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FANTASTIQUE ET MERVEILLE

Dissertation : FANTASTIQUE ET MERVEILLE. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Février 2019  •  Dissertation  •  3 646 Mots (15 Pages)  •  1 715 Vues

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Alors que le fantastique est une source inépuisable d’inspiration au XXIe siècle il est intéressant de revenir sur ses racines au Moyen Âge. Dans son Introduction à la littérature fantastique, 1970, Tzvetan Todorov définit le fantastique comme « une incertitude entre la réalité et le merveilleux face à un événement qui échappe aux lois de la réalité. Dès que l’on choisit entre les deux, on quitte le fantastique. » Le Moyen Âge ne connaît pas à cette époque la notion de « fantastique » et parle de « merveilles ».

Nous pouvons donc nous demander si le merveilleux médiéval peut être assimilé au fantastique moderne décrit par Tzvetan Todorov ?

Afin d’y répondre nous étudierons le merveilleux du Moyen Âge en analysant son interprétation, ses formes et ses productions dans le cadre de la littérature médiévale, ensuite nous montrerons comment Tzvetan Todorov a isolé et analysé le fantastique moderne et s’il applique au merveilleux du Moyen Âge.

Axe 1

Si le fantastique est de tous les temps et de toutes les cultures, celui du Moyen Âge ne saurait relever d’un genre littéraire qui n’apparaît qu’au XIXe siècle ; il faut donc l’identifier partout où il se trouve, dans le champ immense que recouvre le temps de l’étrange et du merveilleux qu’en a donné la littérature. Le mot « fantastique » n’apparaît qu’au XIVe siècle. Le merveilleux, qui au Moyen Âge recouvre la nature et la surnature, évoque toujours une transgression ; celle-ci peut prendre une forme positive, qu’énonce le mot « miracle » ; sous sa forme négative, on relève ce qui est étrange et opposé à la nature, ou ce qui est contraire à l’action divine, de sorte que le trouble et surtout la peur en découlent. Les récits merveilleux et fantastiques peuvent paraître très proches, mais ils sont fondamentalement différents. Afin de mieux comprendre le merveilleux et le fantastique, il est nécessaire d’expliquer ce que sont : le surréel, le surnaturel et l’étrange.

Alors que le réel englobe tout ce qui est connu, le surréel représente tout ce qui dépasse la limite de nos connaissances, c’est-à-dire ce qui est rationnellement inexplicable au moment où l’on parle. Par contre, le surnaturel est ce qui semble échapper aux lois de la nature ; il correspond à une exception aux lois du monde que Dieu à fixées (par exemple, les anges) ; il fait partie du surréel ; il est tout-à-fait possible (par exemple, les miracles) ; mais il surprend toujours. Comme le mot « surnaturel » a fini par prendre un sens plus large et devenir synonyme de « surréel », nous l’emploierons, dans cette étude, avec ce deuxième sens. Quant à l’étrange, il fait partie du réel ; il est ce qui est très différent de ce que l’on a l’habitude de voir, ce qui étonne, surprend. Par contre, un phénomène est banni de notre réalité ; il se situe au-delà du réel ; il fait partie du surréel ; mais, il n’échappe pas nécessairement aux lois de la nature et n’est donc pas forcément surnaturel ; il peut donc être surnaturel ou autre. Mais, l’apparition d’un phénomène crée toujours un climat d’étrangeté. A partir de ces définitions, nous allons étudier le merveilleux et le fantastique dans les œuvres de notre corpus. Notre but n’est pas de faire entrer celles-ci dans des genres littéraires bien définis (merveilleux ou fantastique), mais d’en étudier les manifestations, d’autant plus que pour certaines œuvres, seuls certains passages font appel au merveilleux ou au fantastique.

Le merveilleux se fonde sur l’interaction d’êtres et d’éléments surnaturels, dans un monde féérique. Les êtres et les objets sont des pouvoirs surnaturels, les animaux parlent, la sorcellerie et les métamorphoses sont habituelles. Les récits merveilleux sont des œuvres d’imagination qui ne recherchent pas le réalisme et qui plongent d’emblée l’auditeur ou le lecteur dans un monde surnaturel, sans qu’il se pose de questions. Ils ont un caractère irréaliste. Dans un récit merveilleux, une cohérence parfaite s’installe entre le personnage et l’univers dans lequel il évolue. D’autre part, le lecteur découvre un monde féérique où rien ne l’étonne. Il accepte les données du monde surnaturel comme allant de soi.

Il fait preuve de confiance et de crédulité. Le merveilleux n’entretient aucune ambiguïté entre ce qui existe réellement et ce qui paraît surnaturel. Il sous-tend une histoire dont on sait d’emblée qu’elle est fictive. Il ne nécessite aucune justification et se donne pour tel. Il s’ajoute au monde réel sans lui porter atteinte ni en détruire la cohérence. Il ne cherche pas à rationaliser le surnaturel ni à l’expliquer, car les phénomènes surnaturels sont la réalité des personnages de la fiction. Une continuité naturelle semble s’installer entre le monde réel et le monde merveilleux. Le merveilleux littéraire caractérise donc un monde où le surnaturel est incontesté : personnages, comportements et évènements obéissent à des lois insolites, généralement très éloignées de la logique ordinaire. C’est le monde de l’altérité absolue, où la raison ne s’aventure qu’en étrangère. Il n’y a pas d’obstacles à ce qu’une fée intervienne dans la vie du héros : c’est attendu. Ce personnage fait partie de l’univers merveilleux ; il y est à sa place. On est dans le monde du « Il était une fois… ». Le merveilleux construit un monde autonome, universel et intemporel, qui évacue le rapport à la réalité référentielle.

Dans la perspective classique, il y a incompatibilité entre le merveilleux et la prose, c’est pourquoi depuis l’Antiquité, le merveilleux qui trouve son origine dans la tradition orale, est réservé aux mythes, aux légendes, aux épopées ou aux poésies versifiées. Au Moyen Age, la pensée médiévale occidentale divise le merveilleux en trois catégories : le miraculus, le magicus et le mirabilis. Le miraculus désigne le merveilleux chrétien et recouvre tout ce qui est lié à la présence ou à la manifestation de Dieu. Le magicus représente l’aspect maléfique et diabolique du merveilleux, quant au mirabilis, il englobe tout ce qui ne peut s’expliquer par les lois de la nature, tout ce qui est anormal, extraordinaire. Mais, les frontières entre ces différentes catégories du merveilleux sont parfois floues et difficiles à déterminer.

AXE 2

Le fantastique a été étudié par de nombreux théoriciens, dont les principaux sont Pierre-Georges Castex Le Conte fantastique en France de Nodier à Maupassant, 1951, Louis Vax La séduction de

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