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Exposé communisme

Mémoire : Exposé communisme. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Octobre 2015  •  Mémoire  •  2 224 Mots (9 Pages)  •  1 055 Vues

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Economie de marché

Du marché à l’économie de marché

 L’anthropologie économique nous apprend que l’échange marchand n’a pas toujours et partout existé. Dans beaucoup de sociétés, tout au long de l’histoire humaine, les biens ont été produits et consommés pour l’essentiel dans le cadre de l’unité domestique (famille plus ou moins large, clan etc.). Quant aux échanges entre groupes différents, ils obéissaient le plus souvent à une logique qui relevait des relations de pouvoir (paiement de tributs, dons cérémoniels…), des relations de parenté (dot, prix de la fiancée…) ou des relations religieuses (offrandes…). Dans certains cas, la circulation des richesses était étroitement articulée à des conflits (rapt, pillage, conquête…). Le marché n’a donc rien de “ naturel ”, il est une construction sociale.

 Le désencastrement et la généralisation des relations marchandes

 Cette construction sociale est le produit d’une longue histoire. Fernand Braudel a montré que dès le Moyen Age, on peut distinguer trois étages de la vie économique :

·  un étage domestique où les relations n’ont pas un caractère marchand, mais concernent tous les aspects de la vie quotidienne. Cette sphère domestique est caractérisée par l’auto-consommation.

·  un étage marchand, qui correspond au marché au sens concret du terme marché, où acheteurs et vendeurs se retrouvent sur la place du village ou du bourg. Ces relations d’échanges marchands mettent en relation les colporteurs, les artisans et la masse des paysans qui vivent pour l’essentiel dans la sphère domestique.

·  un étage capitaliste, caractéristique du commerce lointain, des activités bancaires, qui ne concerne à cette époque qu’une frange limitée de la population.

L’essentiel de la vie économique (la sphère domestique) est donc encastré dans la vie quotidienne (par exemple, les fêtes religieuses rythment le travail collectif). Mais les sphères marchande et capitaliste ne sont pas, elles non plus, séparées des autres sphères de la vie sociale. La doctrine sociale de l’Eglise catholique interdit le prêt à intérêt, de nombreuses réglementations et une intense sociabilité encadrent la production au sein du système corporatif, l’Etat intervient fortement dans le commerce intérieur (“ police des grains ”) comme dans le commerce international (influence des théories mercantilistes). Si donc des relations de marché existent, on ne peut parler, ni au Moyen Age, ni à l’époque moderne, d’économie de marché au sens où les relations marchandes seraient la forme principale de régulation des activités économiques.

En effet, pour que l’économie de marché puisse s’épanouir, il faut que soient démantelées les anciennes contraintes, il faut qu’évoluent les normes et les valeurs, il faut que soit affirmée la prééminence de l’individu sur la communauté. Pour employer le langage de Max Weber, il faut que le désenchantement du monde et la rationalisation fassent leur œuvre. Or ces évolutions ont pris du temps, elles se sont manifestées par des évolutions historiques complexes : naissance et essor du protestantisme, Révolution anglaise, Indépendance américaine, Révolution française. Progressivement la logique marchande s’impose à partir de la fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècle. La Révolution Industrielle n’est pas seulement l’ère de la machine à vapeur et de l’essor de l’industrie textile, c’est aussi une période d’essor des échanges marchands. Selon K. Polanyi, ce processus de désencastrement, d’autonomisation de la sphère économique par rapport aux autres sphères de la vie sociale, suppose que le travail lui-même soit soumis à la logique marchande. C’est, selon l’auteur de La Grande Transformation, tout l’enjeu de l’abrogation de l’Acte de Speenhamland en 1834. A partir de ce moment, en Grande Bretagne, le travail est une marchandise comme une autre, le travailleur n’est plus protégé par les normes de la société traditionnelle. Comme l’écrivait K. Marx, toutes les relations sociales sont noyées “ dans l’eau glaciale du calcul égoïste ”. Dans un autre registre, M. Weber soulignera l’essor du calcul rationnel, la légitimation sociale de la recherche du gain, l’influence croissante d’une éthique de la “ besogne ”.

Dès lors se pose la question des rapports entre “ économie de marché ” et “ capitalisme ”. Pour certains, les deux termes sont synonymes et désignent des économies caractérisées par la propriété, la recherche du profit et la régulation par la flexibilité des prix (c’est la position de J. Baechler par exemple). Cette assimilation est cependant discutable, on a vu que F. Braudel distingue soigneusement les deux concepts. C’était aussi le cas de Marx pour qui le capitalisme est une forme particulière d’économie marchande (une économie caractérisée par ce que Marx nomme la petite production marchande n’est pas une économie capitaliste). Marx considère qu’il n’y a capitalisme que si la force de travail est une marchandise (exploitation) et si la loi de l’accumulation s’applique (“ Accumulez, accumulez, c’est la loi et les prophètes ”).

Il n’en demeure pas moins que c’est dans le cadre du capitalisme, c’est à dire d’une économie d’entrepreneurs, caractérisée par la recherche du profit et l’accumulation croissante du capital que l’économie de marché s’est développée aux XIXe et XXe siècles.

 

 Quelle régulation pour l’économie de marché généralisée ?

La montée du capitalisme des grandes unités, les conséquences économiques de la Guerre de 1914-1918 (Révolution d’Octobre, fin de l’étalon-or, hyperinflation allemande..) conduisent à une critique du fonctionnement des économies de marché.

La forme la plus achevée et la plus connue de cette critique se trouve chez J.M. Keynes.  Ce dernier va en effet contester la loi des débouchés, il va montrer l’instabilité de l’équilibre dans une économie de marché et il va insister sur le fait que l’on peut s’attendre à voir les économies capitalistes se trouver en situation de sous-emploi. Il n’est pas vrai, écrit Keynes en substance, que l’intérêt individuel éclairé conduise à la satisfaction de l’intérêt général. La théorie générale souligne que la monnaie n’est pas neutre, que les anticipations des agents et les comportements mimétiques jouent un rôle décisif, et que rien n’assure que le niveau de l’investissement correspondra à ce qui est nécessaire pour assurer le plein-emploi. Dès lors, sans remettre en cause l’importance de la régulation par le marché, Keynes va souligner qu’il appartient à l’Etat, par une politique économique active, de faire en sorte que l’économie se maintienne au voisinage du plein emploi. Même l’interprétation de Hicks (« vulgate keynésienne »), qui réintègre l’œuvre de Keynes dans une approche en terme de marché, fait la part belle à la régulation consciente par l’Etat.

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