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En quoi le procès de Flaubert a-t-il été salvateur?

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Par   •  23 Janvier 2017  •  Dissertation  •  2 508 Mots (11 Pages)  •  902 Vues

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En quoi le procès de Flaubert a-t-il été salvateur ?

Une œuvre jugée trop osée par une époque à cheval sur la bienséance, c’est ce qui ressort du procès de l’ouvrage Madame Bovary écrit  par Gustave Flaubert. Flaubert né en  1821 à Rouen appartenant à la classe bourgeoise due au statut de chirurgien de son père se lance très vite dans des études littéraires ou il se consacre au courant réaliste. Dans sa jeunesse il rencontre Louise Colet qui lui inspirera le roman Madame Bovary. Connu pour être un écrivain à brouillon il déclare ne vouloir écrire sur « rien » et met plus de 5 ans a écrire chacune de ses œuvres comme Salammbô et l’Education sentimentale en 1862 et 1869. Après une publication laborieuse dans « La Revue de Paris » et un bon accueil du public, la première édition originale parait en 2 volumes chez Lévy en 1857, puis en un seul volume en 1862. On note deux autres tirages chez le même éditeur en 66 puis en 68. L’auteur se brouille alors avec Lévy et se tourne vers Charpentier qui joint au texte les différentes pièces du procès. Flaubert présente cette édition comme définitive. Le succès immédiat du feuilleton et la publicité ainsi assurée au roman, notamment par les notes de Flaubert au sujet des coupes, alerte les autorités. Flaubert, qui redoute un succès à scandale, sollicite de nombreux appuis auprès de ses connaissances, mais il n’échappe pas au procès il rédigera par la suite un mémoire pour les juges ou il déclare : « loin d’avoir fait un roman obscène et irréligieux, j’ai au contraire composé quelque chose d’un effet moral ». Mais en quoi le procès de Flaubert a-t-il été  salvateur? Nous allons tenter de répondre à cette question étudiant les reproches des juges, la défense de Flaubert par maître Sénard plutôt inattendue et l’acquittement final ainsi que ses répercutions.

Tout d’abord, nous allons étudier les reproches de la cour en commençant par la critique complète de l’œuvre puis des scènes incriminées individuellement par l’accusation.

C’est ainsi que le réquisitoire commente d’abord le titre qui ne dit rien en lui même, même si le second permet de pressentir le problème « il a voulu faire des tableaux de genre, et vous allez voir quels tableaux! ». L’avocat général résume ensuite l’intrigue, le contenu du roman en insistant sur le portrait d’Emma. A la fin de ce résumé il suggère un autre titre « Histoire des adultères d’une femme de province ». Il critique également le portrait réaliste et indécent d’une femme lascive qui se complait dans l’adultère et qui ignore ses devoirs d’épouse et de mère. L’attitude d’Emma se voit ainsi condamnée au nom des valeurs morales bourgeoises. Il aborde la psychologie du personnage à partir des normes sociales et surtout morales qu’elle transgresse. Un tel personnage est susceptible d’inciter à la débauche. Sa beauté est une « beauté de provocation ». De plus, il dénigre le fait que le romancier fasse preuve de complicité et de complaisance avec Emma dont il ne condamne absolument pas les débordements. On lui reproche de ne pas offrir au public une critique explicite des agissements de son héroïne. Son ironie n’est pas perçue. Les débats portent donc sur les enjeux du roman et les intentions de son auteur. On y dénonce le réalisme du roman car celui-ci ne serait pas apte à apporter un enseignement au lecteur. Il peint un réel odieux sans le dénoncer. Ce procès pose donc la question des fonctions de la littérature. Le réquisitoire déclare une offense à la religion à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il évoque la beauté d’Emma au lendemain de sa chute. Le terme « chute », qui comporte une connotation religieuse évidente et qui renvoie à la faute d’Eve dans l’Eden, intervient à plusieurs reprises dans ce réquisitoire. On lui reproche aussi de mêler le sacré et le profane lorsqu’elle prie Dieu en recourant à des paroles adressées à l’amant dans les ébats adultères (blasphème et sacrilège). On peut ainsi considérer le prie-Dieu gothique comme un objet emblématique de cette confusion entre le sacré et le profane chez Emma. La conversation virulente entre Homais et Bournisien au moment de l’extrême-onction scandalise aussi. Par ailleurs, la mort d’Emma conduit au néant et non à un châtiment ou une rédemption. Pour Pinard, qui s’appuie sur l’expression « la survenue du néant », Flaubert fait preuve d’un scepticisme religieux intolérable.

