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Guy de Maupassant, Pierre et Jean (extrait), 1888

Commentaire de texte : Guy de Maupassant, Pierre et Jean (extrait), 1888. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 577 Mots (7 Pages)  •  255 Vues

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  • Guy de Maupassant, Pierre et Jean (extrait), 1888.

Pierre et Jean sont frères. Pierre vient d'apprendre avec surprise et jalousie que Maréchal, un ancien ami de la famille, a légué  son patrimoine à Jean. Il en vient peu à peu à soupçonner un ancien adultère de sa mère.

« Je suis fou, pensa-t-il, je soupçonne ma mère.» Et un flot d'amour et d'attendrissement, de repentir, de prière et de désolation noya son cœur. Sa mère ! La connaissant comme il la connaissait, comment avait-il pu la suspecter ? Est-ce que l'âme, est-ce que la vie de cette femme simple, chaste et loyale, n'étaient pas plus claires que l'eau ? Quand on l'avait vue et connue, comment ne pas la juger insoupçonnable ? Et c'était lui, le fils, qui avait douté d'elle ! Oh ! S’il avait pu la prendre en ses bras en ce moment, comme il l'eût embrassée, caressée, comme il se fût agenouillé pour demander grâce ! Elle aurait trompé son père, elle ?... Son père ! Certes, c'était un brave homme, honorable et probe en affaires, mais dont l'esprit n'avait jamais franchi l'horizon de sa boutique. Comment cette femme, fort jolie autrefois, il le savait et on le voyait encore, douée d'une âme délicate, affectueuse, attendrie, avait-elle accepté comme fiancé et comme mari un homme si différent d'elle ? Pourquoi chercher ? Elle l'avait épousé comme les fillettes épousent le garçon doté que présentent les parents. Ils s'étaient installés aussitôt dans leur magasin de la rue Montmartre; et la jeune femme, régnant au comptoir, animée par l'esprit du foyer nouveau, par ce sens subtil et sacré de l'intérêt commun qui remplace l'amour et même l'affection dans la plupart des ménages commerçants de Paris, s'était mise à travailler avec toute son intelligence active et fine à la fortune espérée de leur maison. [Et sa vie s'était écoulée ainsi, uniforme, tranquille, honnête, sans tendresse !... Sans tendresse ?... Était-il possible qu'une femme n'aimât point ? Une femme jeune, jolie, vivant à Paris, lisant des livres, applaudissant des actrices mourant de passion sur la scène, pouvait-elle aller de l'adolescence à la vieillesse sans qu'une fois, seulement, son cœur fût touché ? D'une autre il ne le croirait pas, pourquoi le croirait-il de sa mère ? Certes, elle avait pu aimer, comme une autre ! Car pourquoi serait-elle différente d'une autre, bien qu'elle fût sa mère ? Elle avait été jeune, avec toutes les défaillances poétiques qui troublent le cœur des jeunes êtres ! Enfermée, emprisonnée dans la boutique à côté d'un mari vulgaire et parlant toujours commerce, elle avait rêvé de clairs de lune, de voyages, de baisers donnés dans l'ombre des soirs. Et puis un homme, un jour, était entré comme entrent les amoureux dans les livres, et il avait parlé comme eux. Elle l'avait aimé. Pourquoi pas ? C'était sa mère ! Eh bien ! Fallait-il être aveugle et stupide au point de rejeter l'évidence parce qu'il s'agissait de sa mère ?] S'était-elle donnée ?... Mais oui, puisque cet homme n'avait pas eu d'autre amie ; Mais oui, puisqu'il était resté fidèle à la femme éloignée et vieillie, Mais oui, puisqu'il avait laissé toute sa fortune à son fils, à leur fils !... Et Pierre se leva, frémissant d'une telle fureur qu'il eût voulu tuer quelqu'un ! […]

Introduction :

-Amorce possible :

Au XIXe siècle, les romanciers se voient influencés par les travaux scientifiques menés (notamment par S. Freud) sur l’inconscient et la psychanalyse. La psyché (=l’âme, la vie intérieure) du personnage romanesque intéresse alors les romanciers, qui cherchent à traduire les mouvements de leur pensée. La citation suivant extraite de la préface de Pierre et Jean écrite par G. de Maupassant en est l’illustration : « Il [le romancier] montrera de cette façon, tantôt comment les esprits se modifient sous l'influence des circonstances environnantes, tantôt comment se développent les sentiments et les passions, comment on s'aime, comment on se hait, comment on se combat dans tous les milieux sociaux, comment luttent les intérêts bourgeois, les intérêts d'argent, les intérêts de famille, les intérêts politiques. »

-Présentation du texte (forme et fond) + rappel question :

Extrait de Pierre et Jean, roman réaliste / naturaliste écrit par G. de Maupassant en 1888.

Extrait dans lequel le narrateur nous invite à entrer dans la psyché de Pierre, dévoré par l’hésitation, après avoir découvert que sa mère a été adultère par le passé.

Doit-il la condamner ? La comprendre ? La pardonner ? Comment le narrateur exprime-t-il, alors, la sensibilité de Pierre à l’égard de sa mère ?

  1. Au cœur de la psyché de Pierre – Une écriture de l’introspection [1] 

Argument : Extrait romanesque dans lequel le narrateur permet au lecteur d’entrer au cœur de la vie intérieure de Pierre. Pour cela, il rapporte les pensées de Pierre soit au DD, soit au DIL. Il utilise donc 2 types de discours qui lui permettent de s’effacer (pas de disparaître) au profit de son personnage.

Discours direct :

-« Je suis fou, pensa-t-il, je soupçonne ma mère.» (l.1)

> Proposition incise contenant un verbe de pensée

>Marques formelles – guillemets

>1ère personne du sg : le personnage s’exprime directement.

Le narrateur nous donne à entendre, directement, la « voix » de Pierre. Submergé par l’émotion. Grâce à ce discours rapporté, le narrateur se trouve au plus près du personnage, ressent davantage sa sensibilité. Narrateur qui met tout en place pour s’efface derrière le personnage.

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