souligne la longue périphrase qui occupe tout le deuxième vers. Or, qu'a-t-il conquis, lui, pour mériter son retour ? On comprend alors le si triste soupir valorisé par sa place à l’hémistiche qu’est « hélas ». Celui-ci marque une rupture ; il renferme une nostalgie telle que nous avons la sensation qu’il émane du plus profond du poète. A cela s’ajoute la double interrogation à savoir « quand reverrai-je » et « En quelle saison / Reverrai-je » qui nous livre le questionnement intérieur du poète. Or ces questions témoignent d’un mal être étant donné qu’elles sont associées au temps. On ressent alors toute l’insatisfaction du poète qui ne semble pas voir de réconfort à sa situation puisque perçu comme enfermé dans un temps qui n’avance pas pour le ramener chez lui. L’échéance du retour semble inenvisageable ce qui augmente peut-être l’inquiétude de Du Bellay.

Le quatrième vers, enfin, de ce poème laisse comprendre que Du Bellay est peut-être arrivé à ce moment de la vie où l'on aime "vivre entre ses parents le reste de son âge". Il avait alors à peine plus de trente ans, mais son inquiétude n'en est que plus émouvante.

Nous avons donc vu que Du Bellay exprimait dans ce poème ses sentiments personnels que sont notamment la déception et l’inquiétude. L’humaniste prônant une poésie savante s’efface face à l’homme.

II L’humaniste s’efface derrière l’homme

Dans ce poème élégiaque, l’humaniste, élève du collège de Coqueret, s’est effacé derrière l’homme.

A Aucune poésie savante / 0 références réelles

Le disciple de Jean Dorat a évité ici toute érudition savante. Certes, l'allusion à Ulysse et Jason nous plonge dans un contexte antique et Du Bellay aurait pu parler des grands navigateurs de son temps, tels Christophe Colomb, Vasco de Gama, Magellan ou plus près de lui, Jacques Cartier, "le découvreur du Canada". Mais l'allusion aux deux héros antiques, donne une portée universelle à la pensée du poète ; elle est "suffisamment" claire pour que toute impression d'érudition

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