Par ailleurs le réquisitoire incrimine certaines scènes avec plus de virulence. Comme par exemple la scène avec Rodolphe, la chute dans la forêt « Les amants arrivent jusqu’aux limites extrêmes de la volupté ». Flaubert use de sous-entendus contraires à la religion sans les répudier. La transition religieuse entre les 2 adultères est aussi dénoncée ainsi que la scène du fiacre ou l’on comprend bien que madame Bovary retombe dans la décadence entre les bras de Léon. Ou encore la scène récurrente dans laquelle Flaubert évoque les pensées inappropriées d’Emma au couvent lorsqu’elle allait à confesse. Ils répudient également la scène du lendemain des noces où Charles semble « la vierge de la veille » car dans cette ancienne société c’était la femme qui se devait d’être pure le jour du mariage et non le contraire. A l’instar d’un épisode du bal à la Vaubyessard  plus précisément le moment où Emma regarde le vieux duc de Laverdière « qui avait vécu à la cour et couché dans le lit des reines ». Ce bal est par ailleurs appréhendé comme « une initiation à toutes les ardeurs de la volupté »

Il ressort donc des propos du Réquisitoire que celui-ci éprouve finalement un grand trouble à la lecture de roman, puisqu’il en souligne les aspects scandaleux pour l’esthétique officielle, tout en reconnaissant les pouvoirs du texte, le plaisir qu’il génère et le danger qu’il représente, notamment pour les lectrices (surtout les lectrices des milieux populaires). les juges considéraient Emma comme une personne réelle et non un personnage fictif issu de l’imagination débordante mais réaliste de Gustave Flaubert, ce qui en un sens démontre le talent de cet auteur.

Pour continuer, on peut dire que la défense de Flaubert est pour le moins inattendue car les arguments de maître Sénard, son avocat, vont à l’encontre de ses propres principes. Il use de sa respectabilité bourgeoise et littéraire il demandera le soutient d’autres auteurs et terminera avec un plaidoyer pour la moralité.

En premier lieu, avant le procès, Flaubert venant dune famille aisée lorsqu’il apprend que son œuvre risque d’être censuré fait appel à son frère Achille Flaubert qui a suivi les traces de son père et est devenu lui aussi un grand chirurgien de Rouen et est donc une personne très respectable. Flaubert demande à Achille de faire jouer ses connexions pour empêcher le procès mais malheureusement sa stratégie échoue et il se retrouve donc sur le banc des accusés. Durant la plaidoirie l’avocat se sert de nouveau de la respectabilité de la famille de l’auteur  en déclarant que cette famille est trop respectable pour être accusée de quoi que ce soit. Or, c’est étonnant car Flaubert méprise la bourgeoisie et toute son œuvre est une critique de la bêtise bourgeoise, monde auquel pourtant il appartient. De plus, le second argument auquel fait appel monsieur Sénard est la respectabilité littéraire. En effet, lors de la plaidoirie il cite des passages de Madame Bovary pour montrer pourquoi les thèmes qui sont mis en cause par le procureur, qui sont accusés par Ernest Pinard d’être offensant sont en réalité des thèmes qui ont déjà été traités par d’autres auteurs tout à fait respectables et qui n’ont aucunement été attaqués en justice pour avoir évoqué ces thèmes là. Il se base sur des exemples concrets, tirés du texte. Le premier passage qu’il va citer en entier est celui de la scène du fiacre que nous avons évoqué plus haut Maître Sénard montre que ce passage avait déjà été traité dune certaine manière par d’autres auteurs comme par exemple Prosper Mérimée dans La Double Méprise. Il base également son argumentaire sur la scène d’agonie, scène qui a choqué tant de lecteurs ainsi que Ernest Pinard en la comparant à la scène similaire que Sainte-Beuve avait déjà traîté. L’avocat de Flaubert demande pourquoi alors ces deux auteurs n’ont pas été exposés a la censure alors que son client se trouve sur le banc des accusés pour des raisons qui ne dérangeaient apparemment pas chez d’autres auteurs. Pourtant Flaubert clame haut et fort qu’il n’écrit pas pour la bienséance et qu’il se contrefiche de la respectabilité littéraire, il écrit pour dire le vrai cet argument est donc contraire à l’idéal de l’auteur.

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